Après près de soixante ans d’abandon, le chantier de déconstruction de l’usine d’amiante de Canari a débuté ce mardi. Piloté par l’ADEME, il vise à sécuriser le site, protéger l’environnement et garantir la sécurité des habitants jusqu’à la fin des travaux prévue au mois de mai 2026.
Près de soixante ans après son abandon, l’ancienne usine d’amiante de Canari a officiellement commencé à être déconstruite ce mardi, ouvrant une nouvelle étape dans la sécurisation de ce site emblématique du Cap Corse. Perchée au-dessus de la RT 80, la structure menaçait depuis des années de s’effondrer, « avec des envols réguliers de pans de toiture », signalés au fil du temps. « Laissé à l'abandon par son ancien propriétaire, ce site menace aujourd'hui la bonne circulation sur la route territoriale et contient toujours de l'amiante », expliquait Arnaud Millemann, secrétaire général de la préfecture de Haute-Corse il y a quelques semaines. Face aux risques, l’État a missionné l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) pour piloter la mise en sécurité du site. Un chantier pour lequel l’État investit 6,9 millions d’euros sur un budget total de 32 millions d’euros.
Un chantier inédit et hautement sécurisé
Avant de pouvoir intervenir sur la structure, plusieurs mois de préparation ont été nécessaires pour sécuriser un site à la topographie particulièrement complexe. « Une grosse partie du temps a été consacrée à l’installation du chantier : la protection des opérateurs mais aussi les installations vis-à-vis de la protection de la RT 80, qui est la zone sensible, en particulier par rapport aux chutes de gravats et aux émissions de poussière d'amiante », détaille Pierre Vignaud, chef de projet de l’ADEME. Avant même de toucher au bâtiment principal, deux structures ont été déconstruites en premier, afin de servir de chantier pilote. « Lorsqu'on a déconstruit ces bâtiments, il y avait un dispositif de capteurs de mesures de poussière pour vérifier que les moyens étaient suffisants et c'était le cas puisque les mesures ont toutes été proches ou égales à zéro. Le dispositif tenait la route, donc on a pu le reconduire à l'identique et le renforcer pour le bâtiment-usine. »
Forts de ces résultats, les équipes ont pu engager la démolition de l’usine elle-même, un vaste bâtiment de six niveaux. « Aujourd'hui, on est en train de démolir le niveau 3-4 et les moyens ont été mis en place pour s'assurer que la protection de l'environnement soit bien au rendez-vous, notamment avec la maîtrise d'empoussièrement », précise-t-il. La gestion de l’eau constitue également l’un des points clés de cette phase. « On est quand même dans le périmètre du parc marin, et l'un des objectifs qu'a fixé l'ADEME au groupe de travaux, c'est de n'avoir aucun rejet d'eau à la mer. Toutes les eaux du chantier sont récupérées, traitées et réutilisées. »
Préparer l’avenir du site
Si la démolition du bâtiment principal attire le regard, une autre partie du travail va bientôt débuter pour les ouvriers. « Les matériaux doivent ensuite être rangés correctement puisqu’ils seront recouverts avec des matériaux faiblement émissifs. Une fois qu'on a fait cette partie spectaculaire, il y a tout un travail de rangement qui est beaucoup moins intéressant d'un point de vue visuel, mais tout aussi essentiel pour qu’on puisse assurer un recouvrement efficace de l'ensemble des gravats », précise Pierre Vignaud. L’objectif est aussi de garantir la sécurité des habitants. « Avant les travaux, on a fait un an de suivi de mesures d'empoussièrement dans les villages et on n'a trouvé aucune amiante. Le but, évidemment, c'est de faire une mesure après le chantier pendant un an pour s’assurer qu'il n'y ait à nouveau aucune amiante détectée. »
À la fin des travaux, le site restera toujours interdit d’accès, et l’ADEME « continuera à assurer la maintenance du site ». « Au-delà de cette déconstruction, il y a encore des travaux de sécurisation qui doivent être faits courant 2026-2027, mais d'une bien moindre ampleur, et des travaux d'entretien et de maintenance qui seront permanents. » En attendant, une dizaine de personnes travaillent actuellement sur le chantier, qui devrait passer « en phase de nuit » d’ici le début d’année 2026. « Pour abattre la façade de l'usine, on va être obligés de bloquer la RT 80, mais uniquement la nuit. La fin du chantier est quant à elle prévue au plus tard le 31 mai 2026. »
