Festivoce 2025 : un festival de créations et d’engagements à Pigna

Written on 07/15/2025
Maria-Serena Volpei-Aliotti

Du 15 au 19 juillet, le village de Pigna accueille une nouvelle édition de Festivoce. Porté par le Centre culturel Voce, le festival mêle créations musicales, rencontres artistiques et transmission, dans une démarche profondément ancrée dans son territoire et attentive à son impact environnemental.

Depuis plus de vingt ans, le village de Pigna, en Balagne, devient chaque été un haut lieu de création vocale et musicale. Organisé par le Centre culturel Voce, le festival Festivoce revient du 15 au 19 juillet avec une édition 2025 placée sous le signe du renouvellement artistique et de la conscience écologique dont le porgramme a été dévoilé lors d’une conférence de presse tenue à l’auditorium. Pour Jérôme Casalonga, directeur artistique de Festivoce et fondateur du centre Voce, le principe reste inchangé : proposer un rendez-vous exigeant, ancré dans le territoire et ouvert aux expérimentations. « Comme chaque année, nous accueillons de nouveaux artistes. Seuls 5 % de la programmation sont des retours. Le reste, c’est du renouvellement », indique-t-il.

Le peintre Louis Schiavo, invité d’honneur de cette édition, présentera une exposition et une conférence visuelle autour de son œuvre. Sur le plan musical, la programmation convoque jazz, polyphonies, musiques improvisées, classiques revisités et créations nées en résidence. Parmi les projets attendus : le quartet d’Émile Parisien, la fanfare des Pouilles Tadjiguina, Canti dal Silenzio de Marcelo Fera, ou encore Giuseppe Verdi Veste Rosa. Autant de propositions qui s’inscrivent dans une traversée méditerranéenne.

Les concerts se dérouleront sur cinq scènes réparties dans le village, de la place centrale à la vaccaghja en passant par la Piazzalò. Chaque espace est choisi pour ses qualités acoustiques et son intégration dans le paysage. « L’objectif est double : valoriser les musiques du monde et mettre en lumière l’écrin qu’est Pigna. Le plus difficile, c’est que les concerts ne se gênent pas entre eux. Il faut de l’espace », confie Jérôme Casalonga.

En matinée, le festival propose une série d’ateliers ouverts à tous : chant, percussions, pratiques vocales et instrumentales, mais aussi activités pour enfants. « Du 16 au 19 juillet, entre 10h et midi, tout le village est en éveil artistique », explique Alba, responsable de la médiation. Une restitution des ateliers enfants est prévue à l’église le 19 juillet à 19h30. « C’est toujours émouvant de voir ce qu’on peut créer en quatre jours », ajoute-t-elle.

Festivoce revendique également une démarche écoresponsable. « Nous avons réduit la taille des formations pour limiter les déplacements. Moins de tournées internationales, davantage de duos, trios, quatuors », souligne Jérôme Casalonga. Cette orientation écologique trouvera écho dans l’éditorial du festival, sous la forme d’une berceuse symbolique : « C’est l’image de quelqu’un qui berce le monde pour qu’il aille mieux ». L’événement s’appuie sur une équipe permanente et une logistique millimétrée. « Cinq scènes, cinq plateaux simultanés, cinq équipes techniques à coordonner. C’est une organisation très pointue. Et sans les bénévoles, rien ne serait possible », insiste le directeur artistique. Le festival représente 15 à 20 % de l’activité annuelle du Centre Voce, « mais c’est toute l’année que se construit ce rendez-vous. Le chemin est plus important que l’arrivée », rappelle-t-il.

En 2025, le lien avec la Catalogne est renforcé grâce au soutien de l’Institut Ramon Llull. Une table ronde consacrée aux langues minorisées et à leur place dans la création artistique se tiendra le 19 juillet. Elle réunira notamment Marie-Pascale Castelli et l’association D’una Riva à l’Altra, engagée dans la construction de passerelles culturelles entre la Corse et la Catalogne.

Accessible, Festivoce reste l’un des festivals les plus ouverts de l’île : 110 € pour le pass cinq jours, 30 € par journée, 15 € par concert, gratuit pour les moins de 10 ans, et tarifs réduits pour les mineurs. Pour Jérôme Casalonga, le festival est d’abord un espace de circulation vivante. « Ce n’est pas un monde parfait que nous cherchons à construire, mais un monde créatif, en mouvement, et qui prend soin de ce qui l’entoure ».