La lutte contre les pratiques mafieuses était à l’ordre du jour de la session de l’Assemblée de Corse. L’Exécutif a fait un point d’étape sur les actions déjà engagées au sein de la Collectivité de Corse notamment en matière de commande publique et de contrôle interne. Le débat s’est focalisé sur le projet de création d’une Commission consultative dédiée à la lutte contre les pratiques mafieuses réunissant les élus, les collectifs anti-mafia et les représentants de la société civile. Et surtout sur sa composition qui se monte au final à 35 membres, loin du souhait des collectifs qui voulaient une commission resserrée.
Le débat antimafia s’annonçait délicat, et la circonspection fut de mise. Le rapport sur les pratiques mafieuses, qui était en discussion, vendredi, à l’Assemblée de Corse, a occupé les élus une partie de la journée. Après la délibération du 28 février 2025, votée à l’unanimité, qui avait débouché sur des propositions pour « une société corse libre, apaisée et démocratique », il s’agissait d’abord de faire un point d’étape sur les actions et la trentaine de mesures déjà mises en œuvre par l’Exécutif corse, et surtout d’examiner le projet de création d’une Commission ad hoc dédiée à la lutte contre les pratiques mafieuses et réclamées par les collectifs Massimu Susini et A Maffia No, A Vita Iè. Si le premier point n’a donné lieu à aucun commentaire, le second a suscité un peu plus de discussions. L’enjeu étant de mettre tout le monde d’accord, pas les élus entre eux qui ont affiché une convergence certaine, mais plutôt avec les deux collectifs anti-mafia, ce qui, au vu des divergences étalées ou plus sourdes entre la prudence des premiers et l’activisme des seconds, n’est pas une mince affaire. « L’objectif est, après un travail de concertation, de trouver un point d’équilibre et de faire converger le maximum des élus et des forces vives au sein d’une même instance », indique le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni.
Des actions effectives
Sur le travail fait, le président de l’Exécutif insiste sur quelques points importants, notamment en termes de commande publique et de contrôle interne à la Collectivité de Corse. « Nous avons cherché à renforcer la sécurité de nos processus de décisions, particulièrement ce qui touche au contrôle de notre activité et des marchés publics. Nous avons pris la décision de renforcer le rôle de l’Inspection générale des services ». Il révèle que les courriers adressés au Préfet de région, relatifs à l’accompagnement économique des victimes d’infractions de destruction criminelle ou à la demande de communication à la CdC du contrôle de légalité des actes d’urbanisme en vue d’éventuels recours sont, pour l’heure, restés sans réponse. Tout comme dans le cadre des adaptations législatives ou règlementaires, les demandes de présentation annuelle devant l'Assemblée de Corse de la politique pénale menée dans l’île ou la « proposition d'introduction dans le Code de la commande publique de la notion de « bénéfice raisonnable » qui exclut tout surprofit au détriment de la personne publique ». Gilles Simeoni annonce que, dans le cadre de la révision partielle du PADDUC (Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse), un comité de pilotage, élargi au CESEC, se réunira le 17 novembre. « Nous avons proposé d’intégrer, y compris sous un angle opérationnel, toutes les propositions contenues dans la délibération du 28 février, notamment dans le domaine de la construction et de l’urbanisme ». Enfin, en matière d’éducation et de formation, un partenariat stratégique a été noué avec le Rectorat de Corse : « C’est grâce à l’engagement du Recteur Paolini que ce dispositif innovant, sans équivalent en France, a pu être mis en place. Ce partenariat a débouché sur le projet d’un voyage d’études en Italie, visant à mieux connaître l’approche pédagogique mise en œuvre dans la péninsule ». Il rendra public le rapport de l’Agence française Anticorruption Corse (AFA) sur sa mission de contrôle de la CdC. « Cela démontre bien que nous avons la volonté de concrétiser de façon opérationnelle, volontariste et forte, nos engagements en matière de construction d’une société corse, réellement démocratique ».
