À Serra-di-Fium’Orbu, le conservatoire du littoral a présenté ce jeudi les travaux engagés pour restaurer l’embouchure de l’étang d’Urbinu, deuxième plus grand étang de Corse. Lancée en octobre 2023, cette opération de 5,2 millions d’euros vise à rétablir l’échange naturel entre l’étang et la mer, menacé par une accumulation massive de sable.
“On a une responsabilité de maintenir un système écologique le plus résilient possible dans l’étang.” Le conservatoire du littoral de Corse a présenté ce jeudi les travaux réalisés sur l’embouchure de l’étang d’Urbinu. Une opération qui s’est étalée sur plus d’un an pour un montant total de 5,2 millions d’euros, dont 4,8 millions de travaux, financée en grande partie par l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (2,2 millions d’euros), mais aussi par le plan France relance (1,2 millions d’euros), l’agence de financement des infrastructures de transport de France et le conservatoire du littoral de Corse (900 000 euros chacun).
À l’origine de ce chantier, un constat : celui d’une embouchure qui devenait de plus en plus difficile à gérer dans le deuxième plus grand étang de Corse. “L’écosystème de l’étang est constitué d’apports venant du bassin versant, c’est-à-dire toute la zone arrière qui récolte les eaux de pluie, et d’apports venant de la mer”, explique Matthieu Zanca Rossi, délégué adjoint du conservatoire du littoral de Corse. “Le problème, c’est que le bassin versant est petit, avec un apport d’eau assez faible, qui se raréfie avec le changement climatique et la sécheresse. Il ne reste plus qu’un échange entre la mer et l’étang en termes écologiques.”
Mais l’embouchure qui lie la mer à l’étang a connu de nombreux problèmes depuis l’acquisition en 2007 de l’étang par le conservatoire du littoral de Corse, comme “un ensablement progressif du grau sous l’effet des courants, aggravé par des apports de sable lors de tempêtes”, créant “une plateforme sableuse de plus en plus importante au fil des décennies”. L’embouchure se refermant de plus en plus, il était alors devenu indispensable de la préserver. “Si elle venait à se fermer, on aurait connu des crises dystrophiques, avec le développement d’algues qui cassent la photosynthèse et qui entraîne la mort de certaines espèces de faune et de flore. On avait déjà des petits signes, qui n'étaient pas encore alarmants, mais qui nous ont alertés pour intervenir sur cette embouchure. Le but, c’était que l’étang soit toujours relié à la mer, et qu’il soit sain”, détaille Matthieu Zanca Rossi.
Un chantier d’ampleur
Pour garantir ce lien entre la mer et l’étang, de gros travaux ont été entrepris entre le mois d’octobre 2023 et le printemps 2025. Des travaux qui ont principalement consisté à déplacer le sable présent dans l’embouchure. “On a déplacé le résultat de quasiment trente ans d’intervention à cet endroit”, décrit Matthieu Zanca Rossi. “L’étang se fermait une à deux fois par an, selon les conditions météorologiques. Un étang qui se ferme, ce n’est pas dramatique en soi, sauf si c’est en saison estivale, de mai à juillet par exemple, parce qu’on n'a plus d'échanges entre la mer et l'étang, donc plus de renouvellement d'eau, avec une température qui augmente, ce qui cause une réaction en chaîne, et une nécessité d’intervenir rapidement.”
Durant toutes ces années, “on prenait du sable à un endroit pour le déposer à un autre, mais avec les courants marins et le vent, il retombait dans l'embouchure, mais pour la traverser, il fallait la fermer”. “La grande partie des travaux qu’on a réalisés pendant un an et demi, ça a été de curer et de draguer toute cette zone de sable qui perturbait cet échange entre la mer et l’étang. Le deuxième point, ça a été de consolider l’embouchure, en cas d’intervention d’engins sur cette zone. Avant, ce n’était que du sable, et ça pouvait être dangereux de passer d’un côté à un autre. Désormais, il sera plus facile de passer en cas d’intervention dans la gestion future.”
Aujourd’hui, l’étang devrait reprendre sa fonction naturelle, malgré une intervention humaine toujours nécessaire. “Au vu de la météorologie changeante, on aura toujours besoin de l’intervention de nos gestionnaires pour aider le fonctionnement de l’étang”, précise le délégué adjoint du conservatoire du littoral de Corse. “Les travaux vont permettre d’améliorer le moment où l’on vient gérer cet entretien.” L’idée est maintenant de renouveler le plan de gestion de l’étang d’Urbinu. “On va concerter tous les acteurs qui peuvent intervenir sur ce plan d'eau pour renouveler son plan de gestion. On arrive à la fin d'un cycle, en place depuis 2007, avec des travaux qui viennent d’être réalisés. Maintenant, l’idée est de refaire son plan de gestion pour voir où on va aller dans les quinze années à venir. On devrait commencer à lancer les premiers marchés dès l’année prochaine.”