À Bastia et Ajaccio de nouvelles mobilisations des marins contre la ligne Toulon-Ajaccio-Propriano

Written on 11/21/2025
Léana Serve

Une cinquantaine de marins se sont rassemblés vendredi matin devant la préfecture de Bastia pour protester une nouvelle fois contre l’ouverture de la triangulaire mise en place par la Corsica Ferries. Dans le même temps, une action similaire avait lieu à Ajaccio. Ils dénoncent une liaison jugée inutile en hiver et demandent désormais des engagements concrets de l’État.

Les marins continuent de se mobiliser contre la nouvelle triangulaire Toulon-Ajaccio-Propriano mise en place par la Corsica Ferries. Après deux premières mobilisations organisées à Ajaccio, un rassemblement était également organisé à Bastia ce vendredi matin, où une cinquantaine de marins se sont rassemblés  devant la préfecture de Bastia pour continuer à dénoncer une liaison « dont la pertinence est à remettre en doute ». Selon le syndicat autonome des marins de la marine marchande (SAMMM), l’ouverture de cette ligne hivernale, « très peu fréquentée et déjà desservie grâce à la DSP [délégation de service public, ndlr] par la Corsica Linea », risque surtout de fragiliser le modèle social du transport maritime en Corse. « On sait très bien qu’ils ont le droit d’ouvrir cette ligne, mais pourquoi l’ouvrir, si ce n’est pour mettre à mal un modèle social et économique qu'est la DSP », lance Antoine Sisco, délégué du SAMMM pour la Corsica Linea. « On est clairement sûr du fait que c'est fait exprès pour attirer encore une fois l'œil de l'Europe sur les transports maritimes. »

Les marins indiquent qu’ils ont déjà été reçus à deux reprises ces dernières semaines, sans avancée concrète à ce stade. Une première réunion s’est tenue en préfecture d’Ajaccio, où « un certain nombre d’engagements verbaux » ont été pris par les services de l’État. « Ces engagements n’ont pas été respectés », déplore Antoine Sisco. Face à ce qu’ils considèrent comme une absence de réponses, les marins s’étaient à nouveau mobilisés la semaine dernière. « On a été reçus par le président de l'OTC [Office des transports de la Corse, ndlr] et un certain nombre de représentants de l'Assemblée, qui ont pris une position claire. Pour reprendre les paroles de Jean-Félix Acquaviva, il a dit que s’il avait le pouvoir d'appuyer sur un bouton afin d'arrêter cette ligne pour apaiser les choses, il le ferait. Pour nous, c'est déjà un message assez fort et clair. »


Pour autant, ces prises de position politiques ne suffisent pas à rassurer les marins, qui attendent désormais des engagements fermes de la part de l’État. « On vient demander à l'État de prendre ses responsabilités, parce qu'on ne peut pas parler à Paris de processus d'autonomie sans laisser une maîtrise totale des transports à l'Assemblée de Corse. On demande concrètement à ce que l'État prenne sa part de responsabilité dans le fait que l'Assemblée de Corse puisse maîtriser totalement ses transports et rédiger une charte de la DSP qui protège les emplois corses et les emplois du pavillon français premier registre par rapport à ces compagnies qui font du dunking social, qui embauchent zéro français ou vraiment très peu  », indique Antoine Sisco.
 

Son syndicat précise ainsi qu’il aimerait « retourner aux obligations de service public de 2018 qui avaient été proposées par l'Assemblée de Corse et par l'OTC, qui étaient plus restrictives au niveau du dumping social, mais qui ont été refusées par l'Europe ». Selon lui, « l'Europe a demandé d'assouplir les règles pour que des compagnies comme la Corsica Ferries, GNV ou d'autres compagnies low cost viennent ouvrir des lignes potentielles qui pourraient mettre nos emplois en danger et, au-delà, l'avenir des transports de la Corse et de l'économie corse. »

Aujourd’hui, les marins disent attendre des actes. Ils affirment avoir reçu « des appels qui nous laissent penser qu'on va avoir la possibilité d'être reçus ». « On attend des retours concrets, pour pouvoir se faire entendre et surtout de pouvoir dire à tous ces marins présents aujourd'hui en Corse que les choses avancent, qu'on n'aura peut-être plus besoin de se mobiliser tous les vendredis pour ce sujet-là », souligne Antoine Sisco. « Par contre, on ne s'interdit rien. Si on sent que nos emplois sont en danger, si on sent qu'on n'est pas écoutés, on est prêts à se mobiliser. D'ailleurs, on a des personnes qui attendent les retours de cette potentielle réunion avec un représentant de l'État pour se mobiliser. On a des gens mobilisés à Ajaccio, à Bastia, et on a des gens qui attendent pour pouvoir se mobiliser, y compris à Propriano », avertit-il.

Pour la première fois ce vendredi, le bateau de la Corsica Ferries a en effet pu rejoindre le port du Valinco après avoir été stoppé à Ajaccio depuis le lancement de la triangulaire.