Un point d’équilibre
Concernant la création de la Commission anti-mafia, l’assemblée de Corse devait statuer sur son nom - les collectifs et les autres instances consultatives ayant émis des dénominations différentes -, sa composition, ses modalités d’action et ses limites, ses premières pistes de travail et les moyens attribués. L’essentiel de la discussion a tourné autour de la composition établie par l’Exécutif. « Il y a deux exigences contradictoires. D’un côté, la volonté portée par les deux collectifs d’avoir une espèce de task force motivée, opérationnelle, décisionnelle qui réunit les acteurs les plus motivés de la lutte antimafia. De l’autre côté, la vision de dire que le combat contre les pratiques mafieuses concerne toute la société corse et doit réunir toutes les forces vives. Il faut trouver un point d’équilibre entre ces deux visions », explique Gilles Simeoni. Il propose, tout « en restant ouvert à la discussion », une commission composée de 29 membres, onze élus de l’Assemblée de Corse, deux représentants de la CdC, quatre représentants des instances consultatives et de l’Université, et douze membres de la société civile, dont trois membres pour chacun des deux collectifs antimafia. Le président Simeoni veut y rajouter un représentant des deux associations de maires et de la Chambre des territoires qui représente les intercommunalités. Le CESEC demande d’y adjoindre un représentant de l’Etat et des syndicats. Sur la question de la présidence, les comités anti-mafia plaident pour que la présidence leur soit attribuée de droit, en alternance. « Ce n’est pas possible en l’état », estime Gilles Simeoni. Côté missions, la Commission doit analyser le phénomène mafieux en Corse, proposer des actions concrètes, à savoir des dispositifs nouveaux, des rapports à l’Assemblée, jouer un rôle de veille et traiter les alertes. Elle doit aussi assurer le suivi des travaux et tenir les Corses informés de manière annuelle. Ses deux premières actions concerneront la révision du PADDUC et les modalités de transposition en droit français, adaptées à la Corse, du code de la commande publique italien dans le cadre de la construction de la ligne ferroviaire Lyon-Torino. Le président Simeoni fixe aussi les limites de l’action : « En Italie, la commission antimafia a été créée par la loi. Il n’est pas question de reconnaitre à la Commission des pouvoirs d’investigation au sein de la CdC, on ne peut pas reconnaître à une commission non élue des pouvoirs qui ne sont pas attribués à des élus par le suffrage universel ».
Sur le travail fait, le président de l’Exécutif insiste sur quelques points importants, notamment en termes de commande publique et de contrôle interne à la Collectivité de Corse. « Nous avons cherché à renforcer la sécurité de nos processus de décisions, particulièrement ce qui touche au contrôle de notre activité et des marchés publics. Nous avons pris la décision de renforcer le rôle de l’Inspection générale des services ». Il révèle que les courriers adressés au Préfet de région, relatifs à l’accompagnement économique des victimes d’infractions de destruction criminelle ou à la demande de communication à la CdC du contrôle de légalité des actes d’urbanisme en vue d’éventuels recours sont, pour l’heure, restés sans réponse. Tout comme dans le cadre des adaptations législatives ou règlementaires, les demandes de présentation annuelle devant l'Assemblée de Corse de la politique pénale menée dans l’île ou la « proposition d'introduction dans le Code de la commande publique de la notion de « bénéfice raisonnable » qui exclut tout surprofit au détriment de la personne publique ». Gilles Simeoni annonce que, dans le cadre de la révision partielle du PADDUC (Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse), un comité de pilotage, élargi au CESEC, se réunira le 17 novembre. « Nous avons proposé d’intégrer, y compris sous un angle opérationnel, toutes les propositions contenues dans la délibération du 28 février, notamment dans le domaine de la construction et de l’urbanisme ». Enfin, en matière d’éducation et de formation, un partenariat stratégique a été noué avec le Rectorat de Corse : « C’est grâce à l’engagement du Recteur Paolini que ce dispositif innovant, sans équivalent en France, a pu être mis en place. Ce partenariat a débouché sur le projet d’un voyage d’études en Italie, visant à mieux connaître l’approche pédagogique mise en œuvre dans la péninsule ». Il rendra public le rapport de l’Agence française Anticorruption Corse (AFA) sur sa mission de contrôle de la CdC. « Cela démontre bien que nous avons la volonté de concrétiser de façon opérationnelle, volontariste et forte, nos engagements en matière de construction d’une société corse, réellement démocratique ».
