Ajaccio : Jean-Jacques Ottaviani anime des ateliers de chants polyphoniques

Written on 12/11/2025
Alba Marcelli

Chaque mercredi soir depuis début novembre, à l'église Saint-Érasme en cœur de ville, Jean-Jacques Ottaviani anime un atelier de chants polyphoniques. Nous avons pris part à un cours pour s'initier à cet art vocal ancestral.

(Photos : Paule Santoni)

Chaque mercredi, des voix s'élèvent et se mêlent au centre du chœur de l'église Saint-Erasme, dans la vieille ville d'Ajaccio, et suscitent la curiosité des passants dont certains s'arrêtent même un instant pour écouter.  Depuis début novembre, une fois par semaine de 17h30 à 19h, la ville d'Ajaccio propose en effet des cours de chants polyphoniques avec Jean-Jacques Ottaviani. 
 
Nous nous sommes invités dans le groupe pour s'initier au cantu in paghjella, aux côtés de deux Ajacciennes et de Fabien et Anthony, tous deux membres de la Confrérie d'Ucciani. "Nous avons remis en route la Confrérie d'Ucciani qui avait été mise en sommeil dans les années 20. On voudrait que les messes soient chantées, cela permet aux paroissiens de se recueillir, ça embellit l'office. Dans beaucoup de villages en Corse, les messes sont chantées. Au village, nous avons I Voci Di a Gravona mais on ne peut pas toujours les solliciter pour une messe de mariage, de baptême, d'enterrement, pour la messe du dimanche ", confient ces derniers. Et c'est ainsi qu'ils ont décidé de se mettre au chant. "Nous avons cherché où nous pouvions apprendre à chanter et nous avons trouvé cet atelier. C'est du pain béni." Les deux hommes essaient de capter un maximum d'informations, afin d'assimiler les techniques, de mettre en application les conseils de Jean-Jacques Ottaviani et de pouvoir les transmettre. "La technique vocale que l'on apprend ici nous sert pour la messe ", dévoilent-ils.

"Le chant polyphonique nécessite de savoir chanter un minimum, d'avoir une connaissance de ses propres capacités vocales afin de pouvoir chanter avec d'autres, pouvoir ne pas être influencé par la voix de l'autre puisque c'est un chant à plusieurs voix, il y a la maîtrise des intervalles et une oreille relative à avoir mais on reste sur les fondamentaux du chant", explique pour sa part le chanteur.

Avant de débuter le cours, Jean-Jacques Ottaviani échange ainsi avec les participants pour savoir quelle expérience ils ont dans le chant. Et l'atelier débute avec une initiation au chant et des exercices entre 30 à 45 minutes, sous l'oeil de Saint-Erasme. Vocalises en solo et en groupe, avec démonstration de Jean-Jacques Ottaviani. Ce mercredi, nous étions trois femmes et deux hommes, ce qui a permis de travailler les vocalises en groupe. Cela faisait quelques années que je n'avais pas chanté alors il a fallu trouver la bonne tonalité, travailler le placement des notes et oser sortir la voix. L'exercice n'est pas toujours facile mais le cours se déroule dans la bonne humeur et le rire. "Il y a les vocalises, des postures à proscrire, des positionnements, des blocages qu'on peut avoir. (...) Le chant, c'est aussi un moment de détente donc on doit tendre vers ça, essayer de faire des exercices, d'être le plus en phase avec soi-même,  avec son corps, se réapproprier l'espace, la façon de s'entendre, maîtriser la respiration qui est la base du chant. C'est ce qu'on essaie de faire", poursuit le professeur. 

Tout ce qui gravite autour de la paghjella, les chants sacrés et profanes

Après les vocalises, nous avons commencé le travail du chant polyphonique, avec "Quandu seru per Corti". Les hommes étaient sur le registre vocal "seconda", chant de la mélodie principale, et les femmes sur la tierce "terza" pour l'ornement de la chanson. Même si nous n'avions pas " u bassu" qui accompagne "a segonda", la polyphonie a résonné dans l'église.

A la différence du solo, la polyphonie est un mélange des voix, et au début c'est un peu déstabilisant de ne pas s'entendre pour savoir si l'on est sur la bonne tonalité. Mais ce cours est avant tout un moment de plaisir et de partage, pas une recherche de performance. Nos voix masculines et féminines composent peu à peu l'accord polyphonique et c'est déjà l'heure de la fin du cours. Alors rendez-vous est pris pour la semaine d'après.  

"Il y a les chants polyphoniques mais en ce qui concerne l'atelier, il s'agit du chant polyphonique corse, du cantu in paghjella c'est à dire l'art multiséculaire du chant corse, essentiellement polyphonique pour ce qui est de l'atelier, tout ce qui gravite autour de la paghjella ce qui représente le plus le chant polyphonique corse et aussi dans les chants profanes le madrigali, les terzetti et dans les chants sacrés, ça va être tout le répertoire sacré : la messe des morts, la messe des vivants, le chant de la passion."
 
Les cours sont ouverts à tout public, tout niveaux (15 ans +)
Tous les mercredis de décembre de 17h30 à 19h à l'église Saint-Erasme
Informations et inscription gratuite : 04 95 50 41 91

Jean-Jacques Ottaviani anime ces cours de chants polyphoniques, proposés par la Ville d'Ajaccio.