Bientôt la fin des "zones blanches" en Corse ?

Written on 07/13/2025
Manon Perelli

Une question orale de Fà Populu Inseme a permis au président de l’Exécutif de faire un point sur la couverture du réseau mobile ce jeudi. Ce dernier a notamment annoncé que 95% de l’île est aujourd’hui couverte par le réseau 4G

À quand la fin des zones blanches en Corse ? Alors que la couverture du réseau mobile reste encore insuffisante sur l’île, la question est régulièrement remise sur le tapis. Ce jeudi, c’est le conseiller territorial de Fà Populu Inseme, Louis Pozzo di Borgo, qui a interrogé l’Exécutif sur ce sujet, lors de la séance de questions orales de l’Assemblée de Corse. « Depuis plusieurs années, la Collectivité de Corse déploie des efforts considérables pour garantir un accès équitable au numérique à l'ensemble du territoire, à travers le contrat Corsica Fibra et une politique volontariste d'aménagement numérique. Même les territoires les plus isolés bénéficient désormais de la fibre optique, réduisant significativement la fracture numérique dans nos villages », s’est-il félicité, en regrettant en parallèle que « dans le même temps, les défaillances du réseau de téléphonie mobile persistent, notamment sur les grands axes routiers structurants comme les RT20, RT10 ou RT40. Ces coupures de réseau sont fréquentes et prolongées ».
Une situation face à laquelle une motion avait été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse en 2019, afin d’appeler à une couverture complète du territoire en téléphonie mobile. Pourtant, six ans plus tard, l’élu note que « trop de zones blanches ou grises subsistent à proximité des agglomérations, et aussi dans les zones rurales »« Ces dysfonctionnements sont amplifiés par un réseau saturé en haute saison », a-t-il appuyé, en demandant à l’Exécutif s’il envisageait « l'engagement d'une démarche structurée auprès des opérateurs et de l'État pour pallier ces défaillances ».

En réponse, Gilles Simeoni a souligné que, malgré « une attitude engagée et volontariste » de l’Exécutif, cette question, comme beaucoup d’autres, relève d’un « rapport de force politique »« Sur le déploiement du très haut débit, nous sommes à 96 % de couverture du territoire », a-t-il indiqué, en précisant que, si la Corse est l’île de Méditerranée qui cumule le plus de contraintes, elle est désormais celle qui dispose de la meilleure couverture numérique. « Cela nous place comme un territoire leader en Europe et en Méditerranée, à identité géographique et peuplement identiques », s’est-il réjoui.

En ce qui concerne la téléphonie mobile, les choses sont en revanche plus complexes. Si l’amélioration de la couverture a été érigée en priorité dès 2018, le président de l’Exécutif rappelle que la CdC ne dispose pas de compétences directes en la matière, mais reste « simplement un partenaire associé et consulté » par les opérateurs. « Depuis 2018, j’ai co-présidé avec le préfet de Corse le comité de pilotage du programme New Deal, qui associe l'État et les opérateurs, et qui vise à combler les zones blanches de téléphonie mobile », a-t-il expliqué, en évoquant des « résultats positifs »« Sous l'impulsion de cette commission, et dans le cadre de cette démarche générale qui concerne toute la France, 125 sites sont en cours de déploiement en Corse et 72 nouveaux sont d'ores et déjà opérationnels – pour l'essentiel dans des zones de l'intérieur initialement non couvertes, mais aussi sur de nombreux axes routiers », a-t-il détaillé, annonçant qu’un « bilan complet sera communiqué d'ici la fin de l'année »« En termes statistiques, nous avons beaucoup progressé sur la 4G, puisqu'on est passé de 25 % de couverture du territoire en 2015 à 95 % en 2025. Les 5 % restants concernent essentiellement des axes routiers », a-t-il ajouté. « À cet égard, le 25 octobre 2019, j'avais interrogé l'Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) en lui demandant de faire évoluer la réglementation. Les portions d'axes routiers considérées comme prioritaires par l'ARCEP sont en effet définies par référence à des flux routiers annuels, ce qui ne permet pas, y compris aux routes territoriales, d’être concernées, du fait d'une forte saisonnalité », a-t-il expliqué. Il a précisé que, si la réponse avait été négative pour la 4G, « c’est bien l'intégralité des routes territoriales de Corse qui est concernée par l'obligation de couverture » en matière de 5G.

Dans cette optique, pour viser une couverture intégrale, la CdC a mené un état des lieux destiné à identifier les points noirs. « Nous n'avons pas accepté de nous référer uniquement aux données communiquées par les opérateurs mobiles, souvent trop optimistes. Nous avons mis en place une application mobile, Mi Sentu, qui a permis de croiser les données avec celles des maires et des usagers, et qui a alimenté une cartographie consolidée, opposable aux opérateurs », a encore souligné Gilles Simeoni.

Reste à savoir quand les dernières zones blanches afficheront enfin du réseau. Selon le site spécialisé Zone ADSL & Fibre, 751 antennes 5G sont déjà actives sur l’île.