À quelques mois des élections municipales bastiaises, le collectif citoyen Via Citadina, porté par l’ancien candidat NFP aux législatives Sacha Bastelica, se veut l’incarnation d’une gauche qui n’a pas cédé aux sirènes des alliances contre nature. Avec Europe Écologie Les Verts et Ecolugia Sulidaria, le jeune Bastiais entend bien peser dans la municipale et se voit même en faiseur de roi.
- Quel est le sens de votre démarche pour les municipales de mars 2026 ?
- C’est une démarche tournée vers l’avenir. Et pour cela, elle doit être porteuse d’idées capables d’attirer, de mobiliser les gens et de proposer une alternative à la politique municipale qui, paradoxalement, est celle du temps court plutôt que celle du temps long. Tout l’engagement de Via Citadina, c’est de partir de cette réalité, notamment dans les quartiers sud : la déshérence, le désespoir, des personnes qui ont été délaissées et qui n’ont pas bénéficié d’une politique publique suffisante: culturelle, sociale, mais aussi de médiation et de lien social.
- Justement, quel bilan faites-vous de la mandature nationaliste ?
- Je reproche deux choses aux nationalistes. La première, c’est d’avoir été la continuité de ce qui existait il y a dix ans. On me dit souvent de ne pas être aussi méchant avec le bilan du Parti Radical de Gauche et du Parti Communiste, mais ce qui a poussé à leur sortie, c’était le clientélisme et le clanisme. Et les nationalistes ont fait la même chose.
Le second reproche, c’est de ne pas avoir pensé la ville sur le temps long. Tous les grands travaux de la ville sont lancés deux ans avant les élections. On le voit avec le théâtre de Bastia, chiffré à 20 millions d’euros et qui grimpe à 50 millions. Il n’y a plus de logique ni de vision dans la gestion de la municipalité.
- Vous menez cette démarche avec Ecolugia Sulidaria et Europe Écologie Les Verts. Vous répondez aussi à un constat : les forces de gauche se sont dévoyées dans des unions contre nature, avant de revenir sur leurs décisions. C’est le cas du Parti communiste qui quitte l’alliance qui avait été annoncée avec Jean Martin Mondoloni et Jean Zuccarelli
- Le choix du Parti communiste, dont nous nous réjouissons, est un choix cohérent, puisqu’il a décidé de ne pas prolonger sa décision de s’engager dans des alliances hétéroclites. Nous avions déjà averti que toutes ces alliances n’avaient pas vocation à tenir dans le temps. Nous disons au Parti communiste, qui connaît nos propositions, que nous avons des points sur lesquels nous pouvons discuter pour construire cette alternative crédible à gauche à Bastia. Je crois que cela permettrait de retrouver une ligne claire pour des électeurs qui sont dans l’attente de voir émerger une ligne cohérente. Si le choix du Parti communiste est de nous rejoindre, ce sera un choix de cohérence.
- Aux dernières législatives, vous étiez candidat : vous avez fait 1 327 voix, 10 % des suffrages sur Bastia. C’est un bon capital, mais vous aviez l’étiquette Nouveau Front Populaire – LFI. Ce ne sera pas le cas pour les municipales. Comment désormais personnifier et incarner le leadership autour d’une liste ?
- Je ne veux pas être un homme providentiel. Ce sont les idées qu’il faut personnifier. Notre programme est même assez souple pour de la gauche. Le capital qu’on a eu, si mécaniquement, et ce n’est pas toujours le cas, est un score qui permet de se maintenir au second tour. Après, on verra ce que cela donnera.
- Via Citadina, c’est déjà une cinquantaine de propositions autour de mesures sociales.
- Parmi les propositions les plus importantes, on retrouve l’encadrement des loyers. Je suis étudiant, je vois la difficulté pour se loger dans des villes où les loyers sont excessifs, et j’ai failli renoncer à mes études à cause de ça. L’autre, c’est la rénovation énergétique des bâtiments, ou encore la régie municipale agricole. Elles ne vont pas être faites sur l’instant, mais constitueront des investissements sur le long terme. L’écologie va nous permettre de faire des économies plus tard. Ensuite, il y a la programmation culturelle, l’objectif de tendre vers la gratuité des transports en commun. Et un sujet très important : la lutte contre la mafia. Notamment l’obligation, à partir de 40 000 euros, d’avoir une concurrence sur les marchés publics. Ce sont des mesures de bon sens que nous serons les seuls à porter.
