Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la Communauté d’Agglomération de Bastia s’inscrit, chaque année, dans une démarche de sensibilisation à travers différents vecteurs de communication. Pour cette édition 2025, ce lundi 24 novembre, elle a mis à l’honneur le cinéma documentaire comme outil d’expression et de sensibilisation avec la projection d’un documentaire produit par la journaliste Mélissa Theuriau.
« Depuis 5 ans la CAB travaille sur des actions, des dispositifs pour sensibiliser sur les violences faites aux femmes » explique Mathilde Setti, Directrice de la Prévention de la délinquance, de l’inclusion à l’institution. « Nous avons trois temps forts : la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes en novembre, la journée des droits des femmes en mars et notre festival Ciné donne en mai. Cette année, pour cette manifestation de novembre, nous avons invité Mélissa Theuriau pour le documentaire qu’elle a produit et pour essayer de comprendre ces hommes qui commettent ces violences. »
Au programme de ce lundi 24 novembre à l’Alb’Oru, deux séances de ce documentaire signé Florie Martin et produit par Mélissa Theuriau. Séance pour les scolaires en matinée, 300 élèves de Terminale de Giocante et du lycée professionnel Fred Scamaroni, pour le public en soirée avec à chaque fois un débat avec de nombreux intervenants : La journaliste Mélissa Theuriau, Laureline Roux, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes/hommes, à la préfecture de Haute-Corse, Caroline Rose Torres, docteure en anthropologie à Bastia, Cédric Esteffe, directeur du centre pénitentiaire de Borgo, Philippe Julian, directeur du CP de Casabianda et Isabelle Steyer, avocate pénaliste à Paris, Jean-Philippe Navarre, procureur de Bastia, Donatien Traversini, directeur régional du SPIP (Service de Probation et d’Insertion Pénitentiaire) et Pierre-Yves Argat0, directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse.
« Combattre leur violence » : un documentaire parfois très dur.
Ce documentaire de 55 minutes suit durant plusieurs mois un groupe de parole auquel participent dix hommes condamnés pour violences conjugales, encadré par une psychologue, trois conseillères en insertion et un metteur en scène de théâtre. Le but : prévenir et éviter toute récidive. Pour suivre au plus près ce groupe, Florie Martin, la réalisatrice, avait posé ses caméras pendant trois mois dans le service d'insertion et de probation du centre pénitentiaire de Cergy (Val-d'Oise), en banlieue parisienne. Faire face à sa propre violence, s'y confronter, la comprendre et la dompter afin d'éviter qu'elle ne se reproduise. C'est à ce travail que se sont attelés plusieurs hommes condamnés par la justice pour violences conjugales. Le film met aussi en lumière la violence que certains de ces hommes ont subi durant leur enfance et qu'ils reproduisent une fois adultes. Une façon, souvent, de se déresponsabiliser, selon des professionnels.
Point de départ : l’affaire Julie Douib
« Le déclic a été le féminicide de Julie Douib en mars 2019 à L’Ile Rousse» explique Melissa Theuriau. « Et c'est symbolique, 5 ans après, de revenir ici en Corse. Ce qui nous a donné envie à Florie Martin, la réalisatrice, et moi, c’est qu'il fallait absolument tout observer dans les champs d'intervention de lutte contre les féminicides et s'intéresser justement aux problèmes des auteurs. Dans ce dossier des violences faites aux femmes, il faut absolument travailler sur les deux champs, victimes et auteurs, pour réussir à lutter contre les féminicides et contre les violences contre les femmes d'une façon générale. Ne s'intéresser qu'à la protection des victimes et ne pas se soucier de ce que deviennent les auteurs, c'est continuer à regarder les chiffres grossir quant aux féminicides, violences sur les familles, les enfants et les femmes. Les étapes du stage qu'on montre dans le documentaire sont essentielles pour, petit à petit, arriver à faire parler les auteurs de leur trajectoire, de leur histoire et lever ce déni petit à petit. Il est primordial qu'on regarde, nous, collectivement, la société, qui sont ces hommes qui peuvent nous ressembler, car toutes les couches de la société sont représentées : riches, pauvres, éduqués, non éduqués, précaires, milieux privilégiés, tous ».
