Passé la cinquantaine, retrouver un emploi s’apparente à un parcours du combattant sur le marché du travail français. En effet, le temps d’inscription moyen à France Travail pour les demandeurs d’emploi séniors est quasiment deux fois plus conséquent : 582 jours, contre 311 pour les 25-49 ans. Les raisons tiennent notamment à des stéréotypes liés à l’âge ou à un coût salarial perçu comme plus élevé par le recruteur. À ce constat national, s’ajoutent dans la microrégion porto-vecchiaise d’autres difficultés inhérentes à la réalité du territoire.
Durant trois mois, dix demandeurs d'emploi âgés de plus de 50 ans ont bénéficié d'un accompagnement sur-mesure par la BGE Corse et différents professionnels du retour à l'emploi.
Remettre les quinquas sur le chemin de l’emploi, c’est l’ambition de cet « Accompagnement 2.0 », déployé par France Travail sur l’ensemble du territoire hexagonal. À Porto-Vecchio, ce dispositif est porté en lien avec la BGE de Corse, réseau qui vient en appui des entrepreneurs, et l’IFRTS (Institut de formation et de recherche en travail social). Durant trois mois, dix candidats ayant été jugés éloignés des techniques du numérique ont pu ainsi bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Ce plan d’actions fait intervenir un psy pour les aider à booster leur confiance en eux. Les bénéficiaires peuvent également s‘appuyer sur les conseils d’un « parrain », soit une personne disposant déjà d’une certaine expérience dans le secteur professionnel visé.
À Porto-Vecchio, une session a été organisée cet automne, et ce, pour la troisième année consécutive. Durant les trois mois, les dix bénéficiaires sélectionnés ont pu se familiariser avec divers outils du numérique, qui leur ont permis d’aboutir à la création d’un blog, dans lequel ils ont présenté à tour de rôle leur projet professionnel. Une aubaine pour Claude, 61 ans. Au cours du petit-déjeuner de restitution organisé ce mardi 16 décembre dans les locaux porto-vecchiais de Sud Corse Cowork, le Quenzais a pu confier combien il se sentait éloigné de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un ordinateur : « Moi, je viens du monde de la nuit, mais aujourd’hui, je veux être chauffeur de bus. Pour la tranquillité… pas pour le salaire ! » Grâce aux conseillères formatrices de la BGE, Claude a ainsi pu affiner son projet de reconversion professionnelle.
"Ici, c'est bouché"
Lui est originaire de Corse, contrairement au reste de sa promotion : Bertrand, 61 ans, en a eu « marre de Paris » et a décidé de mettre le cap sur l’Extrême-Sud de la Corse, où il a de la famille. David, 55 ans, a fini par se lasser des contraintes d’un stewart chez Air France, soit une carrière ponctuée d’incessants déplacements auxquels il avait ajouté une difficulté, en ayant fait le choix il y a quelques années de s’installer à Porto-Vecchio. Ancienne viticultrice en Champagne, Françoise est mariée avec un Corse, originaire de Pianottoli. En 2008, elle a repris la gestion du camping de ses beaux-parents, jusqu’en 2022, année de la revente de l’établissement. Des choix de vie, de carrière ou de reconversion qui, passé un certain âge, les ont confrontés à la difficulté de se remettre sur le chemin de l’emploi : « J’ai suivi mon ami qui voulait s’installer en Corse, témoigne Valérie. Je suis assistante de direction, mais ici c’est bouché. J’ai postulé à des offres d’emploi pour des postes d’assistante commerciale, mais rien, statu quo. Du coup, je me pose beaucoup de questions : est-ce que je me rapproche d’une plus grande ville ? Est-ce que je dois retourner sur le Continent ? C’est compliqué. »
Car aux difficultés liées à l’âge, s’ajoute aussi, à Porto-Vecchio, la réalité d’un marché du travail phagocyté par la saisonnalité. Simon, 59 ans, qui a effectué toute sa carrière dans l’import-export et l’alimentaire, le déplore : « Porto-Vecchio, c’est Saint-Tropez. Et dans mon secteur, les rares boîtes qui étaient prêtes à m’employer se trouvent à Ajaccio ou à Bastia... » Les rémunérations proposées peuvent s’avérer décourageantes, selon Anouk Olejarz, responsable pédagogique et formatrice à la BGE. En effet, dans l’hôtellerie, on peut vous demander de parler plusieurs langues ou d’être disponible en soirée ou durant les week-ends, "mais cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation salariale."