Un point d’équilibre
Concernant la création de la Commission anti-mafia, l’assemblée de Corse devait statuer sur son nom - les collectifs et les autres instances consultatives ayant émis des dénominations différentes -, sa composition, ses modalités d’action et ses limites, ses premières pistes de travail et les moyens attribués. L’essentiel de la discussion a tourné autour de la composition établie par l’Exécutif. « Il y a deux exigences contradictoires. D’un côté, la volonté portée par les deux collectifs d’avoir une espèce de task force motivée, opérationnelle, décisionnelle qui réunit les acteurs les plus motivés de la lutte antimafia. De l’autre côté, la vision de dire que le combat contre les pratiques mafieuses concerne toute la société corse et doit réunir toutes les forces vives. Il faut trouver un point d’équilibre entre ces deux visions », explique Gilles Simeoni. Il propose, tout « en restant ouvert à la discussion », une commission composée de 29 membres, onze élus de l’Assemblée de Corse, deux représentants de la CdC, quatre représentants des instances consultatives et de l’Université, et douze membres de la société civile, dont trois membres pour chacun des deux collectifs antimafia. Le président Simeoni veut y rajouter un représentant des deux associations de maires et de la Chambre des territoires qui représente les intercommunalités. Le CESEC demande d’y adjoindre un représentant de l’Etat et des syndicats. Sur la question de la présidence, les comités anti-mafia plaident pour que la présidence leur soit attribuée de droit, en alternance. « Ce n’est pas possible en l’état », estime Gilles Simeoni. Côté missions, la Commission doit analyser le phénomène mafieux en Corse, proposer des actions concrètes, à savoir des dispositifs nouveaux, des rapports à l’Assemblée, jouer un rôle de veille et traiter les alertes. Elle doit aussi assurer le suivi des travaux et tenir les Corses informés de manière annuelle. Ses deux premières actions concerneront la révision du PADDUC et les modalités de transposition en droit français, adaptées à la Corse, du code de la commande publique italien dans le cadre de la construction de la ligne ferroviaire Lyon-Torino. Le président Simeoni fixe aussi les limites de l’action : « En Italie, la commission antimafia a été créée par la loi. Il n’est pas question de reconnaitre à la Commission des pouvoirs d’investigation au sein de la CdC, on ne peut pas reconnaître à une commission non élue des pouvoirs qui ne sont pas attribués à des élus par le suffrage universel ».
Un exercice à relativiser
Le moins que l’on puisse dire est que personne dans l’hémicycle ne se précipite pour prendre la parole. C’est le président du groupe U Soffiu Novu, Jean-Martin Mondoloni, qui finalement ouvre le débat et il commence, lui aussi, par relativiser l’exercice et le périmètre d’action. « Tous les grands tourments de notre société se coagulent et se cristallisent dans l’imaginaire au cours Grandval et on pense que tous les maux de notre société trouvent une solution dans cet hémicycle ». Il revient sur la définition de la mafia et les domaines que couvrent les pratiques mafieuses : « Est-ce que la Corse est touchée par le trafic d’armes, le trafic d’organes, la contrefaçon, la prostitution à grande échelle, la cybercriminalité ? La réponse est non. D’un sceptre large, on revient à trois domaines où nous devons chercher des solutions : la problématique de la drogue, des marchés publics et de l’immobilier. Tous ces sujets relèvent de logiques d’Etat, des fonctions régaliennes tant du point de vue institutionnel que des moyens. C’est l’Etat, rien que l’Etat, qui doit nous apporter des solutions ! ». Il s’interroge sur l’absence de l’Etat dans la Commission : « La place de l’Etat est indispensable, sans quoi on réfléchit avec des personnes qui n’ont aucun levier opérationnel ». Il récuse, ensuite, le quantum de la Commission « C’est une entité où l’on va réfléchir ensemble, les élus du suffrage universel ne peuvent pas avoir une voix de moins que les associations. Ça laisse prospérer l’idée que les élus sont l’objet d’une suspicion croissante de l’opinion publique. C’est dire qu’il y aurait le camp de la vertu représenté par les associations et de l’autre, le camp du mal du côté des élus, surtout de droite qui seraient soumis aux forces de l’argent. Ça ne peut pas fonctionner ! Il faut une égalité de traitement pour ne pas laisser prospérer un chant caricatural qui n’est bon pour personne ». Pour lui, le meilleur moyen de lutter contre la violence reste l’éducation. « Nous devons agir en direction des plus jeunes qui sont des esprits captifs en allant dans les collèges, les lycées, les associations... La violence ne peut pas être l’avenir du territoire. Les conflits, la divergence, c’est la vie, mais la violence ne peut pas être une façon de régler les conflits ».