- L’élection bastiaise va être marquée par une mise en avant de l’insécurité et de la délinquance. Un agenda dicté par les partis d’extrême droite, notamment insulaires, qui voudront profiter d’une très bonne dynamique nationale. Comment les défier sur ce terrain-là ?
- Je refuse de reprendre le discours de l’extrême droite sous prétexte qu’il est en vogue. Je veux me battre avec des idées et convaincre que demain, le quotidien va changer. Il y a par exemple la mise en place d’éducateurs de quartier. Pourquoi le lien social a-t-il disparu ? Apportons des solutions, travaillons avec les associations. En reprenant l’idée de brigade verte, même si on pourrait changer le terme, on pourrait avoir des personnes identifiées pour faire de la médiation, faire remonter certaines choses, mais aussi éviter aux citoyens de faire la loi. Ce n’est pas à eux de le faire mais à l’autorité publique. Il ne faut pas répondre à la crise par la répression, mais par la politique sociale et culturelle.
- Pour l’instant, vous êtes trois composantes. Cette démarche a-t-elle vocation à s’élargir ?
- Quelques militants de La France Insoumise pourraient nous rejoindre individuellement, mais pas de soutien des formations politiques nationales. On n’est pas une coalition, on n’a pas besoin d’être affiliés pour faire les choses, on peut les faire localement. C’est ouvert à tout le monde.
- Certains voudraient territorialiser l’élection bastiaise, en faire le premier round avant les échéances régionales. Est-ce que pour vous, ce serait aussi un moyen de vous ancrer comme une nouvelle gauche émergente, déconnectée des appareils nationaux, afin de peser dans les élections et les débats de société sur l’île ?
- Sans aucun doute. Au-delà des élections municipales, le but de Via Citadina, c’est de dire qu’il y a une voie à gauche qui peut émerger en dehors des instances nationales et des vieux appareils politiques qui ne répondent pas aux problématiques des citoyens, ni à l’écoute des militants. On entend dire : « à Bastia, en Corse, la gauche n’a pas d’espoir ». Elle n’a pas d’espoir car elle ne nous écoute pas et elle s’enlise dans des vieilles positions. Via Citadina peut être l’option d’une nouvelle gauche, qui peut aller encore plus loin. Et c’est ce que j’espère.
- C’est une démarche tournée vers l’avenir. Et pour cela, elle doit être porteuse d’idées capables d’attirer, de mobiliser les gens et de proposer une alternative à la politique municipale qui, paradoxalement, est celle du temps court plutôt que celle du temps long. Tout l’engagement de Via Citadina, c’est de partir de cette réalité, notamment dans les quartiers sud : la déshérence, le désespoir, des personnes qui ont été délaissées et qui n’ont pas bénéficié d’une politique publique suffisante: culturelle, sociale, mais aussi de médiation et de lien social.
- Justement, quel bilan faites-vous de la mandature nationaliste ?
- Je reproche deux choses aux nationalistes. La première, c’est d’avoir été la continuité de ce qui existait il y a dix ans. On me dit souvent de ne pas être aussi méchant avec le bilan du Parti Radical de Gauche et du Parti Communiste, mais ce qui a poussé à leur sortie, c’était le clientélisme et le clanisme. Et les nationalistes ont fait la même chose.
Le second reproche, c’est de ne pas avoir pensé la ville sur le temps long. Tous les grands travaux de la ville sont lancés deux ans avant les élections. On le voit avec le théâtre de Bastia, chiffré à 20 millions d’euros et qui grimpe à 50 millions. Il n’y a plus de logique ni de vision dans la gestion de la municipalité.
- Vous menez cette démarche avec Ecolugia Sulidaria et Europe Écologie Les Verts. Vous répondez aussi à un constat : les forces de gauche se sont dévoyées dans des unions contre nature, avant de revenir sur leurs décisions. C’est le cas du Parti communiste qui quitte l’alliance qui avait été annoncée avec Jean Martin Mondoloni et Jean Zuccarelli
- Le choix du Parti communiste, dont nous nous réjouissons, est un choix cohérent, puisqu’il a décidé de ne pas prolonger sa décision de s’engager dans des alliances hétéroclites. Nous avions déjà averti que toutes ces alliances n’avaient pas vocation à tenir dans le temps. Nous disons au Parti communiste, qui connaît nos propositions, que nous avons des points sur lesquels nous pouvons discuter pour construire cette alternative crédible à gauche à Bastia. Je crois que cela permettrait de retrouver une ligne claire pour des électeurs qui sont dans l’attente de voir émerger une ligne cohérente. Si le choix du Parti communiste est de nous rejoindre, ce sera un choix de cohérence.
