Chaque été, dauphins, globicéphales et parfois baleines croisent la route des embarcations de plaisance en Méditerranée. Autour de la Corse, ces cétacés s’adaptent tant bien que mal à la présence humaine. Bruit, approche en mer, échouages : quelques précautions suffisent à limiter les dérangements.
Chaque été, dauphins, globicéphales et parfois baleines croisent la route des embarcations de plaisance en Méditerranée. Très présents autour de la Corse, ces mammifères marins savent s’adapter, mais leur équilibre reste fragile. Bruit, approche en mer, échouages : tour d’horizon des bons réflexes à adopter pour les observer sans les déranger.
Avec l’arrivée des beaux jours, les embarcations de plaisance reprennent d’assaut les eaux méditerranéennes. Bateaux à moteur, jet-skis, paddles : la saison touristique bat son plein en mer comme sur terre. Au détour d’une sortie en mer, il est possible d’apercevoir certains mammifères marins, très présents en Corse. Selon Cathy Cesarini, présidente de l’association Cari (cétacés association recherche insulaire), “il y a une dizaine d’espèces de cétacés autour de l’île”. Si le plus étudié reste le grand dauphin, un “être côtier et assez fidèle à l’endroit où il est né”, avec une population estimée entre 200 et 250 individus autour de la Corse, d’autres cétacés peuvent être aperçus plus au large, comme “des cachalots, des dauphins bleus et blancs, des globicéphales ou encore des baleines”.
Des rencontres qui posent une question essentielle : comment éviter de perturber les animaux marins ? Si les cétacés s’adaptent à leur environnement, Cathy Cesarini indique que leur équilibre reste fragile. “Les cétacés sont des êtres acoustiques, le son est très important pour eux”, explique-t-elle. “Mais ils ne sont pas idiots. S’il y a du bruit, ils s’en vont.” Contrairement à certaines idées reçues, les activités nautiques ne perturbent pas systématiquement les cétacés. “Le souci, c’est quand il s’agit d’une zone poissonneuse, de mise bas ou d’éducation des jeunes. Ça peut poser problème si l’écosystème dont ils dépendent pour vivre ne s’adapte pas. Par exemple, si les poissons fuient le bruit, mais se déplacent dans une zone différente de celle des cétacés, c’est plus dérangeant”, déplore Cathy Cesarini.
Sous l’eau, le bruit se propage cinq fois plus vite que dans l’air. Une donnée physique qui peut compliquer la vie des cétacés s’ils ne trouvent plus de nourriture, d’autant que les règles de protection ne sont pas les mêmes selon les zones. “On est très rapidement dans les eaux internationales”, souligne Cathy Cesarini. “C’est la même problématique que pour la pêche : la réglementation change très rapidement puisqu'on n'est plus en France, et c’est impossible de limiter le bruit. Même dans les parcs marins, il n’y a pas assez de gardes pour couvrir toutes les zones.” Une fragilité qui rend d’autant plus important le rôle des plaisanciers dans le respect des bonnes pratiques.
Adopter les bons réflexes en mer
Pour limiter les dérangements, quelques règles simples, inscrites dans la charte du sanctuaire Pelagos, un espace marin protégé entre la France, l’Italie et Monaco, peuvent faire toute la différence. “Ce sont des espèces protégées”, rappelle Cathy Cesarini. “Il y a un protocole à respecter.” En mer, il est impératif de rester à au moins 100 mètres de tout cétacé observé. “Si par hasard l’animal vient à vous, alors il faut couper le moteur, ce que ne font malheureusement pas les plaisanciers”, déplore Cathy Cesarini.
Que faire en cas d’échouage sur la plage ?
Si la scène est rare, il a pourtant déjà été possible d'observer un cétacé échoué sur les plages corses. Face à une telle situation, Cathy Cesarini évoque deux possibilités. “S’il est échoué vivant, c’est qu’il est mourant, même si les gens ne veulent pas l’entendre. Dans ce cas-là, on ne le touche surtout pas, parce que c’est un mammifère et qu’il a peut-être une maladie qui peut être transmissible à l’homme. Il peut aussi mettre un coup de queue, avec une force qui peut casser un membre, parce que ça reste un animal sauvage de plus de 300 kilogrammes. Il faut simplement nous prévenir.”
Dans le cas d’un cétacé échoué mort sur une plage, la présidente de l’association Cari conseille, là aussi, de ne pas s’approcher. “Les cétacés meurent pour un tas de raisons, même de vieillesse ou d’une maladie, mais on ne touche pas à un animal mort. Ça peut paraître bête, mais j’ai déjà vu des prénoms inscrits au couteau sur la peau d’un cétacé, ou des enfants assis sur une baleine morte pour que les parents prennent des photos de souvenirs de vacances. On peut regarder, mais il faut absolument prévenir le CROSS MED, les pompiers, les gendarmes ou la commune, parce qu’on va ensuite faire des prélèvements sur le cétacé, et éventuellement une autopsie pour déterminer la cause de la mort.”
Pendant plus de vingt ans, Cathy Cesarini est intervenue dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes à la préservation des cétacés. Aujourd’hui, l’association Cari mise sur d’autres canaux pour faire passer ses messages. “On a une page Facebook, où on publie toutes les semaines, toute l’année, pour expliquer ce qu’il se passe en mer, ce qu’il faut faire, ce qu’il faut éviter. La clé, c’est la communication. Il faut apprendre à respecter, surtout quand on ne sait pas.”