Vernissage ce jeudi 20 novembre au centre culturel Una Volta de l’exposition « Chambre 207 » de Jean-Michel André. Une exposition coproduite par le Centre Méditerranéen de la Photographie.
Né en 1976, Jean-Michel André est diplômé en photographie de l’école des Gobelins. «J'ai commencé la photographie à l'âge de 19 ans » explique -t-il lors du vernissage de son expostion Chambre 207 au centre culturel Una Volta le jeudi 20 novembre.« J'ai fait des études scientifiques et j'ai tout arrêté pour la photographie grâce à un stage de photographie qui m'a fait découvrir cet univers. Cela a été une vraie révélation. Du coup j'ai arrêté mes études scientifiques pour poursuivre dans la photographie ». Son travail de création photographique, au croisement des lectures plastique et documentaire, repose sur une vision politique et poétique d’un territoire, dont il interroge les limites, la mémoire et les évolutions. Il explore aussi la notion de circulation, et notamment celle des flux économiques, financiers et migratoires.
Les questions liées à l’absence, au manque et à la réparation font partie des fils conducteurs de l’ensemble de ses séries. L’artiste a parcouru de nombreuses régions du globe, des voyages qui ont engendré des expositions comme « Dos à la mer », série réalisée dans la Caraïbe, où il a mis en photos l’effondrement d’un modèle de développement fondé sur le tourisme.
Dans « L’autre pays », il entreprend l’archéologie à ciel ouvert de l’explosion de la bulle immobilière en Espagne. Avec « Borders », il provoque la mise en tension de portraits et de fragments de paysages pour interroger la notion de frontière et ses blessures. En 2022, Jean-Michel André fait partie des lauréats de la Grande commande photographique portée par la BnF et le ministère de la Culture pour réaliser son projet « À bout de souffle », récompensé en 2023 par le prix Maison Blanche. «
Chambre 207 » est sa dernière création et a été exposée dans déjà de nombreuses villes. Ce projet a reçu le soutien du Centre national des arts plastiques, de l'Institut pour la photographie des Hauts-de-France, ainsi que du Centre méditerranéen de la photographie. Une exposition* très intimiste, née d’un drame : Le 5 août 1983, alors qu’il faisait une halte d’une nuit avec sa famille sur la route des vacances, le père de Jean-Michel André est assassiné avec six autres personnes dans un hôtel d’Avignon. L’affaire n’a jamais été entièrement élucidée, mais l’enquête a néanmoins fait apparaître un mobile : une tentative de hold-up menée par des malfaiteurs sans envergure qui a dégénéré en carnage.
Âgé de 7 ans et dormant cette nuit-là avec « O » dans une chambre attenante à celle de son père, Jean-Michel André, sous le choc, perd la mémoire. Trente ans plus tard, il entame des recherches, ouvre de nombreuses portes et collecte des documents. La vérité se dérobe, l’auteur déplace alors son regard et disperse l’horreur pour conjurer le traumatisme. « Il y a eu deux éléments déclencheurs dans ce projet que j’ai démarré en 2013. Il y a eu la naissance de ma fille qui est née en décembre 2012. J'ai alors été habité par une forme de responsabilité : pouvoir répondre à ses questions sur la vie de son grand-père, comment et pourquoi il est mort. Comme je n'avais pas ces réponses, j'ai entamé mes recherches. Le deuxième élément déclencheur, c'est la fille de 17 ans qui était avec moi ce soir-là, la fille de la compagne de mon père. On s'est vus deux jours dans nos vies, la veille du drame et le lendemain du drame. Ensuite, nos familles respectives sont venues nous chercher et on ne s'est jamais revus. 30 ans plus tard, trois mois après la naissance de ma fille, elle m'a contacté par mail après avoir vu une vidéo sur mon site Internet, me demandant si j'étais bien le fils de Lucien André. La réception de ce mail m’a beaucoup troublé. Elle m'a expliqué tout ce que moi je ne peux pas raconter puisque ce drame m’avait fait perdre la mémoire. Cet échange est fondamental aussi pour le visiteur de l'exposition parce que ce sont des clés de lecture importantes pour comprendre ce qui s'est passé ».
Une exposition sur fond tragédie mais dans laquelle le photographe glisse de la poésie. « Pour dédramatiser un petit peu. Tout part de l'intime mais il y a une dimension universelle dans ce travail. Je ne suis pas le seul à avoir vécu un traumatisme. On est nombreux. C'est pour ça qu'il y a aussi cette volonté-là d'aller vers la lumière. En fait, quand je parle de quête de vérité et de quête de délivrance, c'est vraiment ça. Avec ce projet je suis passé des ténèbres à la lumière et beaucoup de visiteurs de l’expo m’ont remercié, parfois même en pleurant, en me disant que j’avais réussi à transcender l'horreur, à sublimer le réel. Donc oui, il faut de la poésie pour passer à autre chose, pour disperser toute cette horreur et proposer en fait aussi un geste thérapeutique à la base. Ça demande une certaine maturité, du temps, et sachant aussi que la vérité je ne la connaîtrai jamais ».
Cette exposition a été présentée pour la première fois à Lille, puis aux Rencontres d'Arles, haut-lieu de la photographie. « Exposer aujourd’hui à Bastia est une grande joie car ça représente beaucoup pour moi puisque c'était ce voyage qui était prévu à l'été 83. Je suis passé par toutes les émotions en réalisant ce projet et notamment ici en Corse, c'était très, très fort. Ce que j'ai pu vivre et l'accueil que j'ai eu aussi. Cette exposition va poursuivre son voyage peut-être au Sénégal avec l'Institut français de Dakar. La boucle serait bouclée puisque j'ai passé les cinq premières années de ma vie au Sénégal ».