Et les chiffres sont effarants : « En 2025, 145 cas en Haute-Corse contre 118 en 2023, et l’année n’est pas terminée. 54 auteurs sont suivis par le système de prise en charge » déclare Laureline Roux, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes/hommes, à la préfecture de Haute-Corse. « Notre mission est de décliner la politique publique entre hommes et femmes, la prévention et la lutte contre les violences, l’accompagnement des victimes et travailler aussi sur les auteurs pour éviter les récidives ».
Des chiffres hélas confirmés par Caroline Rose Torres, docteure en anthropologie à Bastia. « On recense déjà 145 féminicides sur le département, 539 personnes ont déposé plainte pour violences, 77% sont des femmes, en sachant très bien que beaucoup de femmes ne parlent pas. Les statistiques font état d’une femme sur 5 qui dépose plainte. Les violences intrafamiliales ont augmenté de 15%, le nombre de victimes de violences sexuelles de 11%, là aussi en ne se basant que sur les faits signalés. Pour rester dans les chiffres, 80 % des hommes nient les faits, 40% récidivent ».
Les auteurs en prison, la justice ne referme pas le dossier pour autant. « Notre travail est la mise en sécurité des victimes pour que le détenu ne puisse pas maintenir de relation toxique avec sa victime, lui mettre la pression. On doit casser le lien et préparer l’auteur à sortie », explique Cédric Esteffe, directeur du centre pénitentiaire de Borgo. « Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est réussir à se dire que l'arsenal juridique peut changer, que la protection réelle des femmes va être un objet de politique prioritaire. Le fait que les mains courantes n'existent plus, remplacées par un dépôt d'une plainte prise en compte par un policier ou un gendarme, c'est aussi une avancée dont on ne peut que se réjouir », ajoute Mélissa Theuriau.
Un documentaire vivement applaudi par les lycéens qui ont ensuite pu poser des questions aux intervenants : « Combien de plaintes sont-elles réellement prises en, compte ? Combien ont-elles donné lieu à des poursuites ? Quelles peines ont été infligées aux auteurs ? Toutes les violences sont-elles condamnées, même celles psychologiques ? "
« C’est la première fois que j’ai une assistance de lycéens et c’est très intéressant. Bien sûr, par timidité, certains n’ont pas posé de questions en public, mais beaucoup sont venus me voir à la fin de la séance », expliquait encore Mélissa Theuriau.
Au programme de ce lundi 24 novembre à l’Alb’Oru, deux séances de ce documentaire signé Florie Martin et produit par Mélissa Theuriau. Séance pour les scolaires en matinée, 300 élèves de Terminale de Giocante et du lycée professionnel Fred Scamaroni, pour le public en soirée avec à chaque fois un débat avec de nombreux intervenants : La journaliste Mélissa Theuriau, Laureline Roux, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes/hommes, à la préfecture de Haute-Corse, Caroline Rose Torres, docteure en anthropologie à Bastia, Cédric Esteffe, directeur du centre pénitentiaire de Borgo, Philippe Julian, directeur du CP de Casabianda et Isabelle Steyer, avocate pénaliste à Paris, Jean-Philippe Navarre, procureur de Bastia, Donatien Traversini, directeur régional du SPIP (Service de Probation et d’Insertion Pénitentiaire) et Pierre-Yves Argat0, directeur de cabinet du préfet de Haute-Corse.
« Combattre leur violence » : un documentaire parfois très dur.
Ce documentaire de 55 minutes suit durant plusieurs mois un groupe de parole auquel participent dix hommes condamnés pour violences conjugales, encadré par une psychologue, trois conseillères en insertion et un metteur en scène de théâtre. Le but : prévenir et éviter toute récidive. Pour suivre au plus près ce groupe, Florie Martin, la réalisatrice, avait posé ses caméras pendant trois mois dans le service d'insertion et de probation du centre pénitentiaire de Cergy (Val-d'Oise), en banlieue parisienne. Faire face à sa propre violence, s'y confronter, la comprendre et la dompter afin d'éviter qu'elle ne se reproduise. C'est à ce travail que se sont attelés plusieurs hommes condamnés par la justice pour violences conjugales. Le film met aussi en lumière la violence que certains de ces hommes ont subi durant leur enfance et qu'ils reproduisent une fois adultes. Une façon, souvent, de se déresponsabiliser, selon des professionnels.
