Feux de forêt : en Haute-Corse, un dispositif renforcé pour prévenir une saison à risque

Written on 07/03/2025
MV

La campagne estivale de lutte contre les feux de forêt a été officiellement lancée ce jeudi 3 juillet depuis l’aérodrome de Corte. Face à un risque accru, les autorités misent sur l’anticipation, la coopération interinstitutionnelle et l’innovation technologique, notamment à travers l’expérimentation d’un drone de soutien unique en Europe.

Crédit photo Sdis 2B

En Haute-Corse, 80 % de la surface du territoire est couverte d’une végétation inflammable. Une réalité qui, conjuguée à l’intensification des épisodes de sécheresse, accentue le risque incendie chaque été. Pour y répondre, l’ensemble des partenaires de la lutte contre les feux de forêt a détaillé ce jeudi à Corte les moyens engagés pour la campagne estivale 2025. Aux côtés du préfet Michel Prosic et du président du Sis2B Hyacinthe Vanni, les différents intervenants ont insisté sur « l’importance de l’anticipation, de la coopération interinstitutionnelle et de l’adaptation permanente du dispositif ».

L’an dernier, 285 départs de feu ont été recensés dans le département, dont 107 sur la seule période estivale, pour un total de 587 hectares parcourus par les flammes. Si ces chiffres restent contenus à l’échelle de l’île, c’est en grande partie grâce à un « travail partenarial constant », souligne la préfecture.

680 agents mobilisables, un renfort européen, un réseau consolidé
En 2025, près de 680 agents seront mobilisables en Haute-Corse tout au long de l’été : 168 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du SIS 2B, répartis sur 20 centres d’intervention, sont renforcés par 261 sapeurs-sauveteurs de l’Unité d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile n°5 (UIISC 5), installés à Corte, Calenzana, L’Île-Rousse et Saint-Florent. S’ajoutent les forestiers-sapeurs, avec 1 354 patrouilles prévues, les patrouilles de l’Office national des forêts (ONF), ainsi que les réservistes communaux de la sécurité civile, mobilisés dans sept communes pour un total de plus de 840 heures de surveillance. 

Les forces de sécurité et l’armée contribuent également au dispositif. Le groupement de gendarmerie départementale déploie des patrouilles, parfois à cheval, dans les zones sensibles. Le 2e Régiment étranger de parachutistes (REP) assure une présence sur le terrain via un module adapté de surveillance (MAS) composé de huit militaires et de véhicules tout-terrain. 

Ce dispositif terrestre est complété par des moyens aériens prépositionnés : deux Canadair stationnés à Ajaccio, deux hélicoptères bombardiers d’eau lourds à Corte, et deux pélicandromes à Bastia et Calvi. L’ensemble peut être renforcé, en cas de besoin, par des renforts nationaux déployés sous 24 heures. 

Enfin, la Haute-Corse bénéficie cette année encore du mécanisme européen de solidarité : un détachement de pompiers grecs a été affecté à la surveillance et à la lutte, dans le cadre d’un partenariat activé par l’Union européenne. 

Mais la principale nouveauté cette année reste l’expérimentation d’un drone lourd. Fruit d’un partenariat entre le Sis2B et l’Université de Corse, il s’agit d’un prototype d’une tonne capable de transporter de l’eau ou du matériel en soutien aux troupes au sol. Financé par le programme européen Interreg Marittimo, cet engin unique en Europe peut déjà effectuer de petits largages (200 litres) ou des livraisons ciblées. À terme, la version finale, attendue pour 2026, pourra emporter jusqu’à 600 litres d’eau et voler 20 minutes en autonomie. 




Le pari de la prévention et du soutien aux territoires
La Haute-Corse mise aussi sur la prévention active. À Murato, Oletta, Poggio d’Oletta ou encore Corscia, les communes ont engagé des chantiers de débroussaillage, la création de pistes ou l’achat de matériel pour renforcer leur autonomie opérationnelle. L’État a cofinancé plusieurs camions citernes, dont deux de 13 000 litres livrés cette année au Sis2B, pour un montant de 2,38 millions d’euros, financés à 71 %.

Le préfet de Haute-Corse a salué une « mobilisation exemplaire » fondée sur l’anticipation, la coordination et l’adaptation locale : « Le risque incendie est désormais structurel. La réponse doit être collective, agile et soutenue sur le long terme. »

Crédit photo Sdis 2B