Après Biguglia mardi, une partie de l'équipe de "Plaine Orientale" était ce jeudi soir au complexe Galaxy de Lecci où ont été projetés les deux premiers épisodes de la série créée par Pierre Leccia, natif de Serra-di-Scopamène. Le réalisateur insulaire qui fut scénariste sur "Mafiosa", évoque les difficultés de son personnage principal d'appartenir à une double identité, sur fond de terreau mafieux.
- Est-ce que l’idée de faire cette série est née quand vous travailliez sur "Mafiosa" ?
Non, ça fait seulement deux ans et demi que je travaille dessus. Sur "Mafiosa ", on ne pensait pas du tout à ça. Je suis resté un temps sans trop rien faire après. Et à un moment, j’ai eu envie de raconter encore des histoires de voyous, avec un truc un peu plus particulier de quête d’identité d’un mec qui n’est pas à sa place, ou qu’on estime qu’il n’est pas à la sienne. Petit à petit, ça s’est mis en place comme ça. J’ai aussi pensé à ce pôle antimafia, qui a existé dans la série avant d’exister dans la réalité ! Et puis la série est partie. Canal + a apprécié le concept et on s’est mis à l’écriture avec Nicole Collet, qui avait déjà produit "Mafiosa", et ma coscénariste Aurélie Teisseire.
- Après avoir vu les deux premiers épisodes, on n’a pas le sentiment que vous avez réalisé une œuvre sur la mafia, qui est plutôt en toile de fond...
C’est vrai que ce n’est pas un film sur la mafia. D’abord, pour une raison très simple : il n’y a pas, au sens américain ou napolitain du terme, de mafia en Corse. Il y a des équipes. Et un système dans certaines équipes qui est sans doute un peu mafieux, parce que maintenant, ces équipes mettent le pied dans le BTP, dans le traitement des déchets, dans les services publics... C’est ce qui fait qu’on est passé du grand banditisme à ce côté un peu plus mafieux. Mais non, c’est d’abord l’histoire d’un frère et d’une sœur. Lui, il est voyou, arabe par sa mère, corse par son père. Il est accepté ni par les uns, ni par les autres. Elle, elle est magistrate, un peu rentre-dedans, pressée… Ils ne se connaissent pas bien. La rencontre va être compliquée. C’est une histoire sur la famille avant tout. La famille du côté des flics. La famille du côté des voyous. C’est ce que je voulais raconter.
- En Corse, quand il s’agit d’aborder la question de la double identité, ce sont les identités corse et française qui prennent toute la place, pour des raisons politiques évidentes. Estimiez-vous qu’on n’abordait pas suffisamment la réalité de la communauté maghrébine qui y vit ?
Ce n’est pas la place de la communauté maghrébine, ou celle issue de l’immigration que j’ai voulu évoquer. Moi, j’aime bien parler des gens qui font des pas de travers, qu’ils soient corses ou arabes. Les gens qui ne suivent pas les chemins qui devraient suivre. Ici, c’est une manière de parler des petites mains du trafic qui, à un moment, veulent tuer le père et prendre la place. Ce qui est assez logique, parce que le grand banditisme les a employés pour faire des choses et eux aspirent à avoir plus de parts du gâteau.
Non, ça fait seulement deux ans et demi que je travaille dessus. Sur "Mafiosa ", on ne pensait pas du tout à ça. Je suis resté un temps sans trop rien faire après. Et à un moment, j’ai eu envie de raconter encore des histoires de voyous, avec un truc un peu plus particulier de quête d’identité d’un mec qui n’est pas à sa place, ou qu’on estime qu’il n’est pas à la sienne. Petit à petit, ça s’est mis en place comme ça. J’ai aussi pensé à ce pôle antimafia, qui a existé dans la série avant d’exister dans la réalité ! Et puis la série est partie. Canal + a apprécié le concept et on s’est mis à l’écriture avec Nicole Collet, qui avait déjà produit "Mafiosa", et ma coscénariste Aurélie Teisseire.
- Après avoir vu les deux premiers épisodes, on n’a pas le sentiment que vous avez réalisé une œuvre sur la mafia, qui est plutôt en toile de fond...
C’est vrai que ce n’est pas un film sur la mafia. D’abord, pour une raison très simple : il n’y a pas, au sens américain ou napolitain du terme, de mafia en Corse. Il y a des équipes. Et un système dans certaines équipes qui est sans doute un peu mafieux, parce que maintenant, ces équipes mettent le pied dans le BTP, dans le traitement des déchets, dans les services publics... C’est ce qui fait qu’on est passé du grand banditisme à ce côté un peu plus mafieux. Mais non, c’est d’abord l’histoire d’un frère et d’une sœur. Lui, il est voyou, arabe par sa mère, corse par son père. Il est accepté ni par les uns, ni par les autres. Elle, elle est magistrate, un peu rentre-dedans, pressée… Ils ne se connaissent pas bien. La rencontre va être compliquée. C’est une histoire sur la famille avant tout. La famille du côté des flics. La famille du côté des voyous. C’est ce que je voulais raconter.
