Dans son dernier bilan conjoncturel régional, la Banque de France dresse un état des lieux de l’activité économique en Corse pour le mois d’avril. Si le secteur de l'industrie montre une légère hausse d’activité, les services marchands constatent un léger retrait par rapport à 2024. Le bâtiment reste pour sa part en grande difficulté.
La Banque de France vient de dévoiler son bilan conjoncturel régional pour le mois d’avril, qui dresse les grandes tendances économiques en Corse dans les secteurs de l’industrie, des services marchands et du bâtiment. Le document s’appuie sur les réponses de plus de 8 000 entreprises interrogées entre le 28 avril et le 6 mai dans toute la France, dont plusieurs dizaines à travers l’île. En préambule, l’enquête indique qu’au niveau national, l’activité “a nettement progressé en avril dans l’industrie et le bâtiment, et plus modérément dans les services marchands”. Sur le territoire insulaire, le mois d’avril affiche une dynamique plus contrastée, avec des situations très différentes selon les secteurs.
Une activité industrielle en légère progression
Dans le secteur de l’industrie, l’activité a progressé en avril, après un premier trimestre plus calme en raison de la saisonnalité. La hausse a été “assez marquée” pour l’agroalimentaire, même si l’activité “reste en retrait sur le cumul de ce quadrimestre”. En cause : “un flux en recul plus marqué sur les commandes en provenance de Corse que de celles du continent”, mais aussi “des recrutements de personnel qualifié difficiles qui pénalisent certaines productions” et “des trésoreries qui restent tendues pour une majorité d’acteurs” en raison de “tensions parfois accentuées par des conditions de paiement affermies par les fournisseurs en raison des incertitudes ambiantes”. L’étude précise néanmoins que le prix des matières premières reste globalement stable.
Du côté du matériel de transport et des autres produits industriels, la hausse reste “plus tempérée”. Pour le matériel de transport, l’étude indique que “la demande reste forte” mais que l’activité est “toujours freinée par des difficultés d’approvisionnement et le manque de personnel qualifié”. Le secteur est aussi “très concerné” par les récentes annonces de la hausse des taxes américaines. Pour les autres produits industriels en revanche, l’activité “ne progresse pas significativement et reste en retrait sur le cumul à fin avril”, en raison de “carnets de commandes toujours courts et inférieurs à leur standard de saison”, mais aussi de “trésoreries tendues pour la plupart des acteurs”.
Un mois d’avril “conforme aux attentes” pour les services marchands
Dans les services marchands, l’activité du mois d’avril a été “conforme aux attentes”, bien qu’en “léger retrait” par rapport à la même période en 2024. Le démarrage de la saison touristique a été freiné par une météo peu favorable, en particulier dans l’hôtellerie, où l’activité s’est montrée “peu dynamique”. Les prix des nuitées sont restés stables, mais les réservations “peinent à se concrétiser”, malgré une demande présente. Les professionnels notent toutefois des signaux plus positifs pour les mois de mai et juin, même si la saison estivale semble “en retard à ce jour”. La location automobile, quant à elle, a bien fonctionné en avril, avec “des séjours plus longs”. En revanche, les perspectives pour le mois de mai s’annoncent plus mitigées, en raison des ponts, “moins porteurs de flux pour l’île”.
Pour les transports et l’entreposage, l’activité du mois d’avril “a été conforme à l’attendu et équivalente à celle de 2024”. L’étude précise que “les volumes transportés sont globalement équivalents”, et “les prix du transport sont indiqués stables”. Néanmoins, “les perspectives d’activité sont difficiles à apprécier et seront liées aux flux touristiques et aux flux de marchandises qui les accompagnent”, malgré un secteur qui ne connaît pas de difficultés notables en matière de recrutement.
Le secteur du bâtiment toujours en difficulté
La Banque de France souligne que le secteur du bâtiment “reste dans une situation dégradée avec une activité bien inférieure à l’attendu”. Après “un léger frémissement” observé au mois de mars, la demande “reste globalement très insuffisante” pour le mois d’avril. Les carnets de commandes sont très courts, et se caractérisent par “la rareté des nouveaux gros chantiers”. Si “le passage de la saison pré-estivale propice aux travaux sera sans doute décisif pour certains acteurs, l’absence de redémarrage significatif pourrait faire se concrétiser des restructurations significatives”. L’étude décrit que de nombreuses sociétés ont déjà entamé des restructurations, qui passent par des réductions d’effectifs.
Pour le gros œuvre, les carnets de commandes sont eux aussi “très creux”, avec “très peu de nouveaux appels d’offres et des demandes d’entretiens ou de rénovations en berne”. Les délais de paiements, “longs”, ont “un impact fort sur des trésoreries en forte tension”. L’activité est aussi pénalisée par “des difficultés d’approvisionnement sur certaines matières premières pour lesquelles les fournisseurs peinent à répondre à la demande”. Du côté du second œuvre, l’étude met en avant une activité “dans une stabilité basse et en retrait par rapport à 2024”. Selon elle, “la situation semble se dégrader par rapport à mars avec une demande publique faible et la mise en attente des travaux de rénovation d’acteurs privés”. L’activité du mois de mai “devrait être sur la même tendance”.