Le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE), c’est ce document stratégique qui oriente l’ensemble de la politique de l’eau sur le territoire insulaire. Il est révisé à intervalles réguliers par la Collectivité de Corse, sur la base d’un état des lieux. Le dernier, en date d’octobre, met en évidence une légère dégradation de la qualité des milieux aquatiques. Vendredi, les élus de l’Assemblée de Corse ont tiré plusieurs analyses issues de ce constat.
Cet état des lieux, réalisé par le Comité de bassin de la Collectivité de Corse, dresse le bilan des activités humaines et des pressions sur les milieux qui en découlent. Il évalue leurs impacts actuels et à l’horizon 2033, sur les milieux mais aussi sur les usages de l’eau, complété d’une analyse économique de ces usages. Il fait aussi le point sur l’état des masses d’eau.
Et ses conclusions mettent en évidence une légère dégradation de la qualité des milieux aquatiques en Corse. En effet, consigne le rapport, « 33 % des masses d’eau présentent un risque de non-atteinte du bon état, soit 8 points de plus qu’en 2019. L’assainissement, en particulier, continue de peser lourd : les principales pressions identifiées concernent les pollutions urbaines et industrielles, les altérations morphologiques, les ruptures de continuité écologique et les prélèvements. »
La Corse dans le haut du panier au niveau national
Le rapport avance une explication : « Les années 2021 et 2023 ayant été particulièrement sèches, cette dégradation pourrait résulter des effets de la baisse des débits et de la réduction de la capacité de dilution des cours d’eau. » Malgré ces fragilités, la situation en Corse demeure meilleure que dans d’autres bassins français, puisque 83 % des eaux de surface restent en bon ou très bon état écologique, et 94 % en bon état chimique. Les eaux souterraines, elles, restent « à un excellent niveau », se réjouit Vannina Chiarelli-Luzi, la présidente de l’Office hydraulique, soit 100 % présentées en bon état chimique, et 87 % en bon état quantitatif.
Dans le détail, l’évaluation des pressions identifie au total 82 masses d’eau avec un risque de non atteinte du bon état d’ici à 2033, soit 33 % des masses d’eau. 20 masses d’eau supplémentaires sont à risque par rapport à l’état des lieux de 2019. Pour les cours d’eau, l’augmentation du risque de 25 % à 33 % des masses d’eau provient essentiellement de la pression de pollution par les nutriments urbains et industriels.
« La qualité de l’eau diminue, c’est quand même un souci pour nous », s’en est émue vendredi Nadine Nivaggioni, au nom du groupe Fà Populu Inseme. 8 % d’augmentation du risque, ce n’est pas rien. Ca veut dire qu’il faut regarder ça d’un œil particulier. Il y a des hameaux anciens qui ne sont pas équipés d’un assainissement. Il y a donc une pollution de la terre et donc de l’eau ensuite. Nous pensons que les efforts doivent être portés là-dessus. » Elle est rejointe dans son analyse par Cathy Cognetti (Un Soffiu Novu), qui préconise « d’aider les petites communes qui sont souvent confrontées à ces problèmes, via une coopération renforcée avec la Collectivité de Corse ». Vannina Chiarelli-Luzi lui a répondu qu’elle était tout à fait disposée à renforcer cette coopération.
Quid des « REUT » ?
Pour Avanzemu, Saveriu Luciani a émis le souhait de voir se généraliser les « REUT » - les unités de réutilisation des eaux usées traitées – destinées en cas de sécheresse à l’arrosage des espaces publics ou à l’irrigation des terres agricoles. « La Collectivité de Corse a réalisé une étude d’opportunités sur les REUT à l’échelle de la Corse », a acquiescé Vannina Chiarelli-Luzi.
S’il se dit conscient de « la réalité du changement climatique », Saveriu Luciani a néanmoins remis en perspective cette dégradation de la qualité des milieux aquatiques insulaires : « On a quand même un état des eaux qui est exceptionnel par rapport à la France, puisqu’on est entre 83 et 100 %. Avec la Loire-Atlantique par exemple, il y a un différenciel de 60 %. Ailleurs, ils sont obligés de dépolluer. Nous, non, on juste a quelques problèmes d’assainissement. »
« Désacraliser la conception de la protection de la nature »
Ingénieur hydraulique de profession, Paul-Félix Benedetti a encore plus relativisé les conclusions de ce rapport. Le leader de Core in Fronte a attiré l’attention sur un petit tableau, glissé en page 11, et qui répertorie selon Météo-France le cumul moyen des précipitations annuelles en Corse, de 1959 à 2024. On y constate que le cycle de sécheresse le plus long a commencé en 1985 pour se terminer en 1991. Et les pics de sécheresse (environ – 35 % de pluie par rapport à une année « normale ») sont intervenus en 1967 et 1970. Actuellement, fait remarquer Paul-Félix Benedetti, « on est effectivement sur un cycle sec qui a débuté en 2020 ». En conclusion, il estime que « la situation générale de la Corse est la même depuis soixante ans. Oui, il y a un réchauffement climatique mondial, mais en Corse, il pleut quasiment pareil. » Or, selon lui, la Corse a besoin de construire « de nouveaux équipements structurants » pour stocker l’eau, comme en témoigne la récente pénurie d’eau potable dans l’Extrême-Sud. Paul-Félix Benedetti préconise carrément de « désacraliser la conception de la protection de la nature. La logique de préservation ne doit pas nous amener des contraintes qui nous empêcheraient de faire des aménagements qui sont vitaux. Sans cela, on ne pourra pas nous demander de suivre une logique de production et d’autonomie alimentaire... »
Ces débats s’inscrivent, rappelons-le, dans le cadre d’une révision du SDAGE actuel. Le futur SDAGE doit lui être adopté avant le 23 décembre 2027. La Collectivité de Corse souhaite aboutir à un document plus lisible, en concertation avec les acteurs locaux. Un « Scontru di l’aqua » sera ainsi organisé prochainement pour favoriser l’échange et enrichir les propositions.