- En Corse, quand il s’agit d’aborder la question de la double identité, ce sont les identités corse et française qui prennent toute la place, pour des raisons politiques évidentes. Estimiez-vous qu’on n’abordait pas suffisamment la réalité de la communauté maghrébine qui y vit ?
Ce n’est pas la place de la communauté maghrébine, ou celle issue de l’immigration que j’ai voulu évoquer. Moi, j’aime bien parler des gens qui font des pas de travers, qu’ils soient corses ou arabes. Les gens qui ne suivent pas les chemins qui devraient suivre. Ici, c’est une manière de parler des petites mains du trafic qui, à un moment, veulent tuer le père et prendre la place. Ce qui est assez logique, parce que le grand banditisme les a employés pour faire des choses et eux aspirent à avoir plus de parts du gâteau.
- On voit que le personnage de Reda est tiraillé entre ses deux origines. Est-ce que la question de l’identité n’écrase pas toutes les autres en Corse ?
Je ne sais pas, je ne suis pas sociologue. Mais quand je vois Raphaël Acloque (l’acteur principal qui joue le personnage de Reda Campana), son père est de Castagniccia et sa mère est Algérienne. Donc, il a la même double identité que le personnage. Et c’est marrant, parce qu’il se sent 100 % corse quand il est ici et 100 % arabe quand il est en Algérie. Je pense que c’est compliqué, quand on est issu d’une double communauté, de trouver sa place dans les deux communautés. Car le propre d’une communauté, c’est de rejeter un peu l’autre. Et donc, le rejet est à 50 %, mais un rejet, même à 50 %, c’est violent.
- La série livrée, comment abordez-vous cette période de promotion dans les cinémas, chez vous en Corse ?
Je suis pressé que la série fasse sa vie. J’ai hâte qu’elle soit diffusée et que les gens la découvrent. Maintenant, je ne peux plus rien pour elle, « Plaine Orientale » est une grande fille ! « Plaine Orientale », c’est d’ailleurs un titre un peu clin d’œil à l’origine du personnage principal, et aussi au fait que la famille de voyous dont parle la série est issue de la Plaine orientale.
- Une deuxième saison est-elle d’ores et déjà en préparation ?
Ce sera la décision du diffuseur. Il faudra que l’accueil soit positif et que la série fonctionne. Car derrière tout ça, il y a aussi une réalité économique. Je suis assez confiant, mais...
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"Plaine orientale" est une série originale Canal + créée par Pierre Leccia et produite par Nicole Collet. Avec Raphaël Acloque, Lina El Arabi, Veerle Baetens, Cédric Appietto, Antonia Desplat, Aurélie Gabrielli, Henry-Noël Tabary, Eric Fraticelli, Julie Ledru, Rachid Guellaz, Véronique Volta, Adel Bencherif... Les huit épisodes de 52 minutes seront diffusés à partir de ce lundi 26 mai à 21 heures sur Canal + .
Je ne sais pas, je ne suis pas sociologue. Mais quand je vois Raphaël Acloque (l’acteur principal qui joue le personnage de Reda Campana), son père est de Castagniccia et sa mère est Algérienne. Donc, il a la même double identité que le personnage. Et c’est marrant, parce qu’il se sent 100 % corse quand il est ici et 100 % arabe quand il est en Algérie. Je pense que c’est compliqué, quand on est issu d’une double communauté, de trouver sa place dans les deux communautés. Car le propre d’une communauté, c’est de rejeter un peu l’autre. Et donc, le rejet est à 50 %, mais un rejet, même à 50 %, c’est violent.
- La série livrée, comment abordez-vous cette période de promotion dans les cinémas, chez vous en Corse ?
Je suis pressé que la série fasse sa vie. J’ai hâte qu’elle soit diffusée et que les gens la découvrent. Maintenant, je ne peux plus rien pour elle, « Plaine Orientale » est une grande fille ! « Plaine Orientale », c’est d’ailleurs un titre un peu clin d’œil à l’origine du personnage principal, et aussi au fait que la famille de voyous dont parle la série est issue de la Plaine orientale.
- Une deuxième saison est-elle d’ores et déjà en préparation ?
Ce sera la décision du diffuseur. Il faudra que l’accueil soit positif et que la série fonctionne. Car derrière tout ça, il y a aussi une réalité économique. Je suis assez confiant, mais...
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"Plaine orientale" est une série originale Canal + créée par Pierre Leccia et produite par Nicole Collet. Avec Raphaël Acloque, Lina El Arabi, Veerle Baetens, Cédric Appietto, Antonia Desplat, Aurélie Gabrielli, Henry-Noël Tabary, Eric Fraticelli, Julie Ledru, Rachid Guellaz, Véronique Volta, Adel Bencherif... Les huit épisodes de 52 minutes seront diffusés à partir de ce lundi 26 mai à 21 heures sur Canal + .