Ce vendredi, le sable clair de la plage Tahiti a servi de décor à un anniversaire pas comme les autres : les dix ans du Réseau Alien Corse (RAC). Créé à l'initiative de l’Office de l’Environnement de la Corse en 2015, ce réseau discret mais essentiel, est engagé dans la surveillance et la lutte contre les espèces marines exotiques envahissantes, phénomène encore méconnu mais aux conséquences majeures pour la biodiversité, la pêche et l’économie insulaire.
Pour les 10 ans du Réseau Alien, piloté par l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC), une journée de sensibilisation a réuni, ce vendredi 14 novembre sur la plage du Ricanto à Ajaccio, scientifiques, plongeurs, associations, scolaires et grand public autour d’une manifestation riche en ateliers, tables rondes, démonstrations et sorties naturalistes. Dix ans après son lancement en 2015, le RAC mesure le chemin parcouru… et les défis encore à venir.
Un réseau jeune, issu d’une longue histoire scientifique
« Le réseau Alien date d’il y a dix ans, mais il fait suite à un réseau beaucoup plus ancien, créé en 2003, le réseau Caulerpes », rappelle Nathalie Paoli-Leca, cheffe du service Mer de l’OEC, rencontrée en marge de la journée. « Il ciblait alors principalement l’algue invasive Caulerpa cylindracea. Aujourd’hui, le réseau Alien concerne toutes les espèces exotiques envahissantes marines apparues en Corse, dont le désormais très médiatisé crabe bleu. »
Cette évolution était devenue indispensable : la Méditerranée est l’un des foyers mondiaux d’introduction d’espèces exotiques, transportées par les eaux de ballast, les coques des navires ou favorisées par le réchauffement climatique. Depuis 2015, le réseau a reçu « des centaines de signalements », consolidés au sein d’une banque de données régionale reconnue au niveau national. « Nous sommes désormais capables de dresser un inventaire complet des espèces exotiques – envahissantes ou non – présentes ou susceptibles d’arriver dans les eaux corses », explique la responsable de l’OEC. Une expertise cruciale pour anticiper les perturbations des écosystèmes littoraux.
« Le réseau Alien date d’il y a dix ans, mais il fait suite à un réseau beaucoup plus ancien, créé en 2003, le réseau Caulerpes », rappelle Nathalie Paoli-Leca, cheffe du service Mer de l’OEC, rencontrée en marge de la journée. « Il ciblait alors principalement l’algue invasive Caulerpa cylindracea. Aujourd’hui, le réseau Alien concerne toutes les espèces exotiques envahissantes marines apparues en Corse, dont le désormais très médiatisé crabe bleu. »
Cette évolution était devenue indispensable : la Méditerranée est l’un des foyers mondiaux d’introduction d’espèces exotiques, transportées par les eaux de ballast, les coques des navires ou favorisées par le réchauffement climatique. Depuis 2015, le réseau a reçu « des centaines de signalements », consolidés au sein d’une banque de données régionale reconnue au niveau national. « Nous sommes désormais capables de dresser un inventaire complet des espèces exotiques – envahissantes ou non – présentes ou susceptibles d’arriver dans les eaux corses », explique la responsable de l’OEC. Une expertise cruciale pour anticiper les perturbations des écosystèmes littoraux.
Un phénomène silencieux qui bouleverse les équilibres
Les exemples ne manquent pas. Outre la taxifolia, qui tapisse les fonds et étouffe la biodiversité locale, la Corse a vu apparaître ces dernières années le poisson-perroquet, le poisson fistule, ou le petit crabe Percnon. Mais c’est bien Callinectes sapidus, le fameux crabe bleu, qui cristallise aujourd’hui l’inquiétude.
« Certains pêcheurs nous disent qu’ils n’ont plus du tout les rendements qu’ils avaient autrefois », témoigne Nathalie Paoli-Leca. « Dans certains secteurs où le crabe bleu s’est massivement implanté, ils ne peuvent même plus pratiquer leur activité. » Derrière la menace écologique, c’est donc une menace économique et sociale qui se dessine. Et les scientifiques présents ce vendredi l’ont rappelé : une fois installées, ces espèces sont quasiment impossibles à éradiquer.