Et ses conclusions mettent en évidence une légère dégradation de la qualité des milieux aquatiques en Corse. En effet, consigne le rapport, « 33 % des masses d’eau présentent un risque de non-atteinte du bon état, soit 8 points de plus qu’en 2019. L’assainissement, en particulier, continue de peser lourd : les principales pressions identifiées concernent les pollutions urbaines et industrielles, les altérations morphologiques, les ruptures de continuité écologique et les prélèvements. »
La Corse dans le haut du panier au niveau national
Le rapport avance une explication : « Les années 2021 et 2023 ayant été particulièrement sèches, cette dégradation pourrait résulter des effets de la baisse des débits et de la réduction de la capacité de dilution des cours d’eau. » Malgré ces fragilités, la situation en Corse demeure meilleure que dans d’autres bassins français, puisque 83 % des eaux de surface restent en bon ou très bon état écologique, et 94 % en bon état chimique. Les eaux souterraines, elles, restent « à un excellent niveau », se réjouit Vannina Chiarelli-Luzi, la présidente de l’Office hydraulique, soit 100 % présentées en bon état chimique, et 87 % en bon état quantitatif.
Dans le détail, l’évaluation des pressions identifie au total 82 masses d’eau avec un risque de non atteinte du bon état d’ici à 2033, soit 33 % des masses d’eau. 20 masses d’eau supplémentaires sont à risque par rapport à l’état des lieux de 2019. Pour les cours d’eau, l’augmentation du risque de 25 % à 33 % des masses d’eau provient essentiellement de la pression de pollution par les nutriments urbains et industriels.
« La qualité de l’eau diminue, c’est quand même un souci pour nous », s’en est émue vendredi Nadine Nivaggioni, au nom du groupe Fà Populu Inseme. 8 % d’augmentation du risque, ce n’est pas rien. Ca veut dire qu’il faut regarder ça d’un œil particulier. Il y a des hameaux anciens qui ne sont pas équipés d’un assainissement. Il y a donc une pollution de la terre et donc de l’eau ensuite. Nous pensons que les efforts doivent être portés là-dessus. » Elle est rejointe dans son analyse par Cathy Cognetti (Un Soffiu Novu), qui préconise « d’aider les petites communes qui sont souvent confrontées à ces problèmes, via une coopération renforcée avec la Collectivité de Corse ». Vannina Chiarelli-Luzi lui a répondu qu’elle était tout à fait disposée à renforcer cette coopération.
Quid des « REUT » ?
Pour Avanzemu, Saveriu Luciani a émis le souhait de voir se généraliser les « REUT » - les unités de réutilisation des eaux usées traitées – destinées en cas de sécheresse à l’arrosage des espaces publics ou à l’irrigation des terres agricoles. « La Collectivité de Corse a réalisé une étude d’opportunités sur les REUT à l’échelle de la Corse », a acquiescé Vannina Chiarelli-Luzi.
S’il se dit conscient de « la réalité du changement climatique », Saveriu Luciani a néanmoins remis en perspective cette dégradation de la qualité des milieux aquatiques insulaires : « On a quand même un état des eaux qui est exceptionnel par rapport à la France, puisqu’on est entre 83 et 100 %. Avec la Loire-Atlantique par exemple, il y a un différenciel de 60 %. Ailleurs, ils sont obligés de dépolluer. Nous, non, on juste a quelques problèmes d’assainissement. »
« Désacraliser la conception de la protection de la nature »
Ingénieur hydraulique de profession, Paul-Félix Benedetti a encore plus relativisé les conclusions de ce rapport. Le leader de Core in Fronte a attiré l’attention sur un petit tableau, glissé en page 11, et qui répertorie selon Météo-France le cumul moyen des précipitations annuelles en Corse, de 1959 à 2024. On y constate que le cycle de sécheresse le plus long a commencé en 1985 pour se terminer en 1991. Et les pics de sécheresse (environ – 35 % de pluie par rapport à une année « normale ») sont intervenus en 1967 et 1970. Actuellement, fait remarquer Paul-Félix Benedetti, « on est effectivement sur un cycle sec qui a débuté en 2020 ». En conclusion, il estime que « la situation générale de la Corse est la même depuis soixante ans. Oui, il y a un réchauffement climatique mondial, mais en Corse, il pleut quasiment pareil. » Or, selon lui, la Corse a besoin de construire « de nouveaux équipements structurants » pour stocker l’eau, comme en témoigne la récente pénurie d’eau potable dans l’Extrême-Sud. Paul-Félix Benedetti préconise carrément de « désacraliser la conception de la protection de la nature. La logique de préservation ne doit pas nous amener des contraintes qui nous empêcheraient de faire des aménagements qui sont vitaux. Sans cela, on ne pourra pas nous demander de suivre une logique de production et d’autonomie alimentaire... »
Ces débats s’inscrivent, rappelons-le, dans le cadre d’une révision du SDAGE actuel. Le futur SDAGE doit lui être adopté avant le 23 décembre 2027. La Collectivité de Corse souhaite aboutir à un document plus lisible, en concertation avec les acteurs locaux. Un « Scontru di l’aqua » sera ainsi organisé prochainement pour favoriser l’échange et enrichir les propositions.