Alors que 96 pays réunis à Nice à l'occasion de la conférence des Nations Unies sur l'océan se sont engagés cette semaine à signer un traité mondial contre la pollution plastique, l’association corse Mare Vivu ne cesse d'alerter sur l’état critique de la Méditerranée. En première ligne depuis près de dix ans, ses membres témoignent d’une mer saturée de micro-plastiques, d’une situation « hors de contrôle » et d’une urgence à agir aussi localement que globalement.
« La pollution plastique étouffe la vie marine et contamine notre alimentation, jusqu’à se retrouver dans notre sang ». Ce mardi, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, ouvrait la deuxième journée de la conférence mondiale sur l’océan (UNOC) par un constat alarmant. Chaque année, 10 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans les océans avec tout ce que cela implique comme conséquences. Tout au long de la semaine, les quelque 63 chefs d’État et de gouvernement rassemblés à Nice pour trouver des solutions concrètes afin de mieux protéger les océans, ont d’ailleurs érigé la lutte contre la pollution plastique des océans comme l’une des préoccupations majeures pour l’avenir.
Une réalité sur laquelle alerte Mare Vivu depuis sa création en 2016. « Dès notre première mission CorSeaCare en mer, il y a presque 10 ans, nous nous sommes pris une énorme claque », confie ainsi Pierre-Ange Giudicelli, le président de cette association fondée par des amoureux de la mer dans le Cap Corse, « À la base, nous avions créé cette expédition avec l’objectif de vivre une aventure et d’aider la recherche. Et nous avons pris de plein fouet l’ampleur de la pollution plastique autour de notre île. C’est quelque chose qui nous a happé et nous avons commencé à travailler là-dessus, à monter en compétence sur le sujet, à faire des actions de terrain. Et plus on tirait le fil, plus on se rendait compte que la situation était catastrophique et surtout qu’il y avait très peu d’acteurs mobilisés en Corse », raconte-t-il, « Au fil du temps, nous nous sommes vraiment spécialisés dans la lutte contre la pollution plastique au fil des années. Maintenant nous menons à la fois des actions plutôt scientifiques, de travail de terrain, de collecte de données, mais aussi des actions de sensibilisation pour essayer d’alerter l’opinion publique sur le sujet ».
« La Méditerranée est littéralement saturée par les micro-plastiques »
Alors que la Méditerranée enregistre des taux de pollution plastique records au niveau mondial, le président de Mare Vivu explique toutefois que le véritable danger est aujourd’hui le moins visible. « On peut observer deux types de pollutions plastique », explique-t-il en déroulant : « Quand j’étais plus jeune, je me souviens qu’on voyait des décharges sauvages un peu partout, et des déchets arriver directement à la mer. Cette pollution de macro-déchets commence à être jugulée aujourd’hui et les plages peuvent paraitre plus propres. Mais ce que l’on retrouve le plus souvent maintenant dans les eaux autour de la Corse ce sont les micro-plastiques. Nous sommes sur une situation qui atteint son paroxysme à ce niveau : la Méditerranée est littéralement saturée par ces micro-plastiques. Cela veut dire que ces micro-plastiques saturent les écosystèmes et entrent dans tous les mécanismes naturels, dans toutes les interactions naturelles qu’elles soient liées aux organismes vivants ou aux processus géophysiques, comme le processus sédimentaire ».
