En mémoire de Kimberly, assassinée par son ex-compagnon le 14 octobre 2022, sa famille et l’association Donne di Corsica appellent à une grande marche blanche, samedi prochain à Ajaccio, au départ de la gare. Un rassemblement pour lui rendre hommage, mais aussi pour rappeler la mémoire de toutes les victimes de féminicides et réclamer une justice plus protectrice.
Trois ans ont passé, mais la douleur reste entière et indicible. Trois ans que la vie de la famille Extremera a basculé à jamais. Trois ans que leur deuil est impossible. Le 14 octobre 2022, leur fille et sœur, Kimberly, a été tuée sous les coups de couteau de son ex-compagnon, dans le quartier des Salines à Ajaccio. Elle avait 23 ans. Une jeune femme douce et lumineuse, que tous décrivaient comme « le soleil de la maison ». Samedi prochain, aux côtés de l'association Donne di Corsica, la famille de la jeune femme organise une marche blanche dans les rues d’Ajaccio, en sa mémoire et en celle de toutes les victimes de féminicides. Le départ sera donné à 14 heures, depuis la gare ferroviaire d’Ajaccio.
Pour la première fois depuis le drame, les proches de Kimberly ont choisi de se rassembler publiquement. Un geste difficile, presque impensable il y a encore quelques mois, mais aujourd’hui nécessaire. « Pendant trois ans, je suis restée sous le choc », confie sa maman, Sylvie Extremera, « Il était hors de question pour moi d’organiser quoi que ce soit. Nous sommes des gens pudiques, et cette idée d’une marche blanche me paraissait trop grande pour nous ». Le temps a passé, sans apaiser la blessure. Mais peu à peu, l’envie de parler s’est imposée, comme une évidence. « J’ai compris que ce n’est pas en se cachant que les choses avanceront. J’ai longtemps porté une forme de culpabilité, mais j’ai compris que ce n’est pas à nous de nous taire. Il faut parler, pour Kimberly et pour toutes ces femmes qui ont disparu », martèle-t-elle.
Parler et alerter pour que plus jamais de tels drames ne se produisent
Depuis la mort de sa fille, Sylvie Extremera a noué des liens avec d’autres familles de victimes, comme celles de Savannah et de Joanna – pour laquelle une grande marche blanche avait également été organisée en 2010 - , elles aussi tuées par leurs ex-compagnons à Ajaccio. Ensemble, elles partagent le même combat : faire en sorte que les drames ne se répètent plus. « On voudrait croire que cela s’arrêtera, mais il ne faut pas se voiler la face. D’autres femmes vont mourir encore. Et tout le monde peut être concerné. Il n’y a pas d’âge, pas de catégorie sociale », déplore Sylvie Extremera, regrettant que l’on ait longtemps fermé les yeux sur cette réalité, notamment en Corse.
Pour la première fois depuis le drame, les proches de Kimberly ont choisi de se rassembler publiquement. Un geste difficile, presque impensable il y a encore quelques mois, mais aujourd’hui nécessaire. « Pendant trois ans, je suis restée sous le choc », confie sa maman, Sylvie Extremera, « Il était hors de question pour moi d’organiser quoi que ce soit. Nous sommes des gens pudiques, et cette idée d’une marche blanche me paraissait trop grande pour nous ». Le temps a passé, sans apaiser la blessure. Mais peu à peu, l’envie de parler s’est imposée, comme une évidence. « J’ai compris que ce n’est pas en se cachant que les choses avanceront. J’ai longtemps porté une forme de culpabilité, mais j’ai compris que ce n’est pas à nous de nous taire. Il faut parler, pour Kimberly et pour toutes ces femmes qui ont disparu », martèle-t-elle.
Parler et alerter pour que plus jamais de tels drames ne se produisent
Depuis la mort de sa fille, Sylvie Extremera a noué des liens avec d’autres familles de victimes, comme celles de Savannah et de Joanna – pour laquelle une grande marche blanche avait également été organisée en 2010 - , elles aussi tuées par leurs ex-compagnons à Ajaccio. Ensemble, elles partagent le même combat : faire en sorte que les drames ne se répètent plus. « On voudrait croire que cela s’arrêtera, mais il ne faut pas se voiler la face. D’autres femmes vont mourir encore. Et tout le monde peut être concerné. Il n’y a pas d’âge, pas de catégorie sociale », déplore Sylvie Extremera, regrettant que l’on ait longtemps fermé les yeux sur cette réalité, notamment en Corse.

À l'instar d'autres familles de victimes, Antonio et Sylvie Extremera veulent une évolution de la justice pour que d'autres drames ne se reproduisent plus (Photo : Archives Paule Santoni)
Cette réalité, Kimberly, elle, la connaissait de près. Avant le drame, elle avait réussi brillamment des études dans le social et était rentrée à Ajaccio où, ironie du sort, elle travaillait notamment auprès de femmes victimes de violences. « J’étais fière d’elle », raconte sa mère avec émotion, « C’était une battante, une jeune femme douce et forte à la fois. Elle trouvait une solution pour tout, elle voulait toujours aider les gens. Elle en avait fait son métier ». Pourtant, ce métier qu’elle aimait tant, elle l’exerçait sans oser s’avouer qu’elle vivait elle-même une forme d’emprise de son bourreau. Comme beaucoup de victimes, elle ne percevait pas pleinement la gravité de sa situation. « Et puis elle nous protégeait, elle ne voulait pas qu’on s’inquiète. Et puis, parfois, quand on vit la violence, on ne veut pas la voir. Le cerveau se protège, il amoindrit la réalité. Par honte, par culpabilité. On se dit : “il m’aime, c’est pour ça qu’il ne veut pas que je sorte". Mais non ! Ce n’est jamais une excuse. Quand on aime une personne, on la prend telle qu’elle est », alerte Sylvie Extremera.