"On n'a pas de réponse à la réalité économique d'un territoire"
Autre réalité spécifique au territoire : le coût de l’immobilier, qui s’applique aussi aux locaux commerciaux. Patricia, 53 ans, souhaiterait ouvrir une épicerie de produits du monde, « car ça manque ici ». Mais elle ne parvient pas à trouver de lieu d’implantation dans son budget : « Ça fait un an que je fais le tour... » Dès lors, la BGE lui a conseillé de réajuster son projet, via le développement d’une activité de traiteur, et au travers d’une visibilité sur les marchés. « En tant que structure d’accompagnement, on n’a pas de réponse à la réalité économique d’un territoire, reconnaît Anouk Olejarz. Donc, soit il faut changer de projet, soit on essaie de contourner les difficultés. Et dans le cas de Patricia, une présence sur les marchés peut être une solution. »
Au-delà du secteur tertiaire, les métiers du BTP restent vecteurs d’emplois dans l’Extrême-Sud : « Oui, le bâtiment embauche, mais bon, quand on approche la soixantaine, il y a des tâches physiques qu’on ne peut plus faire », fait remarquer Simon. Arrivé à un certain âge, un demandeur d’emploi est légitime à aspirer à des postes à responsabilité hiérarchique, mais les offres en ce sens se font rares dans la microrégion, étant donné que la majorité des entreprises implantées sont des TPE. Ce qui nuit à la diversité de l’emploi, confirme Anouk Olejarz : « Des métiers qui existent à Ajaccio ou à Bastia n’existent pas ici. Quelqu’un qui veut être graphiste devra, par exemple, créer son propre emploi, car personne ne va pouvoir l’embaucher à Porto-Vecchio. »
À Porto-Vecchio, une session a été organisée cet automne, et ce, pour la troisième année consécutive. Durant les trois mois, les dix bénéficiaires sélectionnés ont pu se familiariser avec divers outils du numérique, qui leur ont permis d’aboutir à la création d’un blog, dans lequel ils ont présenté à tour de rôle leur projet professionnel. Une aubaine pour Claude, 61 ans. Au cours du petit-déjeuner de restitution organisé ce mardi 16 décembre dans les locaux porto-vecchiais de Sud Corse Cowork, le Quenzais a pu confier combien il se sentait éloigné de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un ordinateur : « Moi, je viens du monde de la nuit, mais aujourd’hui, je veux être chauffeur de bus. Pour la tranquillité… pas pour le salaire ! » Grâce aux conseillères formatrices de la BGE, Claude a ainsi pu affiner son projet de reconversion professionnelle.
"Ici, c'est bouché"
Lui est originaire de Corse, contrairement au reste de sa promotion : Bertrand, 61 ans, en a eu « marre de Paris » et a décidé de mettre le cap sur l’Extrême-Sud de la Corse, où il a de la famille. David, 55 ans, a fini par se lasser des contraintes d’un stewart chez Air France, soit une carrière ponctuée d’incessants déplacements auxquels il avait ajouté une difficulté, en ayant fait le choix il y a quelques années de s’installer à Porto-Vecchio. Ancienne viticultrice en Champagne, Françoise est mariée avec un Corse, originaire de Pianottoli. En 2008, elle a repris la gestion du camping de ses beaux-parents, jusqu’en 2022, année de la revente de l’établissement. Des choix de vie, de carrière ou de reconversion qui, passé un certain âge, les ont confrontés à la difficulté de se remettre sur le chemin de l’emploi : « J’ai suivi mon ami qui voulait s’installer en Corse, témoigne Valérie. Je suis assistante de direction, mais ici c’est bouché. J’ai postulé à des offres d’emploi pour des postes d’assistante commerciale, mais rien, statu quo. Du coup, je me pose beaucoup de questions : est-ce que je me rapproche d’une plus grande ville ? Est-ce que je dois retourner sur le Continent ? C’est compliqué. »
Car aux difficultés liées à l’âge, s’ajoute aussi, à Porto-Vecchio, la réalité d’un marché du travail phagocyté par la saisonnalité. Simon, 59 ans, qui a effectué toute sa carrière dans l’import-export et l’alimentaire, le déplore : « Porto-Vecchio, c’est Saint-Tropez. Et dans mon secteur, les rares boîtes qui étaient prêtes à m’employer se trouvent à Ajaccio ou à Bastia... » Les rémunérations proposées peuvent s’avérer décourageantes, selon Anouk Olejarz, responsable pédagogique et formatrice à la BGE. En effet, dans l’hôtellerie, on peut vous demander de parler plusieurs langues ou d’être disponible en soirée ou durant les week-ends, "mais cela ne se traduit pas nécessairement par une augmentation salariale."
"On n'a pas de réponse à la réalité économique d'un territoire"
Autre réalité spécifique au territoire : le coût de l’immobilier, qui s’applique aussi aux locaux commerciaux. Patricia, 53 ans, souhaiterait ouvrir une épicerie de produits du monde, « car ça manque ici ». Mais elle ne parvient pas à trouver de lieu d’implantation dans son budget : « Ça fait un an que je fais le tour... » Dès lors, la BGE lui a conseillé de réajuster son projet, via le développement d’une activité de traiteur, et au travers d’une visibilité sur les marchés. « En tant que structure d’accompagnement, on n’a pas de réponse à la réalité économique d’un territoire, reconnaît Anouk Olejarz. Donc, soit il faut changer de projet, soit on essaie de contourner les difficultés. Et dans le cas de Patricia, une présence sur les marchés peut être une solution. »
Au-delà du secteur tertiaire, les métiers du BTP restent vecteurs d’emplois dans l’Extrême-Sud : « Oui, le bâtiment embauche, mais bon, quand on approche la soixantaine, il y a des tâches physiques qu’on ne peut plus faire », fait remarquer Simon. Arrivé à un certain âge, un demandeur d’emploi est légitime à aspirer à des postes à responsabilité hiérarchique, mais les offres en ce sens se font rares dans la microrégion, étant donné que la majorité des entreprises implantées sont des TPE. Ce qui nuit à la diversité de l’emploi, confirme Anouk Olejarz : « Des métiers qui existent à Ajaccio ou à Bastia n’existent pas ici. Quelqu’un qui veut être graphiste devra, par exemple, créer son propre emploi, car personne ne va pouvoir l’embaucher à Porto-Vecchio. »