À l’occasion de plusieurs actions de terrain, notamment du nettoyage d’une crique de Centuri, l’association a d’ailleurs pu mesurer l’ampleur du phénomène. « Cette plage est normalement composée de petits graviers et de sable. Aujourd’hui, on s’est rendu compte que tout cela est remplacé par des micro-plastiques qui sont venus s’échouer sur les rives. Cela fait un choc », déplore Pierre-Ange Giudicelli en racontant : « Le but de l’action que nous avons mené était de remplir des seaux d'eau de mer et d’y mettre des pelletées de sédiments afin de récupérer la fraction flottante, c'est-à-dire le plastique. Au fond, le sédiment était censé couler. Mais à chaque fois qu’on vidait le seau on n’y trouvait plus rien, pas un seul grain de sable ou un caillou ». Un cas loin d’être isolé selon le président de Mare Vivu qui a pu constater que de nombreuses plages en Corse stockent également des quantités hallucinantes de micro-plastiques. « D’autres régions de Méditerranée subissent la même trajectoire. Nous sommes vraiment sur une situation extrême », souffle-t-il. « Quand on compare avec d'autres régions du monde où la pollution est très médiatisée, comme l'Asie du Sud-Est où on va avoir des grosses quantités de macro-déchets en mer, et on se dit qu’en Méditerranée finalement on n'est pas si mal. Mais en fait ce qu'il faut comprendre c'est que nous en sommes déjà au stade d'après ! », indique-t-il en détaillant : « Cela fait très longtemps que la Méditerranée est industrialisée, bordée de villes très importantes qui utilisent depuis longtemps les plastiques jetables, et où il y a eu peu de gestion des déchets. Ces déchets se sont retrouvés en masse dans une mer semi-fermée et se sont fragmentés pendant des dizaines d'années, et aujourd'hui on est à un stade où on a une pollution de micro-plastiques impossible à enlever ».
Une réalité sur laquelle alerte Mare Vivu depuis sa création en 2016. « Dès notre première mission CorSeaCare en mer, il y a presque 10 ans, nous nous sommes pris une énorme claque », confie ainsi Pierre-Ange Giudicelli, le président de cette association fondée par des amoureux de la mer dans le Cap Corse, « À la base, nous avions créé cette expédition avec l’objectif de vivre une aventure et d’aider la recherche. Et nous avons pris de plein fouet l’ampleur de la pollution plastique autour de notre île. C’est quelque chose qui nous a happé et nous avons commencé à travailler là-dessus, à monter en compétence sur le sujet, à faire des actions de terrain. Et plus on tirait le fil, plus on se rendait compte que la situation était catastrophique et surtout qu’il y avait très peu d’acteurs mobilisés en Corse », raconte-t-il, « Au fil du temps, nous nous sommes vraiment spécialisés dans la lutte contre la pollution plastique au fil des années. Maintenant nous menons à la fois des actions plutôt scientifiques, de travail de terrain, de collecte de données, mais aussi des actions de sensibilisation pour essayer d’alerter l’opinion publique sur le sujet ».
« La Méditerranée est littéralement saturée par les micro-plastiques »
Alors que la Méditerranée enregistre des taux de pollution plastique records au niveau mondial, le président de Mare Vivu explique toutefois que le véritable danger est aujourd’hui le moins visible. « On peut observer deux types de pollutions plastique », explique-t-il en déroulant : « Quand j’étais plus jeune, je me souviens qu’on voyait des décharges sauvages un peu partout, et des déchets arriver directement à la mer. Cette pollution de macro-déchets commence à être jugulée aujourd’hui et les plages peuvent paraitre plus propres. Mais ce que l’on retrouve le plus souvent maintenant dans les eaux autour de la Corse ce sont les micro-plastiques. Nous sommes sur une situation qui atteint son paroxysme à ce niveau : la Méditerranée est littéralement saturée par ces micro-plastiques. Cela veut dire que ces micro-plastiques saturent les écosystèmes et entrent dans tous les mécanismes naturels, dans toutes les interactions naturelles qu’elles soient liées aux organismes vivants ou aux processus géophysiques, comme le processus sédimentaire ».
À l’occasion de plusieurs actions de terrain, notamment du nettoyage d’une crique de Centuri, l’association a d’ailleurs pu mesurer l’ampleur du phénomène. « Cette plage est normalement composée de petits graviers et de sable. Aujourd’hui, on s’est rendu compte que tout cela est remplacé par des micro-plastiques qui sont venus s’échouer sur les rives. Cela fait un choc », déplore Pierre-Ange Giudicelli en racontant : « Le but de l’action que nous avons mené était de remplir des seaux d'eau de mer et d’y mettre des pelletées de sédiments afin de récupérer la fraction flottante, c'est-à-dire le plastique. Au fond, le sédiment était censé couler. Mais à chaque fois qu’on vidait le seau on n’y trouvait plus rien, pas un seul grain de sable ou un caillou ». Un cas loin d’être isolé selon le président de Mare Vivu qui a pu constater que de nombreuses plages en Corse stockent également des quantités hallucinantes de micro-plastiques. « D’autres régions de Méditerranée subissent la même trajectoire. Nous sommes vraiment sur une situation extrême », souffle-t-il. « Quand on compare avec d'autres régions du monde où la pollution est très médiatisée, comme l'Asie du Sud-Est où on va avoir des grosses quantités de macro-déchets en mer, et on se dit qu’en Méditerranée finalement on n'est pas si mal. Mais en fait ce qu'il faut comprendre c'est que nous en sommes déjà au stade d'après ! », indique-t-il en détaillant : « Cela fait très longtemps que la Méditerranée est industrialisée, bordée de villes très importantes qui utilisent depuis longtemps les plastiques jetables, et où il y a eu peu de gestion des déchets. Ces déchets se sont retrouvés en masse dans une mer semi-fermée et se sont fragmentés pendant des dizaines d'années, et aujourd'hui on est à un stade où on a une pollution de micro-plastiques impossible à enlever ».
