Alors que la saison hivernale a fait brutalement son apparition sur le territoire national, l’association s’apprête à faire face à une demande toujours plus forte, dans un contexte économique et social tendu. En Corse-du-Sud, le président départemental, Jean-Marie Carli, alerte sur l’augmentation des besoins et la fragilité croissante des jeunes.
Jean-Marie Carli, alerte sur l’augmentation des besoins et la fragilité croissante des jeunes, pour cette 41e édition des Restos du Coeur
Depuis le 18 novembre, les Restos du Cœur ont officiellement ouvert leur 41ᵉ campagne d’hiver partout en France. Un rendez-vous désormais incontournable et qui intervient dans un climat économique et social particulièrement instable. L’association rappelle qu’elle a accueilli 1,3 million de personnes et distribué 161 millions de repas sur l’exercice 2024-2025, des chiffres similaires à ceux de l'année précédente, mais qui « masquent une réalité très préoccupante ». L’Observatoire des Restos du Cœur souligne ainsi la détresse sociale d’un public de plus en plus jeune, souvent en situation d’isolement et marqué par une santé mentale fragile. Près de 50 % des personnes accueillies ont moins de 25 ans, un pourcentage inédit qui alarme les responsables de l’association.
Une tendance nationale qui se confirme en Corse-du-Sud
En Corse-du-Sud, la situation n’est guère différente. Jean-Marie Carli, président départemental, confirme une hausse marquée de l’activité : « Nous avons distribué environ 50 % de repas en plus cette année. Le nombre de personnes accueillies a augmenté de plus de 10 %. L’évolution suit la tendance nationale, mais elle reste très forte. » Les Restos du Cœur de Corse-du-Sud comptent aujourd’hui environ 3 000 bénéficiaires, soit près de la moitié du total insulaire. Au total, les centres du département ont distribué environ 400 000 repas sur l’année écoulée, un volume en nette hausse.
Des publics de plus en plus jeunes, mais pas seulement comme au niveau national, les jeunes représentent une part grandissante : « Plus de 40 % de nos bénéficiaires ont moins de 25 ans, mineurs compris. » Mais pour Jean-Marie Carli, l’augmentation de la précarité touche toutes les tranches d’âge : « Elle ne concerne pas seulement les moins de 30 ans : elle touche aussi les plus de 60 ans, les plus de 70 ans et les tranches intermédiaires. C’est une hausse généralisée. » La principale cause pointée du doigt reste l’inflation, qui continue d’éroder le pouvoir d’achat : « Les revenus n’augmentent pas, les prix montent. Beaucoup se retrouvent en situation de fragilité, parfois du jour au lendemain. »
Cinq centres, des bénévoles vieillissants et des besoins qui évoluent
Les Restos du Cœur de Corse-du-Sud s’appuient aujourd’hui sur cinq centres : Ajaccio, Porto-Vecchio, Propriano, un centre itinérant basé à Mezzavia et un second centre itinérant dans l’Extrême-Sud, ouvert il y a trois ans. Si l’aide alimentaire reste le cœur de leur mission, développer d’autres formes d’accompagnement dépend avant tout du nombre de bénévoles : « Ce n’est pas évident d’en trouver. Et beaucoup de nos bénévoles ne sont plus de première jeunesse ».
Les besoins des bénéficiaires, eux, évoluent : « Nous distribuons des repas équilibrés, mais nous aimerions proposer davantage de choix. Grâce à la Collectivité de Corse, nous achetons des denrées que nous ne recevons ni en dons ni via l’association nationale. » La Collectivité de Corse est décrite comme un soutien majeur, tandis que certaines communes – notamment Ajaccio, qui héberge le dépôt départemental – jouent également un rôle clé.
Un premier pas difficile pour les bénéficiaires
À l’approche de la nouvelle campagne, Jean-Marie Carli tient également à adresser un message à celles et ceux qui hésitent encore à solliciter l’aide des Restos : « Le premier pas est difficile, mais une fois qu’il est franchi, les gens sont bien accueillis. Nous faisons tout pour faire vivre la chanson des Restos. »
Interrogé sur l’année 2026, le président des Restos du Cœur de Corse-du-Sud reste prudent : « Qui peut dire ce que nous réserve l’avenir ? Avec la situation nationale et internationale, il est très difficile de prévoir l’évolution de la précarité ». Au niveau national, l’association ne cache pas son inquiétude et appelle clairement les pouvoirs publics et les collectivités à renforcer leur soutien, face à une pauvreté « année après année plus forte, plus installée et plus difficile à combattre ».