Un anniversaire pour sensibiliser et mobiliser
La journée du Ricanto s’est voulue résolument tournée vers la pédagogie. Après les discours d’ouverture, deux tables rondes ont posé les enjeux : origines des introductions, prévention, bilan des dix ans d’activités et perspectives d’avenir.
S’en sont suivies une série d’animations : présentations interactives pour les scolaires, nettoyage de plage coordonné par Mare Vivu, le CPIE, le Conservatoire du Littoral et les gardes du littoral, balades littorales à la découverte des EEE, atelier “Espèces sous loupe” avec microscopes et fiches pédagogiques, initiations aux rudiments de la plongée avec la Fédération Française des Sports Sous-Marins.
Autour des stands, le public a pu échanger avec la STARESO, l’Université de Corse, des clubs de plongée et des spécialistes de la biodiversité marine. « La population devient plus attentive à ces questions, souligne Nathalie Paoli-Leca. Nos campagnes auprès des scolaires y sont pour beaucoup. On observe aujourd’hui une véritable prise de conscience collective, qui n’existait pas il y a quelques années. »
Une mobilisation appelée à s’amplifier
À l’heure du bilan, le RAC peut se targuer d’avoir posé les fondations d’une surveillance continue et participative, où chacun – du scientifique au simple plongeur amateur – peut contribuer. Mais à l’heure où les changements climatiques accélèrent l’arrivée de nouvelles espèces, le réseau sait que la décennie à venir sera déterminante. « Notre rôle est de détecter tôt, d’alerter vite et de sensibiliser largement », conclut Nathalie Paoli-Leca. « Face à des invasions souvent irréversibles, la prévention reste notre meilleure arme. »
Les exemples ne manquent pas. Outre la taxifolia, qui tapisse les fonds et étouffe la biodiversité locale, la Corse a vu apparaître ces dernières années le poisson-perroquet, le poisson fistule, ou le petit crabe Percnon. Mais c’est bien Callinectes sapidus, le fameux crabe bleu, qui cristallise aujourd’hui l’inquiétude.
« Certains pêcheurs nous disent qu’ils n’ont plus du tout les rendements qu’ils avaient autrefois », témoigne Nathalie Paoli-Leca. « Dans certains secteurs où le crabe bleu s’est massivement implanté, ils ne peuvent même plus pratiquer leur activité. » Derrière la menace écologique, c’est donc une menace économique et sociale qui se dessine. Et les scientifiques présents ce vendredi l’ont rappelé : une fois installées, ces espèces sont quasiment impossibles à éradiquer.
Un anniversaire pour sensibiliser et mobiliser
La journée du Ricanto s’est voulue résolument tournée vers la pédagogie. Après les discours d’ouverture, deux tables rondes ont posé les enjeux : origines des introductions, prévention, bilan des dix ans d’activités et perspectives d’avenir.
S’en sont suivies une série d’animations : présentations interactives pour les scolaires, nettoyage de plage coordonné par Mare Vivu, le CPIE, le Conservatoire du Littoral et les gardes du littoral, balades littorales à la découverte des EEE, atelier “Espèces sous loupe” avec microscopes et fiches pédagogiques, initiations aux rudiments de la plongée avec la Fédération Française des Sports Sous-Marins.
Autour des stands, le public a pu échanger avec la STARESO, l’Université de Corse, des clubs de plongée et des spécialistes de la biodiversité marine. « La population devient plus attentive à ces questions, souligne Nathalie Paoli-Leca. Nos campagnes auprès des scolaires y sont pour beaucoup. On observe aujourd’hui une véritable prise de conscience collective, qui n’existait pas il y a quelques années. »
Une mobilisation appelée à s’amplifier
À l’heure du bilan, le RAC peut se targuer d’avoir posé les fondations d’une surveillance continue et participative, où chacun – du scientifique au simple plongeur amateur – peut contribuer. Mais à l’heure où les changements climatiques accélèrent l’arrivée de nouvelles espèces, le réseau sait que la décennie à venir sera déterminante. « Notre rôle est de détecter tôt, d’alerter vite et de sensibiliser largement », conclut Nathalie Paoli-Leca. « Face à des invasions souvent irréversibles, la prévention reste notre meilleure arme. »