La Chambre de métiers et de l’artisanat de Corse a organisé il y a quelques jours une cérémonie à Corte pour remettre le titre de maître artisan ou de maître artisan en métier d’art à onze professionnels. Une distinction qui récompense leur savoir-faire, leur expérience et leur engagement dans la transmission des métiers artisanaux.
Ils sont onze à avoir été distingués, il y a quelques jours, du titre de maître artisan ou de maître artisan en métier d’art. Une reconnaissance attribuée chaque année par la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de Corse, qui a organisé pour l’occasion une cérémonie officielle à Corte afin de mettre en lumière ces professionnels et leurs parcours. « N’importe qui ne peut pas devenir maître artisan », souligne Corinne Gazzini, référente métiers d’art au sein de la CMA. Pour obtenir ce titre, le plus élevé dans le secteur artisanal, il faut remplir des critères exigeants : « Il faut avoir au moins dix ans d'inscription à la Chambre, justifier du brevet de maîtrise dans le métier concerné ou d'un diplôme équivalent, et avoir participé à des actions de formation et de promotion des métiers de l'artisanat. » Une commission de qualification, composée d’élus de la CMA, se réunit chaque année pour examiner les dossiers et valider, ou non, l’attribution des titres.
Des parcours marqués par la passion
Parmi les professionnels titrés cette année figure Alix Janin, conservatrice-restauratrice de peintures. Originaire du continent, elle suit une formation en cinq ans à l’école de Condé, entre Lyon et Paris, avant de s’installer en Corse il y a quatre ans pour travailler sur un chantier à Bastia. Ses diplômes et ses premières réalisations, notamment la restauration complète de la cathédrale de Cervione, suffisent à constituer un dossier pour le titre de maître artisan en métier d’art. Un « bel aboutissement » pour cette fille et arrière-petite-fille d’artisan. « Mon père est ferronnier et mon arrière-grand-père était menuisier. Depuis ma naissance, j'ai toujours voulu être dans le secteur de l'artisanat. Pendant mon lycée, j’ai eu la chance de visiter le Vatican, et de voir des restaurateurs de peintures, et je me suis dit que c'était ce que je voulais faire. Je pense que ce titre, au-delà de mon travail personnel, est vraiment l'aboutissement d'une vie de famille. »
Autre professionnel titré, Joseph Antonetti, menuisier, incarne lui aussi une histoire liée à la transmission. « C’est une histoire de famille. Mon grand-père a commencé au début du siècle dernier. Mon père et mon oncle ont pris la suite », raconte-t-il. Après un CAP obtenu en 2004, il rejoint l’atelier familial, avant de reprendre l’entreprise en 2012. Pour lui, la distinction obtenue est surtout une fierté pour sa famille. « Ça fait toujours plaisir de recevoir un titre, ça veut dire qu'on est quand même reconnus pour ce qu'on fait, mais ça me fait surtout plaisir pour ceux qui m'ont précédé et qui m'ont appris. C’est une fierté plus pour eux que pour moi, c’est une vraie reconnaissance. »
Armando Bianco, maçon, a lui aussi été mis à l’honneur lors de la cérémonie. Après l’obtention de son CAP en 1983 à Corte, il quitte la Corse pour Paris, où il travaille « sur les toits » mais également « sur le chantier de l’arche à La Défense ». De retour sur l’île, il crée son entreprise en 1992 et travaille la plupart du temps seul, avec quelques salariés ponctuels. Mais ce sont surtout ses apprentis qui ont marqué sa carrière. « J’en suis très fier. Ils ont tous réussi leur diplôme et j’ai pu leur transmettre une partie de mon savoir. En tant que maçon, on se sent utile : ce sont des adolescents au départ, et il faut être très attentif, parce que c’est le début de leur vie professionnelle », explique-t-il. Discret, il avoue avoir hésité avant d’accepter le titre de maître artisan. « Au départ, je ne voulais pas l’accepter, mais mon épouse et une cliente m’ont dit qu’il fallait que je le fasse. »
Un projet européen pour accompagner les artisans
Au-delà de la remise des titres, la Chambre de métiers et de l’artisanat de Corse accompagne ses professionnels tout au long de leur carrière. « On essaie toujours d'être au plus près de nos artisans et de proposer nos services », détaille Corinne Gazzini. En ce moment, la CMA travaille sur un projet européen transfrontalier, baptisé Art Lab Net (ALE) Evolution, qui vise à accompagner une quarantaine d’entreprises dans différents secteurs, dont l’artisanat d’art, l’agroalimentaire et les senteurs. Avec le soutien de partenaires situés entre la France et l’Italie, « les artisans bénéficieront d’accompagnements individuels ou collectifs ». « On a essayé de faire remonter les besoins des entreprises, que ce soit en matière de packaging, d'image de marque, de prototypage, de photos… On va essayer de les accompagner à travers de petites actions ponctuelles sur l'année. »