Sécheresse : la situation continue de se détériorer dans l’Extrême-Sud de la Corse

Written on 09/12/2025
MP

Malgré quelques pluies récentes, la sécheresse s’aggrave dans l’Extrême-Sud de la Corse, où les barrages de l’Ospedale et de Figari atteignent des niveaux historiquement bas. Lors d’un point presse ce vendredi 12 septembre dans l'après-midi, le directeur de cabinet du préfet de Corse-du-Sud a indiqué que la situation demeure fragile et reste conditionnée à l’arrivée prochaine des précipitations.

La sécheresse exceptionnelle que connaît l’Extrême-Sud de l’île continue de susciter une forte inquiétude. Ce vendredi 12 septembre dans l'après-midi, à l’occasion d’un point presse au lendemain du comité de ressources en eau pour la Corse-du-Sud, Florian Straser, le directeur de cabinet du préfet, a indiqué que la « situation continue de se dégrader ».
 
« Les quelques épisodes pluvieux, notamment celui de cette semaine, n’ont pas permis d’améliorer la situation », regrette-t-il, soulignant que le département reste de facto placé en « alerte renforcée ».

A lire aussi :  Sécheresse : restrictions d’eau renforcées dans le Sud-Est de la Corse-du-Sud

« Sur une année glissante, c’est-à-dire de septembre 2024 à fin août 2025, nous sommes à environ 50% des précipitations normales attendues sur l’Extrême-Sud.  Des données qui se sont aggravées cet été, puisque pour juillet et août seulement un tiers des précipitations normales attendues ont été enregistrées », note par ailleurs le directeur de cabinet du préfet en ajoutant que si les niveaux des cours d’eau ou des nappes souterraines restent satisfaisants, il n’en va pas de même pour les barrages de l’Ospedale et de Figari. 
 
« Avant les pluies de mercredi, le niveau de remplissage des deux barrages était de 27% contre 46% au même moment en 2024. C’est un niveau particulièrement bas que nous surveillons », précise Florian Straser, pointant toutefois une nouvelle rassurante : « Nous surveillons depuis plusieurs semaines le risque de contamination bactériologique et le niveau sanitaire des réserves d’eau. On constate que le travail de l’Office d’Équipement Hydraulique de la Corse (OEHC) a payé car la qualité sanitaire des réserves est très bonne ».
 
« Nous sommes vraiment dépendants des pluies »
 
La situation restera néanmoins sensible dans les prochaines semaines, tout d’abord car la ressource va intégralement reposer sur le barrage de Figari en raison de travaux et d’inspection obligatoires qui ont été engagés par l’OEHC sur le barrage de l’Ospedale. « C’est pour cela qu’il a été déstocké en premier », affirme le directeur de cabinet du préfet en écho à des inquiétudes qui avaient pu faire jour dans la population. Par ailleurs, une inconnue rentrera également en ligne de compte. « Toutes nos projections font état d’une totale dépendance aux précipitations qui pourraient survenir. Si la pluie tombe en quantité suffisante il sera possible de tenir jusqu’à octobre sans problème. Mais s’il n’y a aucune précipitation jusqu’à début octobre, il pourrait y avoir de premières difficultés pour l’OEHC sur le prélèvement d’eau dans l’Extrême-Sud, auquel cas des mesures plus contraignantes seraient prises », détaille-t-il en insistant : « Nous sommes vraiment dépendants des pluies ».  

A lire aussi :  La sécheresse s’accentue dans l’Extrême-Sud de la Corse

Les mesures de restrictions des usages de l’eau, en place depuis plusieurs semaines, n’ont en effet pas été suffisantes. « En termes de prélèvements par l’OEHC, on observe une année record. Depuis le 1er janvier jusqu’à fin août, on est 24% au-dessus de la moyenne décennale. C’est un niveau supérieur aux années de référence de 2003 et 2017, avec une hausse concentrée sur l’eau potable qui représente 60% du prélèvement et qui est en hausse de 39% par rapport à la moyenne décennale. On observe un impact extrêmement fort au mois de juin qui a été le plus chaud jamais enregistré en Corse, et une accélération plus faible que les années précédentes de la consommation en eau en juillet et août, et notamment au moment où les arrêtés ont été pris. Les gens ont joué le jeu et consommé moins que d’habitude, même si au global on a une hausse historique », explique Florian Straser en appelant la population à continuer à avoir « un usage économique de l’eau pour permettre d’attendre les pluies et de ne pas avoir de difficultés ».
 
Un risque incendie qui reste sévère
 
Cette sécheresse sévère a également un impact sur le risque incendie, qui reste « sévère à très sévère sur les secteurs de Porto-Vecchio et Bonifacio ». « Cela devrait durer là aussi jusqu'à ce qu'on ait des précipitations suffisamment importantes pour changer la donne », pose Florian Straser en annonçant que depuis le début de la saison estivale, 84 départs de feu ont été recensés dans le département, dont 88% sont d'origine humaine. « 34 d’entre eux étaient liés à des actes malveillants », relève le directeur de cabinet du préfet en rappelant par ailleurs que l’interdiction de l’emploi du feu – et donc des écobuages – est maintenue jusqu’à fin septembre et pourrait être prolongée.
 
« Du fait de la prolongation de ce risque incendie, une partie des moyens nationaux a été prolongée jusqu'à la fin du mois », indique-t-il par ailleurs. Parmi eux, l'hélicoptère bombardier d'eau lourd basé à Corte, mais aussi certains moyens humains comme des formations militaires de la Sécurité Civile. « Nous sommes aussi en train de demander une possible mobilisation des avions bombardiers d'eau jusqu'à la fin du mois sur la Corse », ajoute encore le directeur de cabinet du préfet.