Une situation « hors de contrôle »
Selon le président de Mare Vivu, la situation est ainsi aujourd’hui « hors de contrôle ». « La seule chose qu'on puisse faire c'est limiter la casse et surtout empêcher le phénomène d'empirer. Nous sommes dans une situation d'urgence absolue. Nous sommes dos au mur et il faut prendre les mesures les plus efficaces, non seulement pour nous, mais pour éviter aux autres pays, qui pour l'instant se focalisent beaucoup sur les macro-déchet avec des mesures essentiellement curatives de se faire surprendre de la même façon avec les micro-plastiques », martèle-t-il en appelant à la mise en place de véritables politiques publiques de prévention et de limitation des plastiques jetables. « Plus on attend, et plus les conséquences sont graves, et moins on a de moyens, de levier pour inverser la tendance ».
Dans ce droit fil, 3 ans après l’entame de négociations internationales, le président de Mare Vivu se réjouit de l’appel lancé à Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques et l’annonce de sa signature par 96 pays, dont la France, ce mercredi. Une avancée majeure vers l’adoption d’un texte juridiquement contraignant censé mettre fin au fléau de la pollution plastique. « Ce traité est urgent et essentiel parce que c'est toute la trajectoire que nous avons connu en Méditerranée qui risque de se généraliser à l'échelle mondiale. L’enjeu c’est d’absolument éviter cela », pose-t-il en rappelant que dans les années 1980, une réglementation avait déjà failli interdire les plastiques jetables. « Nous sommes passés à côté d'un moment déterminant qui aurait pu éviter la situation déplorable dans laquelle on est aujourd’hui, à cause d’un loobing extrêmement agressif, extrêmement intense, de l'industrie de la pétrochimie. Et aujourd'hui, on se retrouve plus de 30 ans après, avec la même chance de pouvoir se sortir de cette situation où on subit la pollution. Il ne faut pas louper cette chance », insiste-t-il.
En attendant la concrétisation de ces négociations internationales, ces deux dernières années Mare Vivu n’a pour sa part pas ménagé ses efforts pour agir contre la pollution plastique autour de la Corse. « Nous avons monté un programme qui s'appelle Riparu, dont le but est d’abord de continuer à recueillir de la donnée sur la pollution plastique, mais de manière très localisée à l'échelle du Parc naturel marin du Cap-Corse et de l’Agriate, afin de faire un diagnostic scientifique complet sur les quantités et les types de déchets que l’on collecte. Cela nous permet ensuite de créer des outils pour faire de la pédagogie autour du problème à traiter. Nous nous sommes focalisés pour l'instant, sur quatre thématiques principales mises en avant par nos données qui sont l’impact des mégots de cigarette, les bouteilles plastique, ainsi que deux phénomènes de processus : la pratique des envols de déchets, avec la gestion des poubelles, et la question des décharges sauvages », dévoile Pierre-Ange Giudicelli, « Si on fait un travail efficace et puissant sur ces quatre enjeux, on va déjà créer une dynamique importante à l'échelle locale pour prévenir à la source des grandes quantités de pollution plastique ». Prometteur, le programme Riparu a reçu le soutien financier du parc marin ainsi que de l’Ademe et a notamment déjà permis de sensibiliser près de 300 élèves lors d’une soixantaine d’interventions scolaires en Corse à ces problématiques. « Nous avons choisi d’appeler ce programme Riparu car en corse, c'est un terme qui est assez intéressant parce qu’il signifie à la fois le remède et à la fois le rempart. L'idée, c'est de dire qu'on vient apporter un soutien à une problématique qui est présente », glisse le président de Mare Vivu avant de conclure : « Les déchets sont déjà là et il faut arriver à traiter cette problématique-là. Mais on n'arrivera à rien si on ne fait pas en parallèle de la prévention, et si on ne construit pas une stratégie de long terme pour endiguer cette pollution ».
