Bastia : tensions et annulation d’une action de prévention au lycée Fred-Scamaroni

Written on 09/17/2025
Léana Serve

La participation de l’association C3S à une animation de prévention, prévue mardi devant le lycée Fred-Scamaroni à Bastia, a été annulée après des critiques émises sur les réseaux sociaux, notamment par Nicolas Battini, responsable de Mossa Palatina. L’association dénonce une décision « scandaleuse » et « transphobe ».

Ce mardi 16 septembre, une série d’animations de prévention était organisée devant le lycée Fred-Scamaroni à Bastia, à l’initiative de la CPAM de Haute-Corse. L’événement devait accueillir plusieurs stands d’information à destination des lycéens, notamment sur les thématiques de la santé, de la prévention des addictions ou encore de la vie affective et sexuelle. Parmi les structures invitées figurait l’association C3S (Corse Stratégie Santé Sexuelle).
 

Une participation qui a rapidement fait réagir Nicolas Battini, responsable du mouvement Mossa Palatina. Dans un message publié le lundi 15 septembre, au soir, sur le réseau social X, il dénonce la présence de cette structure devant le lycée de Montesoro, indiquant que si « la plupart des stands concernés sont apparemment légitimes et pertinents, la présence d’une association éveille notre vigilance ». Pour appuyer son propos, il fait notamment référence à l’organisation, au mois de juin, de ce qu’il qualifie de « conférence-spectacle de drag-nonnes, entendez de drag-queen déguisées en bonnes sœurs », à la médiathèque d’Ajaccio.
 

Selon lui, cette intervention prévue devant le lycée s’inscrit dans une volonté d’introduire en Corse ce qu’il appelle la « théorie du genre » et d’autres « folies importées », soutenues, selon ses déclarations, par des financements publics de l’ARS et de la CPAM. « Des militants wokes travaillent durablement avec le soutien et les subsides publics de l’ARS et de la CPAM à l’installation en Corse de la théorie du genre et autres folies importées. Ils visent nos gamins. L’Académie de Corse doit retirer l’agrément à toutes les structures de ce genre et les maintenir hors du milieu scolaire. Nous resterons particulièrement vigilants à ce sujet et ne manquerons pas d’informer l’opinion publique lorsque cela sera nécessaire. Et d’agir si besoin  », a-t-il indiqué dans son message.
 
"Une victoire modeste mais concrète"

Le message a suscité de nombreuses réactions en ligne, et la participation de C3S a finalement été annulée. Nicolas Battini s’est félicité de cette décision dans une nouvelle publication sur X, estimant que « c’est une victoire modeste certes, mais concrète ». Selon lui, cette annulation met en lumière « la grande valeur de l’implication militante ». Il appelle désormais à aller plus loin en organisant « une véritable marginalisation de toutes ces assos wokes dont les militants d’extrême gauche sont payés grâce au fruit de votre sueur et de vos impôts ».
 
"Une situation scandaleuse"

Dans un communiqué envoyé ce mercredi aux rédactions, l’association C3S dénonce une situation « scandaleuse » qui « marque un recul des droits des personnes LGBTQIA+, de la lutte contre les discriminations et de la lutte contre toutes les formes de violences ». Elle affirme que l’annulation de son intervention au lycée de Montesoro, prévue dans le cadre d’une « séance d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS), prévue par la loi de 2001 », fait suite à « des publications sur les réseaux sociaux ». « Des dizaines de parents auraient contacté l’établissement scolaire les menaçant de se déplacer dans l’établissement si C3S venait  », écrit-elle.
 
"Allégations transphobes"

L’association réfute catégoriquement les allégations « mensongères » portées à son encontre, notamment dans le cadre de l’événement organisé en juin dernier. « Si C3S lutte bien contre les LGBTQIA+phobies et bénéficie d’ailleurs à ce titre d’un financement étatique provenant de la Dilcra, à aucun moment notre association n’a incité les enfants à devenir “trans” comme cela a pu être écrit », déclare-t-elle, insistant que « ces allégations sont transphobes » et qu’elles se réfèrent « à une action que nous avons menée le 6 juin dernier avec les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, une association qui lutte par ailleurs contre le VIH ». « À aucun moment des enfants n’ont participé à cet événement. L’instrumentalisation politique fallacieuse et transphobe de cet événement a donc eu raison des séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle au Lycée Fred-Scamaroni. Notre action a été annulée »
 

C3S réaffirme « l’obligation de la mise en place des EVARS, qui s’inscrit qui plus est dans un programme scolaire », et rappelle « certains chiffres qui justifient l’urgence de l’application de la loi de 2001 sur la mise en place des EVARS : un enfant victime de violences sexuelles toutes les trois minutes en France, 160 000 enfants victimes chaque année de violences sexuelles, trois enfants par classe, 10 % des cas de LGBTphobie concerne le milieu scolaire […] un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents  ». 

L’association appelle « de [notre] vœu tous les partis politiques à un consensus sur la lutte contre les violences faites aux enfants et contre les discriminations », et exige que « les programmes de lutte contre les violences et les discriminations soient appliqués en Corse », indiquant que « le trouble à l’ordre public est orchestré par celles et ceux qui cherchent à ce que les lois de la République ne soient pas appliquées  ».