Le moins que l’on puisse dire est que personne dans l’hémicycle ne se précipite pour prendre la parole. C’est le président du groupe U Soffiu Novu, Jean-Martin Mondoloni, qui finalement ouvre le débat et il commence, lui aussi, par relativiser l’exercice et le périmètre d’action. « Tous les grands tourments de notre société se coagulent et se cristallisent dans l’imaginaire au cours Grandval et on pense que tous les maux de notre société trouvent une solution dans cet hémicycle ». Il revient sur la définition de la mafia et les domaines que couvrent les pratiques mafieuses : « Est-ce que la Corse est touchée par le trafic d’armes, le trafic d’organes, la contrefaçon, la prostitution à grande échelle, la cybercriminalité ? La réponse est non. D’un sceptre large, on revient à trois domaines où nous devons chercher des solutions : la problématique de la drogue, des marchés publics et de l’immobilier. Tous ces sujets relèvent de logiques d’Etat, des fonctions régaliennes tant du point de vue institutionnel que des moyens. C’est l’Etat, rien que l’Etat, qui doit nous apporter des solutions ! ». Il s’interroge sur l’absence de l’Etat dans la Commission : « La place de l’Etat est indispensable, sans quoi on réfléchit avec des personnes qui n’ont aucun levier opérationnel ». Il récuse, ensuite, le quantum de la Commission « C’est une entité où l’on va réfléchir ensemble, les élus du suffrage universel ne peuvent pas avoir une voix de moins que les associations. Ça laisse prospérer l’idée que les élus sont l’objet d’une suspicion croissante de l’opinion publique. C’est dire qu’il y aurait le camp de la vertu représenté par les associations et de l’autre, le camp du mal du côté des élus, surtout de droite qui seraient soumis aux forces de l’argent. Ça ne peut pas fonctionner ! Il faut une égalité de traitement pour ne pas laisser prospérer un chant caricatural qui n’est bon pour personne ». Pour lui, le meilleur moyen de lutter contre la violence reste l’éducation. « Nous devons agir en direction des plus jeunes qui sont des esprits captifs en allant dans les collèges, les lycées, les associations... La violence ne peut pas être l’avenir du territoire. Les conflits, la divergence, c’est la vie, mais la violence ne peut pas être une façon de régler les conflits ».
Pas de fonctionnaires !
La composition de la Commission préoccupe également le président du groupe Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, qui, lui, rejette la participation de l’Etat et de la CdC : « Je considère que doivent être associées à la Commission exclusivement des personnes qui n’ont aucun rattachement à une corporation fonctionnariale quelqu’elle soit, que ce soit l’État ou la Collectivité. C’est un principe de fond. Si on met la CdC, on met l’Etat, et c’est un problème ! » S’il accepte la présence de fonctionnaires en tant que « membres associés », ils ne peuvent, selon lui, « pas être membres de droit au même titre que des politiques ou des associations qui prennent des risques, qui mouillent la chemise. Il y a une différenciation dans la présence et dans la nécessité ». Il souhaite que la question soit tranchée rapidement. « Je suis pour qu’il n’y ait ni l’un, ni l’autre, ni l’Etat, ni les hauts fonctionnaires de la CdC. Une Commission, c’est le travail de personnes qui sont là pour défendre de l’idée, une position politique, sociale et morale. Est-ce qu’un fonctionnaire peut le faire ? Non ! Ne serait-ce que parce qu’il a un devoir de réserve. Donc quelqu’un qui ne peut rien dire, qui ne peut pas commenter et qui ne peut pas donner son avis personnel, n’a pas à être dans cette Commission ». Il réclame la présence des organisations syndicales.