Selon le président de Mare Vivu, la situation est ainsi aujourd’hui « hors de contrôle ». « La seule chose qu'on puisse faire c'est limiter la casse et surtout empêcher le phénomène d'empirer. Nous sommes dans une situation d'urgence absolue. Nous sommes dos au mur et il faut prendre les mesures les plus efficaces, non seulement pour nous, mais pour éviter aux autres pays, qui pour l'instant se focalisent beaucoup sur les macro-déchet avec des mesures essentiellement curatives de se faire surprendre de la même façon avec les micro-plastiques », martèle-t-il en appelant à la mise en place de véritables politiques publiques de prévention et de limitation des plastiques jetables. « Plus on attend, et plus les conséquences sont graves, et moins on a de moyens, de levier pour inverser la tendance ».
Dans ce droit fil, 3 ans après l’entame de négociations internationales, le président de Mare Vivu se réjouit de l’appel lancé à Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques et l’annonce de sa signature par 96 pays, dont la France, ce mercredi. Une avancée majeure vers l’adoption d’un texte juridiquement contraignant censé mettre fin au fléau de la pollution plastique. « Ce traité est urgent et essentiel parce que c'est toute la trajectoire que nous avons connu en Méditerranée qui risque de se généraliser à l'échelle mondiale. L’enjeu c’est d’absolument éviter cela », pose-t-il en rappelant que dans les années 1980, une réglementation avait déjà failli interdire les plastiques jetables. « Nous sommes passés à côté d'un moment déterminant qui aurait pu éviter la situation déplorable dans laquelle on est aujourd’hui, à cause d’un loobing extrêmement agressif, extrêmement intense, de l'industrie de la pétrochimie. Et aujourd'hui, on se retrouve plus de 30 ans après, avec la même chance de pouvoir se sortir de cette situation où on subit la pollution. Il ne faut pas louper cette chance », insiste-t-il.
En attendant la concrétisation de ces négociations internationales, ces deux dernières années Mare Vivu n’a pour sa part pas ménagé ses efforts pour agir contre la pollution plastique autour de la Corse. « Nous avons monté un programme qui s'appelle Riparu, dont le but est d’abord de continuer à recueillir de la donnée sur la pollution plastique, mais de manière très localisée à l'échelle du Parc naturel marin du Cap-Corse et de l’Agriate, afin de faire un diagnostic scientifique complet sur les quantités et les types de déchets que l’on collecte. Cela nous permet ensuite de créer des outils pour faire de la pédagogie autour du problème à traiter. Nous nous sommes focalisés pour l'instant, sur quatre thématiques principales mises en avant par nos données qui sont l’impact des mégots de cigarette, les bouteilles plastique, ainsi que deux phénomènes de processus : la pratique des envols de déchets, avec la gestion des poubelles, et la question des décharges sauvages », dévoile Pierre-Ange Giudicelli, « Si on fait un travail efficace et puissant sur ces quatre enjeux, on va déjà créer une dynamique importante à l'échelle locale pour prévenir à la source des grandes quantités de pollution plastique ». Prometteur, le programme Riparu a reçu le soutien financier du parc marin ainsi que de l’Ademe et a notamment déjà permis de sensibiliser près de 300 élèves lors d’une soixantaine d’interventions scolaires en Corse à ces problématiques. « Nous avons choisi d’appeler ce programme Riparu car en corse, c'est un terme qui est assez intéressant parce qu’il signifie à la fois le remède et à la fois le rempart. L'idée, c'est de dire qu'on vient apporter un soutien à une problématique qui est présente », glisse le président de Mare Vivu avant de conclure : « Les déchets sont déjà là et il faut arriver à traiter cette problématique-là. Mais on n'arrivera à rien si on ne fait pas en parallèle de la prévention, et si on ne construit pas une stratégie de long terme pour endiguer cette pollution ».