L'ascension fulgurante du Porto-Vecchiais Ezio Bastianelli, 15 ans et déjà double champion du monde de wingfoil

Written on 07/15/2025
Julien Castelli

A 15 ans et demi, Ezio Bastianelli est déjà double champion du monde de wingfoil. La dernière couronne a été décrochée ce 1er juillet en Espagne, chez les juniors, elle fait suite à un premier titre mondial obtenu il y a deux ans en U14. Ce mardi 8 juillet, Corse Net Infos l’a rencontré là où tout a commencé pour Ezio, sur la plage de Cala Rossa à Lecci.

Est-ce un oiseau, un dauphin, cette forme sombre qui virevolte au large, vue de la plage de Cala Rossa ? Un peu des deux : c’est Ezio Bastianelli sur son wingfoil à aile noire. Tout juste rentré d’Espagne auréolé de son deuxième titre de champion du monde, l’adolescent profite d’un vent généreux qui souffle en ce mardi après-midi dans le golfe de Porto-Vecchio. Un vent sans comparaison avec celui qui a si mollement soufflé sur la Costa Brava espagnole, le 1er juillet. Mais voilà, c’est ce vent inconsistant qui l’a propulsé une semaine plus tôt au sommet du gotha mondial des espoirs du wingfoil, et c’est tout sauf un hasard : « Je m’entraîne souvent dans du vent léger, même s’il peut aussi y avoir du gros vent en Corse, confie le jeune champion du monde. Je pense que ça m’a donné un avantage. »

"Je ne stresse pas trop en compétition"
Le wingfoil, c’est ce sport de glisse extrême qui n’existait pas il y a encore sept ans : debout sur une planche de surf, on empoigne une aile, puis le vent et le talent font le reste. Mais si le vent vient à manquer, c’est là que ça se complique (sauf si on a du talent) : « Dans ce cas, c’est plus physique, il faut du cardio pour arriver à partir », souligne Ezio.

 

Et en Espagne, sûr de son talent, Ezio a vaincu le vent et, en finale, un Allemand du nom d’Hubert Christahl, enchaînant les figures dans un mental à toute épreuve : « Moi, je ne stresse pas trop en compétition. Je suis normal et j’essaie juste de rester concentré dans mon "heat" (manche) », confie-t-il, toujours aussi détendu, sur la plage de Cala Rossa. Mais avec Nicolas Delmas, qui l’entraîne au sein de la team F-One, ils avaient décidé de la jouer fine : « On a fait un truc stratégique, à savoir faire exprès de perdre mon premier "heat", sinon je serais tombé très vite contre le favori, Benjamin Castenskiold. » En s’éloignant astucieusement de la partie de tableau du favori colombien, Ezio Bastianelli s’est dégagé la route jusqu’en finale : « Ezio l’avait déjà battu, il était prêt à l’affronter, mais le tirage au sort les faisait se rencontrer trop vite », explique son papa Yann. Au final, Benjamin Castenskiold a été éliminé à la surprise générale, en quarts de finale. Et de son côté, le Porto-Vecchiais a enchaîné les performances toute la journée, empochant le titre.

"J'aime les sensations quand on est en l'air"
Ce trophée mondial vient s’ajouter à celui décroché en 2023 à l’âge de 14 ans, sachant que ce n’est qu’en 2021 qu’Ezio Bastianelli a commencé le wingfoil : « Je ne voulais pas trop qu’il en fasse au début, je trouvais ça dangereux », avoue son père, qui dirige l’école de voile Tramulimacchia, installée depuis vingt-cinq ans sur la plage Cala Rossa à Lecci. En effet, un saut peut faire décoller un wingfoiler jusqu’à dix mètres de haut, avec le risque de retomber sur l’aileron de la planche. « Quand on fait du wingfoil, c’est casque et gilet obligatoire de toute façon », rappelle Yann Bastianelli, qui lui était plutôt adepte de la planche à voile. Sans surprise, son fils a très vite baigné dans les sports nautiques de glisse, débutant surf et planche à voile à l’âge de 4 ans. Le wingfoil sera une révélation : « J’aime les sensations quand on est en l’air, le freestyle, la hauteur... »

A 15 ans et demi, Ezio Bastianelli n’a pas vraiment la vie d’un adolescent de son âge : il enchaîne les déplacements loin de la Corse, en Espagne le plus souvent, mais aussi au Brésil. Cela ne l’a pas empêché d’obtenir il y a quelques jours son brevet, « avec mention assez bien », précise le collégien porto-vecchiais, aussi fier de son brevet que de son titre de champion du moinde : « Au collège, j’aime pas trop parler de ça (de ses exploits sportifs, NDLR), confie-t-il, plein d’humilité. J’aimerais faire carrière, mais on verra bien où ça m’amènera. » Il mesure aussi la chance qu’il a d’avoir des parents investis à ses côtés : « Ils m’aident énormément. » Yann Bastianelli doit l’emmener régulièrement s’entraîner là où le vent l’appelle, généralement dans les environs de Bonifacio : « On peut faire 100 kilomètres dans la même journée. » Sans compter le sacrifice financier : « Un matériel complet de wingfoil, ça coûte entre 30 000 et 40 000 euros », évalue Yann Bastianelli qui peut compter sur le soutien indéfectible du sponsor F-One. En retour, il n’attendait qu’une chose de son fils : « Qu’il soit sérieux. » Car la passion est là, depuis le début, et il y a des signes qui ne trompent pas un papa : « Quand Ezio était gosse et qu’il se levait le matin, tout de suite après il regardait la météo ! »