Alors que l’inflation continue de peser lourdement sur les ménages insulaires, la section ajaccienne du Parti communiste français lance un appel à la création d’un front commun contre la cherté de la vie. Objectif : remettre la question sociale au cœur du débat public corse et porter des mesures d’urgence face à l’augmentation des inégalités.
« La vie sur l’île est plus chère qu’ailleurs, et la situation ne cesse de se détériorer. » Dans un communiqué diffusé récemment, la section ajaccienne du Parti communiste français alerte sur l’ampleur de la crise sociale en Corse et appelle à la création d’un Front Uni contre la vie chère. Un appel lancé alors que, selon un sondage réalisé en janvier 2024 par Paroles de Corse, 51 % des personnes interrogées plaçaient le pouvoir d’achat en tête de leurs préoccupations.
Pour le PCF, cette inquiétude traduit une réalité chiffrée. L’inflation en Corse aurait atteint 30 %, selon les données évoquées, tandis que l’Insee relève que 40 % des salariés corses percevaient en 2022 un revenu annuel inférieur à 15 290 euros, contre 31 % au niveau national. L’écart moyen des prix entre l’île et le continent reste de 7 %, malgré une TVA spécifique fixée à 13 %.
Autre marqueur d’inégalité : le coût du carburant, qui continue de dépasser les prix constatés sur le continent. Selon le collectif Agissons Contre la Cherté du Carburant en Corse, ce différentiel représente un surcoût moyen de 300 euros par foyer et par an, soit environ 40 millions d’euros supportés collectivement par les ménages insulaires.
Au-delà des chiffres, Marc-Antoine Leroy pointe « une précarité croissante », notamment chez les jeunes, s’appuyant sur des données du Secours populaire et de l’Insee relayées par Ghjuventù di Manca. La pauvreté infantile, en particulier, y est décrite comme « en hausse inquiétante ».
Dans ce contexte, la section ajaccienne du PCF dénonce une « absence de la gauche au sein de la Collectivité de Corse » et une forme de vide politique autour des enjeux sociaux. « Face à une extrême droite obsédée par les questions identitaires, une droite qui lui emboîte le pas, et des nationalistes corses focalisés quasi exclusivement sur l’autonomie, la question sociale est aujourd’hui orpheline », observe Marc-Antoine Leroy.
Le PCF avance quatre premières propositions : blocage préfectoral des prix sur les produits de première nécessité, lancement d’un plan de construction de logements sociaux, revalorisation de la prime de transport – gelée depuis quinze ans – et ouverture d’une concertation publique sur le pouvoir d’achat. Mais cette liste, précise le communiqué, « n’est pas exhaustive » et a vocation à être enrichie par toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager.
Dans cette perspective, un rassemblement est envisagé devant la préfecture d’Ajaccio. Le PCF appelle les forces politiques, syndicales et associatives à participer à une « discussion large sur des solutions concrètes » pour améliorer les conditions de vie des Corses. « Nous estimons qu’il est indispensable d’unir toutes les bonnes volontés autour d’un objectif commun : construire un Front Uni contre la vie chère », conclut Marc-Antoine Leroy.