INRAE de San Ghjulianu - Préserver les variétés d’agrumes pour les générations futures

Written on 12/03/2025
Jeanne Leboulleux-Leonardi

Vendredi 5 décembre, à l’INRAE de San Ghjulianu, sera inauguré une serre très spéciale dont l’objectif est de sécuriser la grande collection d’agrumes que l’organisme a réunie progressivement, depuis soixante ans, sur son site de la plaine orientale. Un projet essentiel dans le cadre des menaces qui pèsent aujourd’hui sur ce patrimoine unique au monde.

Les agrumes (Photos INRAE)

Des menaces de plus en plus pressantes sur les agrumes
Le centre de ressources biologiques Citrus est l’une des cinq plus grandes collections d’agrumes au monde. Aujourd’hui, le site compte près de 4500 arbres, représentant 1064 variétés venues du monde entier. « Sa sécurisation est essentielle pour pérenniser la filière agrumes et les recherches menées par l’unité de recherche AGAP (Amélioration génétique et adaptation des plantes méditerranéennes et tropicales) en Corse ainsi que par de nombreuses équipes internationales », expliquent les responsables du centre.
Or depuis plusieurs années, du fait tant des dérèglements climatiques que du développement des échanges au niveau international, les menaces se font de plus en plus pressantes. En 2015, la Xylella fastidiosa, une bactérie qui s’attaque notamment aux agrumes, a été introduite en Corse : une première alerte. Car d’autres virus, comme celui de la tristeza, sont également transmis par des insectes, propageant des maladies difficiles à combattre. Avec peut-être la plus terrible, la maladie du dragon jaune, qui « représente aujourd’hui l’une des menaces les plus importantes pour les cultures d’agrumes dans le monde », compte tenu de ses conséquences : incurable, elle tue les arbres, et il n’existe aujourd’hui aucune mesure permettant de l’éradiquer si elle s’implante.
 
Une “arche” pour mettre à l’abri les agrumes
Face à ce constat, l’INRAE a mis en œuvre le projet “Arche”, lancé à l’automne 2024, afin de contribuer à la préservation de la diversité. Mais, on l’aura compris, les enjeux sont aussi économiques : c’est « un outil partagé, pensé pour répondre aux besoins de la filière agrumicole corse, accompagner les agriculteurs et préparer l’avenir de l’agrumiculture méditerranéenne ». Il présente un double volet. Associée à une cryobanque, créée il y a cinq ans, qui permet de conserver les ressources génétiques (des graines), une serre insect-proof a pour objectif de mettre à l’abri l’essentiel de la collection d’agrumes. Un bel outil de 1,5 million d’euros, financé par l’État et par l’INRAE national.
Dans cet espace de 1100 m2 conçu par l’architecte Francescu Poli Mordiconi, prendront place 700 variétés différentes d’agrumes. Un jeu de sas, avec des protections spécifiques, devrait interdire, aux insectes et aux bactéries dévastatrices, l’entrée de ce sanctuaire de la biodiversité.
La serre sera inaugurée vendredi en présence de nombreux acteurs de la filière, du préfet de Haute-Corse, du sous-préfet de Corti, du PDG de l’INRAE, Philippe Mauguin, du PDG du Cirad Élisabeth Claverie de Saint-Martin et d’André Torre, Président du Centre INRAE de Corse.

La journée portes ouvertes de samedi

Le lendemain, la traditionnelle journée portes ouvertes de l’INRAE permettra au grand public de découvrir la collection et les travaux des chercheurs. Mais il ne lui sera pas permis d’entrer dans la serre, pour des raisons sanitaires bien évidentes, et même si cette dernière sera soigneusement désinfectée après l’inauguration : il ne faut prendre aucun risque de contamination !
Les curieux, adultes et enfants, pourront néanmoins visiter les plantations. Ceux que la marche rebute, pourront découvrir, dans la salle de conférences, une centaine de variétés d’agrumes qui y seront exposées, sous des posters explicatifs. Un jeu de médiation scientifique « Orange », sera proposé aux plus jeunes comme à leurs aînés. Accompagnés d’une animatrice, il leur faudra résoudre des énigmes qui leur feront découvrir le travail des chercheurs. Les énigmes porteront sur des thématiques variées : la pollinisation et l’origine hybride des variétés cultivées ; le principe de conservation des variétés par cryoconservation ; la sélection de variétés résistante avec la génétique et l’analyse séquence ADN, en lien avec la résistance à la maladie du dragon jaune ; enfin l’entomologie avec la détection du psylle, un insecte vecteur de la maladie du dragon jaune (ou HLB).
 
L’INRAE accueillera le public de 9 heures à 14 heures 30 (heure du départ de la dernière visite).

INRAE de San Ghjulianu - Préserver les variétés d’agrumes pour les générations futures

La serre