Une parité et une présidence
Un avis partagé par le président du groupe d’U Altra Strada, Pierre Ghionga : « Nous sommes contre la participation de l’Etat et des fonctionnaires. Les élus doivent être plus représentés. Je demande une parité entre les élus et les associations avec la présidence aux élus pour lancer le message que nous sommes impliqués dans cette lutte ». Et de préciser : « Nous partageons la nécessité de faire tout ce qui est de notre responsabilité pour faire disparaître les pratiques criminelles. Nous avons quatre moyens d’agir : les marchés publics, le PADDUC, l’éducation et le développement économique qui doit s’appuyer sur une forte protection de l’environnement, mais ce qui peut faire le plus, en particulier pour la drogue, c’est l’Etat ».
La composition de la Commission préoccupe également le président du groupe Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, qui, lui, rejette la participation de l’Etat et de la CdC : « Je considère que doivent être associées à la Commission exclusivement des personnes qui n’ont aucun rattachement à une corporation fonctionnariale quelqu’elle soit, que ce soit l’État ou la Collectivité. C’est un principe de fond. Si on met la CdC, on met l’Etat, et c’est un problème ! » S’il accepte la présence de fonctionnaires en tant que « membres associés », ils ne peuvent, selon lui, « pas être membres de droit au même titre que des politiques ou des associations qui prennent des risques, qui mouillent la chemise. Il y a une différenciation dans la présence et dans la nécessité ». Il souhaite que la question soit tranchée rapidement. « Je suis pour qu’il n’y ait ni l’un, ni l’autre, ni l’Etat, ni les hauts fonctionnaires de la CdC. Une Commission, c’est le travail de personnes qui sont là pour défendre de l’idée, une position politique, sociale et morale. Est-ce qu’un fonctionnaire peut le faire ? Non ! Ne serait-ce que parce qu’il a un devoir de réserve. Donc quelqu’un qui ne peut rien dire, qui ne peut pas commenter et qui ne peut pas donner son avis personnel, n’a pas à être dans cette Commission ». Il réclame la présence des organisations syndicales.
Une parité et une présidence
Un avis partagé par le président du groupe d’U Altra Strada, Pierre Ghionga : « Nous sommes contre la participation de l’Etat et des fonctionnaires. Les élus doivent être plus représentés. Je demande une parité entre les élus et les associations avec la présidence aux élus pour lancer le message que nous sommes impliqués dans cette lutte ». Et de préciser : « Nous partageons la nécessité de faire tout ce qui est de notre responsabilité pour faire disparaître les pratiques criminelles. Nous avons quatre moyens d’agir : les marchés publics, le PADDUC, l’éducation et le développement économique qui doit s’appuyer sur une forte protection de l’environnement, mais ce qui peut faire le plus, en particulier pour la drogue, c’est l’Etat ».