Point de départ : l’affaire Julie Douib
« Le déclic a été le féminicide de Julie Douib en mars 2019 à L’Ile Rousse» explique Melissa Theuriau. « Et c'est symbolique, 5 ans après, de revenir ici en Corse. Ce qui nous a donné envie à Florie Martin, la réalisatrice, et moi, c’est qu'il fallait absolument tout observer dans les champs d'intervention de lutte contre les féminicides et s'intéresser justement aux problèmes des auteurs. Dans ce dossier des violences faites aux femmes, il faut absolument travailler sur les deux champs, victimes et auteurs, pour réussir à lutter contre les féminicides et contre les violences contre les femmes d'une façon générale. Ne s'intéresser qu'à la protection des victimes et ne pas se soucier de ce que deviennent les auteurs, c'est continuer à regarder les chiffres grossir quant aux féminicides, violences sur les familles, les enfants et les femmes. Les étapes du stage qu'on montre dans le documentaire sont essentielles pour, petit à petit, arriver à faire parler les auteurs de leur trajectoire, de leur histoire et lever ce déni petit à petit. Il est primordial qu'on regarde, nous, collectivement, la société, qui sont ces hommes qui peuvent nous ressembler, car toutes les couches de la société sont représentées : riches, pauvres, éduqués, non éduqués, précaires, milieux privilégiés, tous ».
Et les chiffres sont effarants : « En 2025, 145 cas en Haute-Corse contre 118 en 2023, et l’année n’est pas terminée. 54 auteurs sont suivis par le système de prise en charge » déclare Laureline Roux, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes/hommes, à la préfecture de Haute-Corse. « Notre mission est de décliner la politique publique entre hommes et femmes, la prévention et la lutte contre les violences, l’accompagnement des victimes et travailler aussi sur les auteurs pour éviter les récidives ».
Des chiffres hélas confirmés par Caroline Rose Torres, docteure en anthropologie à Bastia. « On recense déjà 145 féminicides sur le département, 539 personnes ont déposé plainte pour violences, 77% sont des femmes, en sachant très bien que beaucoup de femmes ne parlent pas. Les statistiques font état d’une femme sur 5 qui dépose plainte. Les violences intrafamiliales ont augmenté de 15%, le nombre de victimes de violences sexuelles de 11%, là aussi en ne se basant que sur les faits signalés. Pour rester dans les chiffres, 80 % des hommes nient les faits, 40% récidivent ».
Les auteurs en prison, la justice ne referme pas le dossier pour autant. « Notre travail est la mise en sécurité des victimes pour que le détenu ne puisse pas maintenir de relation toxique avec sa victime, lui mettre la pression. On doit casser le lien et préparer l’auteur à sortie », explique Cédric Esteffe, directeur du centre pénitentiaire de Borgo. « Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est réussir à se dire que l'arsenal juridique peut changer, que la protection réelle des femmes va être un objet de politique prioritaire. Le fait que les mains courantes n'existent plus, remplacées par un dépôt d'une plainte prise en compte par un policier ou un gendarme, c'est aussi une avancée dont on ne peut que se réjouir », ajoute Mélissa Theuriau.
Un documentaire vivement applaudi par les lycéens qui ont ensuite pu poser des questions aux intervenants : « Combien de plaintes sont-elles réellement prises en, compte ? Combien ont-elles donné lieu à des poursuites ? Quelles peines ont été infligées aux auteurs ? Toutes les violences sont-elles condamnées, même celles psychologiques ? "
« C’est la première fois que j’ai une assistance de lycéens et c’est très intéressant. Bien sûr, par timidité, certains n’ont pas posé de questions en public, mais beaucoup sont venus me voir à la fin de la séance », expliquait encore Mélissa Theuriau.