Ainsi, pour la famille de Kimberly, cette marche blanche sera un moment d’hommage, mais aussi un cri du cœur. Une manière de dire que le silence ne protège personne. « Quand on est percuté par un tel drame, soit on s’effondre, soit on se relève. J’ai mis deux ans à retrouver un peu de force. Aujourd’hui, je veux que la voix de Kimberly continue de résonner, pour que plus jamais une autre famille ne vive ça », indique Sylvie Extremera.
Faire évoluer la justice
Elle espère par ailleurs que cette mobilisation permettra de rappeler à tous que les féminicides ne sont pas de simples faits divers. « Ils anéantissent des vies et brisent des familles. Notre vie, en tant que parents de victime, est amputée. On ne peut plus être pleinement heureux, car on ne verra plus nos filles grandir, s’épanouir, devenir mamans », souffle-t-elle. Sylvie Extremera appelle aussi à une évolution de la justice. « Les choses ont un peu changé. On ne parle plus de “crime passionnel”, et c’est une bonne chose. Mais il faut aller plus loin. Il faut des condamnations plus dures, plus sévères, plus justes », soutient-elle.
Très croyante, la maman de Kimberly dit prier chaque jour « pour que la violence et les féminicides cessent ». Dans le même temps, elle rend aussi hommage à celles et ceux qui, en Corse, œuvrent pour faire bouger les lignes. « Des associations comme Donne di Corsica font beaucoup, mais ce sont encore des initiatives privées. L’État, les pouvoirs publics doivent faire plus. C’est à nos élus, à la justice, d’agir. Nous, victimes, nous pouvons marcher, témoigner, alerter. Mais ce n’est pas à nous de changer la loi », souligne-t-elle.
Dans ce droit fil, la marche blanche de ce samedi se voudra simple, digne et ouverte à tous. Un moment de recueillement, mais aussi de solidarité. « Pour faire avancer les choses, il faut parler. Il faut que notre message résonne. Nous ne voulons plus d’autres drames », insiste encore Sylvie Extremera.
Samedi prochain, au cœur d’Ajaccio, les proches de Kimberly marcheront pour elle, et pour toutes celles qui n’ont plus de voix. Pour rappeler que derrière chaque nom, chaque visage, il y a une vie interrompue, une famille à jamais marquée, et une société qui ne doit plus détourner le regard. La famille espère que les participants seront nombreux et invite chacun à porter du blanc, en signe de paix et de recueillement.
Ainsi, pour la famille de Kimberly, cette marche blanche sera un moment d’hommage, mais aussi un cri du cœur. Une manière de dire que le silence ne protège personne. « Quand on est percuté par un tel drame, soit on s’effondre, soit on se relève. J’ai mis deux ans à retrouver un peu de force. Aujourd’hui, je veux que la voix de Kimberly continue de résonner, pour que plus jamais une autre famille ne vive ça », indique Sylvie Extremera.
Faire évoluer la justice
Elle espère par ailleurs que cette mobilisation permettra de rappeler à tous que les féminicides ne sont pas de simples faits divers. « Ils anéantissent des vies et brisent des familles. Notre vie, en tant que parents de victime, est amputée. On ne peut plus être pleinement heureux, car on ne verra plus nos filles grandir, s’épanouir, devenir mamans », souffle-t-elle. Sylvie Extremera appelle aussi à une évolution de la justice. « Les choses ont un peu changé. On ne parle plus de “crime passionnel”, et c’est une bonne chose. Mais il faut aller plus loin. Il faut des condamnations plus dures, plus sévères, plus justes », soutient-elle.
Très croyante, la maman de Kimberly dit prier chaque jour « pour que la violence et les féminicides cessent ». Dans le même temps, elle rend aussi hommage à celles et ceux qui, en Corse, œuvrent pour faire bouger les lignes. « Des associations comme Donne di Corsica font beaucoup, mais ce sont encore des initiatives privées. L’État, les pouvoirs publics doivent faire plus. C’est à nos élus, à la justice, d’agir. Nous, victimes, nous pouvons marcher, témoigner, alerter. Mais ce n’est pas à nous de changer la loi », souligne-t-elle.
Dans ce droit fil, la marche blanche de ce samedi se voudra simple, digne et ouverte à tous. Un moment de recueillement, mais aussi de solidarité. « Pour faire avancer les choses, il faut parler. Il faut que notre message résonne. Nous ne voulons plus d’autres drames », insiste encore Sylvie Extremera.
Samedi prochain, au cœur d’Ajaccio, les proches de Kimberly marcheront pour elle, et pour toutes celles qui n’ont plus de voix. Pour rappeler que derrière chaque nom, chaque visage, il y a une vie interrompue, une famille à jamais marquée, et une société qui ne doit plus détourner le regard. La famille espère que les participants seront nombreux et invite chacun à porter du blanc, en signe de paix et de recueillement.