- Aux dernières législatives, vous étiez candidat : vous avez fait 1 327 voix, 10 % des suffrages sur Bastia. C’est un bon capital, mais vous aviez l’étiquette Nouveau Front Populaire – LFI. Ce ne sera pas le cas pour les municipales. Comment désormais personnifier et incarner le leadership autour d’une liste ?
- Je ne veux pas être un homme providentiel. Ce sont les idées qu’il faut personnifier. Notre programme est même assez souple pour de la gauche. Le capital qu’on a eu, si mécaniquement, et ce n’est pas toujours le cas, est un score qui permet de se maintenir au second tour. Après, on verra ce que cela donnera.
- Via Citadina, c’est déjà une cinquantaine de propositions autour de mesures sociales.
- Parmi les propositions les plus importantes, on retrouve l’encadrement des loyers. Je suis étudiant, je vois la difficulté pour se loger dans des villes où les loyers sont excessifs, et j’ai failli renoncer à mes études à cause de ça. L’autre, c’est la rénovation énergétique des bâtiments, ou encore la régie municipale agricole. Elles ne vont pas être faites sur l’instant, mais constitueront des investissements sur le long terme. L’écologie va nous permettre de faire des économies plus tard. Ensuite, il y a la programmation culturelle, l’objectif de tendre vers la gratuité des transports en commun. Et un sujet très important : la lutte contre la mafia. Notamment l’obligation, à partir de 40 000 euros, d’avoir une concurrence sur les marchés publics. Ce sont des mesures de bon sens que nous serons les seuls à porter.
- L’élection bastiaise va être marquée par une mise en avant de l’insécurité et de la délinquance. Un agenda dicté par les partis d’extrême droite, notamment insulaires, qui voudront profiter d’une très bonne dynamique nationale. Comment les défier sur ce terrain-là ?
- Je refuse de reprendre le discours de l’extrême droite sous prétexte qu’il est en vogue. Je veux me battre avec des idées et convaincre que demain, le quotidien va changer. Il y a par exemple la mise en place d’éducateurs de quartier. Pourquoi le lien social a-t-il disparu ? Apportons des solutions, travaillons avec les associations. En reprenant l’idée de brigade verte, même si on pourrait changer le terme, on pourrait avoir des personnes identifiées pour faire de la médiation, faire remonter certaines choses, mais aussi éviter aux citoyens de faire la loi. Ce n’est pas à eux de le faire mais à l’autorité publique. Il ne faut pas répondre à la crise par la répression, mais par la politique sociale et culturelle.
- Pour l’instant, vous êtes trois composantes. Cette démarche a-t-elle vocation à s’élargir ?
- Quelques militants de La France Insoumise pourraient nous rejoindre individuellement, mais pas de soutien des formations politiques nationales. On n’est pas une coalition, on n’a pas besoin d’être affiliés pour faire les choses, on peut les faire localement. C’est ouvert à tout le monde.
- Certains voudraient territorialiser l’élection bastiaise, en faire le premier round avant les échéances régionales. Est-ce que pour vous, ce serait aussi un moyen de vous ancrer comme une nouvelle gauche émergente, déconnectée des appareils nationaux, afin de peser dans les élections et les débats de société sur l’île ?
- Sans aucun doute. Au-delà des élections municipales, le but de Via Citadina, c’est de dire qu’il y a une voie à gauche qui peut émerger en dehors des instances nationales et des vieux appareils politiques qui ne répondent pas aux problématiques des citoyens, ni à l’écoute des militants. On entend dire : « à Bastia, en Corse, la gauche n’a pas d’espoir ». Elle n’a pas d’espoir car elle ne nous écoute pas et elle s’enlise dans des vieilles positions. Via Citadina peut être l’option d’une nouvelle gauche, qui peut aller encore plus loin. Et c’est ce que j’espère.