En Corse, 40 000 ménages supplémentaires attendus d’ici 2050

Written on 07/14/2025
VL

Selon une étude publiée par l’Insee ce 1er juillet 2025, la Corse pourrait compter près de 200 000 ménages en 2050, soit 40 000 de plus qu’aujourd’hui. Cette évolution, bien plus rapide que dans le reste du pays, s’expliquerait autant par la croissance démographique que par le vieillissement de la population.

(Crédit Photo : Michel Luccioni)

C’est une évolution qui pourrait transformer durablement le visage de la Corse.  « Entre 2021 et 2050, 40 000 ménages supplémentaires résideraient sur l'ile si les tendances démographiques et les comportements de cohabitation actuels se poursuivent », estime l’Insee dans sa dernière étude, publié ce 1er juillet. Cela représente une hausse de 25 % en trois décennies, soit un rythme deux fois plus rapide que celui observé dans l’ensemble de la France métropolitaine.

En 2021, l’île comptait 156 000 ménages pour 347 000 habitants. Si cette dynamique se confirme, ils seraient 196 000 en 2050, pour une population estimée à 383 000 habitants. « La progression serait de 1 400 ménages supplémentaires chaque année », note l’institut, même si ce rythme devrait ralentir dans le temps, passant de 2 000 créations de ménages par an entre 2021 et 2030, à 1 100 entre 2030 et 2050.

Vieillissement et décohabitation : deux moteurs de la hausse
La croissance du nombre de ménages en Corse s’explique par trois phénomènes selon l'Insee. D’abord, une démographie toujours dynamique, notamment en raison d’un solde migratoire largement positif : l’île accueille davantage d’habitants qu’elle n’en voit partir.
Mais ce n’est pas tout. L’évolution des modes de vie, et en particulier le vieillissement de la population, joue un rôle croissant. « Les personnes âgées vivent plus souvent et plus longtemps seules », souligne l’étude, ce qui entraîne une augmentation du nombre de foyers distincts. À cela s’ajoute la tendance à la décohabitation : séparation des couples, départs d’enfants adultes du foyer parental, ou encore durée de vie en couple raccourcie.

L’analyse territoriale montre que si la croissance démographique reste le principal facteur d’augmentation du nombre de ménages en Corse-du-Sud, la situation diffère en Haute-Corse. « Le vieillissement de la population y jouerait un rôle prépondérant dans l’augmentation du nombre de ménages », indique l’Insee. Une tendance qui devrait s’amplifier entre 2030 et 2050, où l’effet lié à la structure d’âge dépasserait celui des migrations.

Cette transformation démographique a une conséquence directe sur la taille des foyers. En 2021, un ménage corse comptait en moyenne 2,18 personnes. En 2050, ce ratio tomberait à 1,86. En cause : la forte hausse des personnes vivant seules, qui devraient représenter 40 % des ménages dans vingt-cinq ans (contre 33 % aujourd’hui). En parallèle, « la part des couples avec ou sans enfant continuerait d’augmenter mais à un rythme deux fois moins rapide que celle de l’ensemble des ménages ».
Les familles monoparentales et les autres formes de cohabitation (colocations, foyers multigénérationnels, etc.) connaîtraient une évolution modérée, représentant respectivement 11 % et 7 % des ménages insulaires à l’horizon 2050.

L’étude confirme également une tendance déjà bien connue : le vieillissement de la population s’accélère fortement. « En 2050, 131 600 personnes âgées de 65 ans ou plus résideraient dans l’île, contre 84 700 en 2021 », soit une hausse de plus de 55 %. Cette classe d’âge représenterait alors 34 % de la population insulaire, contre 24 % actuellement.
Parallèlement, le nombre de jeunes de moins de 19 ans chuterait de 66 700 à 56 000. « En 2050, la population se composerait de 224 seniors pour 100 jeunes, contre 121 pour 100 en 2021 », précise encore l’Insee. Enfin, les actifs potentiels (20-64 ans) représenteraient une part plus faible de la population : 50 % en 2050, contre 55 % aujourd’hui.

Un défi pour les politiques publiques
L’évolution projetée du nombre de ménages et du vieillissement de la population n’est pas sans conséquences pour la Corse. Si la taille des foyers diminue et que la part des personnes âgées vivant seules augmente, cela implique une demande accrue en logements plus petits, mieux adaptés à la perte d’autonomie et idéalement situés à proximité des services essentiels. Dans ce contexte, l’Insee souligne que « les caractéristiques des futurs ménages et leurs besoins en logements » devront être anticipés par les politiques publiques, notamment en matière d’urbanisme, de santé, de mobilité et de maintien à domicile. Les collectivités devront aussi composer avec une pression foncière persistante et des tensions sur l’offre de logements, déjà fortes dans plusieurs communes de l’intérieur comme du littoral.

Les projections démographiques posent ainsi un enjeu structurel pour l’île : adapter son tissu résidentiel et ses équipements collectifs à une société où, d’ici 2050, quatre ménages sur dix seront composés d’une personne seule, et un tiers de la population aura plus de 65 ans. Un virage à prendre dès aujourd’hui.