Un nouvel hélicoptère pour la sécurité civile de Haute-Corse

Written on 06/12/2025
Léana Serve

Plus puissant, plus moderne et doté des dernières technologies de navigation, le nouvel hélicoptère H145 D3 de la Sécurité civile a été officiellement présenté ce mercredi à Bastia. Entré en service le 30 mai, il succède à un appareil utilisé pendant plus de vingt ans. Avec 30 % de puissance supplémentaire, il permet des interventions plus rapides et plus sûres dans l’ensemble du département.

La Sécurité civile a officiellement présenté ce mercredi, à Bastia, son nouvel hélicoptère de secours. Entré en service le 30 mai dernier, le Dragon 2B, de type H145 D3, vient renforcer les moyens d’intervention aérienne en Haute-Corse. Un appareil de dernière génération, plus puissant et plus adapté aux exigences actuelles du terrain, notamment en zone montagneuse et littorale. Construit par Airbus, ce nouvel hélicoptère affiche une longueur de plus de dix mètres et un poids de 3 800 kg. Son coût : 13 millions d’euros. Il remplace l’ancien modèle EC145 C2, en fonction depuis 23 ans, jugé aujourd’hui obsolète. Le Dragon 2B incarne un tournant technologique pour les secours insulaires, avec des capacités accrues en matière de performance et de sécurité.

Présent lors de la présentation, le préfet de Haute-Corse, Michel Prosic, a salué un outil « indispensable » pour le département. « L’hélicoptère est un élément clé dans notre dispositif d’intervention. Nous sommes un territoire de montagne, un territoire maritime, avec des zones difficiles d’accès. Chaque mission est différente et parfois périlleuse. Il nous fallait garantir aux équipes les meilleures conditions possibles. Ce nouvel appareil permet aux pilotes, mécaniciens et secouristes de travailler avec un niveau de sécurité renforcé », a-t-il souligné.


30 % de puissance en plus

Pour les équipes de la sécurité civile, ce nouvel hélicoptère représente une véritable révolution. Le Dragon 2B dispose désormais de 30 % de puissance en plus par rapport à son prédécesseur, un gain significatif qui permet d’assurer des missions plus sûres, notamment dans les conditions météorologiques les plus complexes. Fabrice Maillet, pilote au sein de la sécurité civile, explique que cette amélioration change tout, surtout dans le relief corse. “En montagne, quand il fait très chaud, l’air est moins porteur, le moteur est moins performant, et les pales demandent plus de puissance. Avec ce gain de puissance, on augmente considérablement notre marge de sécurité sur les opérations.”

Cette nouveauté s’accompagne également d’une adaptation dans la manière de travailler, notamment en ce qui concerne le treuil. Si le câble reste d’une longueur de 90 mètres, comme sur certains modèles précédents, c’est désormais à une hauteur plus importante qu’auront lieu les opérations de treuillage. “Avec 30 % de puissance supplémentaire, le souffle sera plus important sous l’hélicoptère, c’est pourquoi on va devoir travailler plus haut, pour éviter de mettre en danger nos secouristes et les victimes”, précise Fabrice Maillet. “En montagne, on peut faire partir des pierres qui sont en équilibre et blesser nos secouristes. Dorénavant, la majeure partie de nos opérations va être réalisée à 90 mètres, plutôt qu'à 60 mètres comme on le faisait auparavant”, indique Régis Delaremanichere, mécanicien opérateur de bord.


De nouvelles technologies

Pour les équipes de la sécurité civile, l’arrivée du Dragon 2B marque aussi un tournant technologique. Le nouvel appareil est doté d’un système de stabilisation automatique, un outil précieux pour maintenir l’hélicoptère en vol stationnaire. “Il peut décoller tout seul en vertical ou en marche arrière, et il a cette possibilité de maintenir un stationnaire en altitude, quand ce n'est pas trop turbulent”, explique Fabrice Maillet. Autre nouveauté majeure : un système de détection des trafics aériens environnants, similaire à celui des avions de ligne, qui permet de visualiser en temps réel les aéronefs proches. “Ça peut être très intéressant sur un feu de forêt, où beaucoup d'aéronefs évoluent, mais également quand on est à proximité d'un aéroport. Dans ma carrière, j’ai raté trois avions de près, et c’est vraiment un gain de sécurité non négligeable”, précise Fabrice Maillet.
 

Avant de prendre les commandes du Dragon 2B, les équipes ont dû suivre une formation de quelques mois. Les pilotes sont partis à Nîmes, puis ont enchaîné avec des stages spécifiques en montagne, à Chamonix. Désormais, c’est en mer qu’ils se forment. “On utilise tous les modèles de pilotes automatiques en mer pour en voir les bénéfices et les pièges”, détaille Fabrice Maillet. Les mécaniciens, quant à eux, ont été formés en Allemagne, avant de revenir en France pour des formations en mer et en montagne.

À terme, l’hélicoptère sera aussi équipé d’un kit bombardier d’eau, pour intervenir en hors-saison sur les feux de forêt, lorsque les moyens nationaux sont moins disponibles. “Pour éteindre un feu, il faut un dé à coudre d’eau la première minute, puis une bouteille d’eau au bout de trois minutes, et ça se propage très vite. Le but, ce sera vraiment d’attaquer les feux naissants”, décrit Fabrice Maillet. Le kit bombardier d’eau devrait être mis en service avant la fin de l’année.