* « Chambre 207 » - Centre Culturel Una Volta – Rue César Campinchi – Bastia
Jusqu’au 20 décembre
Horaires : Lundi, mardi, jeudi : 9h-12h et 14h-20h
Mercredi : 9h-20h
Vendredi : 9h-12h et 14h-18h
Les questions liées à l’absence, au manque et à la réparation font partie des fils conducteurs de l’ensemble de ses séries. L’artiste a parcouru de nombreuses régions du globe, des voyages qui ont engendré des expositions comme « Dos à la mer », série réalisée dans la Caraïbe, où il a mis en photos l’effondrement d’un modèle de développement fondé sur le tourisme.
Dans « L’autre pays », il entreprend l’archéologie à ciel ouvert de l’explosion de la bulle immobilière en Espagne. Avec « Borders », il provoque la mise en tension de portraits et de fragments de paysages pour interroger la notion de frontière et ses blessures. En 2022, Jean-Michel André fait partie des lauréats de la Grande commande photographique portée par la BnF et le ministère de la Culture pour réaliser son projet « À bout de souffle », récompensé en 2023 par le prix Maison Blanche. «
Chambre 207 » est sa dernière création et a été exposée dans déjà de nombreuses villes. Ce projet a reçu le soutien du Centre national des arts plastiques, de l'Institut pour la photographie des Hauts-de-France, ainsi que du Centre méditerranéen de la photographie. Une exposition* très intimiste, née d’un drame : Le 5 août 1983, alors qu’il faisait une halte d’une nuit avec sa famille sur la route des vacances, le père de Jean-Michel André est assassiné avec six autres personnes dans un hôtel d’Avignon. L’affaire n’a jamais été entièrement élucidée, mais l’enquête a néanmoins fait apparaître un mobile : une tentative de hold-up menée par des malfaiteurs sans envergure qui a dégénéré en carnage.
Âgé de 7 ans et dormant cette nuit-là avec « O » dans une chambre attenante à celle de son père, Jean-Michel André, sous le choc, perd la mémoire. Trente ans plus tard, il entame des recherches, ouvre de nombreuses portes et collecte des documents. La vérité se dérobe, l’auteur déplace alors son regard et disperse l’horreur pour conjurer le traumatisme. « Il y a eu deux éléments déclencheurs dans ce projet que j’ai démarré en 2013. Il y a eu la naissance de ma fille qui est née en décembre 2012. J'ai alors été habité par une forme de responsabilité : pouvoir répondre à ses questions sur la vie de son grand-père, comment et pourquoi il est mort. Comme je n'avais pas ces réponses, j'ai entamé mes recherches. Le deuxième élément déclencheur, c'est la fille de 17 ans qui était avec moi ce soir-là, la fille de la compagne de mon père. On s'est vus deux jours dans nos vies, la veille du drame et le lendemain du drame. Ensuite, nos familles respectives sont venues nous chercher et on ne s'est jamais revus. 30 ans plus tard, trois mois après la naissance de ma fille, elle m'a contacté par mail après avoir vu une vidéo sur mon site Internet, me demandant si j'étais bien le fils de Lucien André. La réception de ce mail m’a beaucoup troublé. Elle m'a expliqué tout ce que moi je ne peux pas raconter puisque ce drame m’avait fait perdre la mémoire. Cet échange est fondamental aussi pour le visiteur de l'exposition parce que ce sont des clés de lecture importantes pour comprendre ce qui s'est passé ».
Une exposition sur fond tragédie mais dans laquelle le photographe glisse de la poésie. « Pour dédramatiser un petit peu. Tout part de l'intime mais il y a une dimension universelle dans ce travail. Je ne suis pas le seul à avoir vécu un traumatisme. On est nombreux. C'est pour ça qu'il y a aussi cette volonté-là d'aller vers la lumière. En fait, quand je parle de quête de vérité et de quête de délivrance, c'est vraiment ça. Avec ce projet je suis passé des ténèbres à la lumière et beaucoup de visiteurs de l’expo m’ont remercié, parfois même en pleurant, en me disant que j’avais réussi à transcender l'horreur, à sublimer le réel. Donc oui, il faut de la poésie pour passer à autre chose, pour disperser toute cette horreur et proposer en fait aussi un geste thérapeutique à la base. Ça demande une certaine maturité, du temps, et sachant aussi que la vérité je ne la connaîtrai jamais ».
Cette exposition a été présentée pour la première fois à Lille, puis aux Rencontres d'Arles, haut-lieu de la photographie. « Exposer aujourd’hui à Bastia est une grande joie car ça représente beaucoup pour moi puisque c'était ce voyage qui était prévu à l'été 83. Je suis passé par toutes les émotions en réalisant ce projet et notamment ici en Corse, c'était très, très fort. Ce que j'ai pu vivre et l'accueil que j'ai eu aussi. Cette exposition va poursuivre son voyage peut-être au Sénégal avec l'Institut français de Dakar. La boucle serait bouclée puisque j'ai passé les cinq premières années de ma vie au Sénégal ».
* « Chambre 207 » - Centre Culturel Una Volta – Rue César Campinchi – Bastia
Jusqu’au 20 décembre
Horaires : Lundi, mardi, jeudi : 9h-12h et 14h-20h
Mercredi : 9h-20h
Vendredi : 9h-12h et 14h-18h