Le 25 septembre, un nid de frelon oriental a été neutralisé dans le centre-ville d’Ajaccio. Cette espèce originaire d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, encore méconnue sur le territoire, fait désormais l’objet d’un suivi étroit. L’OEC appelle les habitants à signaler toute observation suspecte.
Aussi appelé Vespa orientalis, le frelon oriental est originaire du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Il a déjà été repéré dans le Sud-Est de l’Europe, notamment à Marseille et en Sardaigne, et sa présence en Corse était redoutée depuis quelque temps. « Il remonte progressivement et il s'étend naturellement, probablement avec le changement climatique et les températures qui se réchauffent et qui deviennent un peu plus favorables pour lui. » D’un point de vue morphologique, il est très proche du frelon européen : « une couleur rouge avec des segments jaunes sur l'abdomen, et à peu près la même taille ». En revanche, le frelon oriental se différencie du frelon commun par « une extrémité rousse de son abdomen, alors que sur les frelons communs, c'est vraiment un abdomen majoritairement jaune ».
Un suivi renforcé face à une espèce encore méconnue
S’il est difficile de dire avec certitude comment cette espèce est arrivée en Corse, une introduction depuis la Sardaigne, où elle a été observée ces dernières années, semble probable. « On a récupéré des individus, d’abord pour notre collection, pour pouvoir les montrer lors d’activités de sensibilisation, notamment pour connaître les différences avec les autres espèces, et on a envoyé quelques spécimens au musée d'histoire naturelle », souligne Margot Culioli. « Des études sont en cours pour essayer de comprendre d’où proviennent les individus. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on souhaite être avertis dès qu’un frelon est repéré, pour faire des prélèvements et envoyer à la génétique pour essayer de comprendre un peu mieux la dynamique sur cette espèce. »
À ce stade, le frelon oriental ne semble pas représenter un danger supérieur à celui du frelon commun. Contrairement au frelon asiatique, qui reste « en vol stationnaire » devant les ruches et « stresse fortement les abeilles », le frelon oriental adopte un comportement plus direct, similaire à celui du frelon européen. « Il va plutôt se jeter directement sur les ruches. » De plus, ses colonies seraient de plus petite taille, environ une centaine d’individus, ce qui limite sa capacité de nuisance. « Si on prend l’exemple du frelon asiatique, un individu n'est pas plus dangereux pris séparément, mais par contre, quand ils sont des milliers en même temps, il y a un facteur de risque plus important, notamment pour les piqûres. Ici, ce n’est pas le cas. »
Pour autant, la prudence reste de mise, car l’automne est une période particulièrement sensible : « On va bientôt rentrer dans la période des nouvelles fondatrices, donc c'est vraiment maintenant que les gens doivent ouvrir l'œil et nous faire remonter des informations parce que plus on va vers la fin de l'année, plus les nids vont avoir tendance à faire des fondatrices. En plus, on sait que la biologie incite à penser que la saison des fondatrices est plus précoce chez les frelons orientaux, on est déjà quasiment dedans », précise Margot Culioli.
L'OEC poursuit les campagnes de sensibilisation lancées en septembre pour le frelon asiatique, en y intégrant désormais cette nouvelle espèce. « On continue d'appeler les gens à observer ce qui les entoure, vérifier qu'ils ne voient pas des espèces exotiques et on continue à faire des déplacements sur le terrain et on confirme les identifications quand ils nous envoient des photos, des vidéos sur nos plateformes et par mail. Il faut absolument qu'on ait une preuve suffisante pour qu'on puisse voir les couleurs, les formes. » Une mobilisation qui repose en grande partie sur la participation des habitants, qui jouent un rôle clé dans la détection précoce des espèces exotiques. « Le risque quand une espèce arrive sur un territoire nouveau, c'est qu'on ne sait pas comment elle peut se comporter. C’est comme pour le frelon asiatique : on essaye d'avoir une logique d'éradication, et de faire en sorte que l'espèce ne s'installe pas, ou au moins qu’on la ralentisse. »
Pour effectuer un signalement auprès de l’OEC, il est possible de se rendre directement sur l’interface dédiée, ou bien de télécharger sur son smartphone l’application InvasivTracker, ou d’envoyer un mail à frelon@oec.fr.