Pas de petits dauphins, mais des pêcheurs à l'affiche des dix ans de Festi Lumi à Bonifacio

Written on 07/02/2025
Julien Castelli

Dix ans déjà que Bonifacio s’illumine début juillet, et c’est toujours un enchantement pour les yeux, gratuit qui plus est. Pour cette édition anniversaire, une vingtaine d’artistes vont encore tenter de réinventer la ville-phare de l’Extrême-Sud de la Corse, qui s’éclairera en douze endroits, du jeudi 3 au samedi 5 juillet, la nuit tombée et jusqu’à une heure du matin. Et après les confréries l’an dernier, ce sont les pêcheurs bonifaciens qui bénéficieront cette année d’un bon coup de video-mapping.

En 2013, Jean-Charles Orsucci achève son premier mandat de maire et une idée… lumineuse, façonnée par la sensation d’un manque, émerge alors : « On voulait un grand festival à Bonifacio. On le voulait le plus populaire possible, ouvert à tous, accessibles aux gens de chez nous comme à ceux de l’extérieur », se souvient le maire bonifacien, qui revendique l’idée, tout en y associant Nicole Serra, son ancienne 1re adjointe décédée en 2021, et Marie-Hélène Costa, la créatrice des débuts. C’est ainsi que naît en 2016, la première édition de Festi Lumi, qui rassembla 1 800 spectateurs sur les trois jours de l’événement. La recette évoluera assez peu finalement, mais son pouvoir d’attractivité, oui : ils étaient 11 000 à être venus prendre leur rasade de féérie l’an dernier. « On est arrivé à susciter cet effet « waouh » qui fait que ça marche, s’en félicite Jean-Charles Orsucci. Les gens viennent de toute la Corse. »

Bonifacio n’a pourtant jamais vraiment eu besoin de le susciter, cet effet « waouh », tant ses beautés naturelles et patrimoniales se suffisent à elles-mêmes. Mais la verve créatrice aussi à son mot à dire et rien ne l’interdit de revisiter le patrimoine civil, religieux et militaire de la ville. Soufflant ses dix bougies, Festi Lumi « revient avec un programme entièrement repensé, riche de propositions inédites, promet le dossier de presse. Tout en conservant l’ADN qui a fait son succès : un subtil équilibre entre expériences monumentales et expériences plus intimistes, entre technologies immersives et récits sensibles ». 

Thème de cette année : la pêche à Bonifacio
A l’instar des précédentes éditions, c’est l’Agencelumière qui s’est vu confier la direction artistique de l’événement. « Plus de 200 artistes ont répondu cette année à l’appel à projets », indique son responsable, Régis Clouzet, qui a dû veiller, comme chaque année, à ce que les projets proposés respectent l’atmosphère autant que le patrimoine bonifaciens. Or, les clichés ont la dent dure : « On reçoit beaucoup de propositions de petits dauphins, sur musique d’Eric Serra du  Grand Bleu… Ca, je dis stop ! », prévient le directeur artistique. Car s’il arrive bien à quelques dauphins de pointer une nageoire dans les Bouches de Bonifacio, l’identité de la ville s’est évidemment construite autrement, à travers son bastion, ses monuments classés, sa falaise de calcaire, ses citernes, mais aussi ses confréries et ses pêcheurs. L’an dernier, ce sont justement les confréries bonifaciennes qui avaient été mises à l’honneur lors des mappings, et cette année, place aux pêcheurs et à leur savoir-faire. « Ils sont encore une vingtaine en activité à Bonifacio, constate le maire. Et nous avons tous ici un lien très fort avec la mer, que ce soit les marinaggi, mais les gofetti aussi », assure Jean-Charles Orsucci, mettant dans un même panier (de pêche) Bonifaciens de la marine et de la citadelle. Remettre en lumière le patrimoine historique et humain de Bonifacio, le maire y tient beaucoup : "Quand un Bonifacien entend quelqu'un raconter son histoire, son vécu, évoquant son grand-père portant une croix ou tirant un filet de pêche, c'est pour lui un vrai motif de fierté."

Cheminement laser
D’en bas, mais surtout d’en haut, les spectateurs pourront voir Bonifacio se parer de lumière. Au programme, « une projection laser monumentale embrassera l’ensemble de la citadelle ; un spectacle vivant et vidéo animera les esplanades du Bastion et de la place d’Armes ; une aurore boréale virtuelle et poétique prendra forme, place Carrega ; une structure 3D cinétique sera suspendue sous la Halle de l’Arsenal ; un mapping grandiose et spectaculaire embrasera le quartier pisan ; une mise en lumière du patrimoine religieux s’affichera tout en sobriété et élégance », annonce la municipalité dans le dossier de presse, qui promet « un voyage sensible, immersif et spectaculaire » tout au long des trois soirs de cette édition anniversaire. 

Nouveauté : le parcours laser « Intra Lux », proposé par l’artiste Sébastien Kottelat. Plutôt que des flèches ou des panneaux, les visiteurs pourront se laisser guider par un mince filet de lumière laser, qui serpentera le long du parcours, épousant les courbes de la ville et débouchant sur les différentes installations artistiques.


10e édition de Festi Lumi, du jeudi 3 au samedi 5 juillet à Bonifacio, de la tombée de la nuit jusqu’à 1 heure du matin. La programmation et le détail des œuvres sont à retrouver sur le site festilumi.fr