Un narcotrafic corse
Le président du groupe Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, se concentre, pour sa part, sur les domaines d’action. Pour lui, le mal principal, c’est d’abord la drogue qui gangrène la Corse : « Il y a un narcotrafic corse. Ce sont des dérives graves sur fond de narcotrafic avec de plus en plus d’affaires jusqu’aux villages les plus reculés de l’intérieur où la drogue fait des ravages. Ce n’est pas le fait de petites bandes de villages, c’est un trafic qui relève de la dérive mafieuse. Je le vois en tant que maire ». S’il reconnaît des liens entre les dérives mafieuses et le PADDUC ou l’urbanisme, il appelle à la prudence et à la nuance : « C’est vrai, mais tout ce qui pourrait procéder d’un faisceau des contraintes ne relèvera pas forcément d’un renforcement des emprises mafieuses. Si on pense ça, on ne s’en sortira pas ! Oui, il y a un lien évident entre certaines opérations de spéculations immobilières et des intérêts mafieux, mais ça ne doit pas guider chacune de nos décisions en matière de révision du PADDUC et surtout ça ne doit pas nous exonérer d’une lecture plus vaste des phénomènes. Je constate que nous appliquons au sujet de l’urbanisme, une forme de prudence que nous n'appliquons pas sur d'autres sujets. Il faut un recul nécessaire ». Il évoque également le développement de la prostitution dans l’île : « Il n’y a pas de filières comme on peut le constater ailleurs, mais il y a, dans les collèges et lycées, des sujets graves, y compris liés au trafic de drogue. On pourrait parler de dérives sociales, mais le problème existe. Il est d’une gravité extrême... Nous continuons de penser qu’il y a deux leviers très puissants contre les dérives mafieuses : le premier est le développement économique. Je connais des jeunes qui, si on les avait pris en main au bon moment, n’auraient pas pris des trajectoires délétères. Le second est l’éducation ». Il réaffirme son opposition au recours à des juridictions d’exception : « Le contexte justifie des mesures fortes, mais nous devons rester vigilants car construire une société de droit exige une approche équilibrée ». Tout comme à la transposition du code de marché public italien : « Les élus corses sont-ils plus sensibles que d’autres à la corruption ? Pour moi, la réponse est non ! ». Concernant la représentativité des élus dans la Commission, il désire qu’elle soit « plus généreuse. Deux élus par groupe plutôt qu’un ».
Une commission élargie
Le président de l’Exécutif entend les arguments et donne son accord sur les demandes faites. La discussion se poursuit en Conférence des présidents et aboutit à un accord sur la composition de la Commission qui est fixée à 35 membres répartis dans trois collèges. Un collège d’élus de 16 membres, composé des représentants de l’assemblée de Corse, des deux associations de maires et de la Chambre des territoires. Un second collège des instances consultatives et institutions associées composé de 6 membres issus du CESEC, de l’Assemblea di a Ghjuventu, du Comité d’évaluation des politiques publiques, de l’Université, de la Chambre des métiers et de la Chambre d’agriculture. Le troisième collège de 13 membres représentant la société civile : trois pour chacun des deux collectifs anti-mafia, un pour U Levante, deux pour la LDH, un pour la plateforme citoyenne de Corse, un pour Anticor, deux pour les syndicats professionnels désignés par le collège salarié du CESEC. Les représentants de l’administration sont invités en tant que personnalités qualifiées. La Commission pourra inviter les représentants de l’Etat en fonction des sujets abordés. La présidence sera exercée conjointement par un membre du collège des élus et par un membre du collège de la société civile et renouvelée chaque année. Ce nouveau quantum ne satisfait pas les collectifs anti-mafia qui voulaient « une commission resserrée pour être efficace, travailler dans la sérénité » précisait la veille, Jérôme Mondoloni du collectif Massimu Susini, et qui trouvaient déjà trop élevé le quantum initial de 29 membres. Ce dernier pointe « le manque d’assiduité des élus » pendant les réunions préparatoires et brandit le spectre « d’une commission fantomatique ». A l’inverse, la LDH est satisfaite. C’est sans commentaire que l’hémicycle adopte le rapport à l’unanimité. Auparavant, Gilles Simeoni avait déclaré : « Si on n’arrive pas à changer un certain nombre de paramètres du présent, on devra s’accommoder d’un avenir plus sombre et nous voulons un avenir heureux ».
N.M.
Le président du groupe Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, se concentre, pour sa part, sur les domaines d’action. Pour lui, le mal principal, c’est d’abord la drogue qui gangrène la Corse : « Il y a un narcotrafic corse. Ce sont des dérives graves sur fond de narcotrafic avec de plus en plus d’affaires jusqu’aux villages les plus reculés de l’intérieur où la drogue fait des ravages. Ce n’est pas le fait de petites bandes de villages, c’est un trafic qui relève de la dérive mafieuse. Je le vois en tant que maire ». S’il reconnaît des liens entre les dérives mafieuses et le PADDUC ou l’urbanisme, il appelle à la prudence et à la nuance : « C’est vrai, mais tout ce qui pourrait procéder d’un faisceau des contraintes ne relèvera pas forcément d’un renforcement des emprises mafieuses. Si on pense ça, on ne s’en sortira pas ! Oui, il y a un lien évident entre certaines opérations de spéculations immobilières et des intérêts mafieux, mais ça ne doit pas guider chacune de nos décisions en matière de révision du PADDUC et surtout ça ne doit pas nous exonérer d’une lecture plus vaste des phénomènes. Je constate que nous appliquons au sujet de l’urbanisme, une forme de prudence que nous n'appliquons pas sur d'autres sujets. Il faut un recul nécessaire ». Il évoque également le développement de la prostitution dans l’île : « Il n’y a pas de filières comme on peut le constater ailleurs, mais il y a, dans les collèges et lycées, des sujets graves, y compris liés au trafic de drogue. On pourrait parler de dérives sociales, mais le problème existe. Il est d’une gravité extrême... Nous continuons de penser qu’il y a deux leviers très puissants contre les dérives mafieuses : le premier est le développement économique. Je connais des jeunes qui, si on les avait pris en main au bon moment, n’auraient pas pris des trajectoires délétères. Le second est l’éducation ». Il réaffirme son opposition au recours à des juridictions d’exception : « Le contexte justifie des mesures fortes, mais nous devons rester vigilants car construire une société de droit exige une approche équilibrée ». Tout comme à la transposition du code de marché public italien : « Les élus corses sont-ils plus sensibles que d’autres à la corruption ? Pour moi, la réponse est non ! ». Concernant la représentativité des élus dans la Commission, il désire qu’elle soit « plus généreuse. Deux élus par groupe plutôt qu’un ».
Une commission élargie
Le président de l’Exécutif entend les arguments et donne son accord sur les demandes faites. La discussion se poursuit en Conférence des présidents et aboutit à un accord sur la composition de la Commission qui est fixée à 35 membres répartis dans trois collèges. Un collège d’élus de 16 membres, composé des représentants de l’assemblée de Corse, des deux associations de maires et de la Chambre des territoires. Un second collège des instances consultatives et institutions associées composé de 6 membres issus du CESEC, de l’Assemblea di a Ghjuventu, du Comité d’évaluation des politiques publiques, de l’Université, de la Chambre des métiers et de la Chambre d’agriculture. Le troisième collège de 13 membres représentant la société civile : trois pour chacun des deux collectifs anti-mafia, un pour U Levante, deux pour la LDH, un pour la plateforme citoyenne de Corse, un pour Anticor, deux pour les syndicats professionnels désignés par le collège salarié du CESEC. Les représentants de l’administration sont invités en tant que personnalités qualifiées. La Commission pourra inviter les représentants de l’Etat en fonction des sujets abordés. La présidence sera exercée conjointement par un membre du collège des élus et par un membre du collège de la société civile et renouvelée chaque année. Ce nouveau quantum ne satisfait pas les collectifs anti-mafia qui voulaient « une commission resserrée pour être efficace, travailler dans la sérénité » précisait la veille, Jérôme Mondoloni du collectif Massimu Susini, et qui trouvaient déjà trop élevé le quantum initial de 29 membres. Ce dernier pointe « le manque d’assiduité des élus » pendant les réunions préparatoires et brandit le spectre « d’une commission fantomatique ». A l’inverse, la LDH est satisfaite. C’est sans commentaire que l’hémicycle adopte le rapport à l’unanimité. Auparavant, Gilles Simeoni avait déclaré : « Si on n’arrive pas à changer un certain nombre de paramètres du présent, on devra s’accommoder d’un avenir plus sombre et nous voulons un avenir heureux ».
N.M.
